Algérie - A la une


Comptes de campagne
Le Conseil constitutionnel a publié cette semaine un communiqué dans lequel il invite les candidats à l'élection présidentielle d'avril dernier à communiquer à l'institution leurs comptes de dépenses de la campagne électorale. Légalement, la loi électorale fixe le seuil de ces dépenses pour le premier tour à hauteur de 60 millions de dinars. Les cinq candidats en lice pour ce scrutin ? Bouteflika, Benflis, Louisa Hanoune, Fawzi Rebaïne et Abdelaziz Belaïd ? se sont engagés dans la bataille électorale avec des moyens qui varient substantiellement de l'un à l'autre.Cette iniquité dans les moyens mobilisés se reflétait d'ailleurs dans le faste de la campagne surdimensionnée menée par le candidat du pouvoir, Abdelaziz Bouteflika, suivi de très loin par Benflis. La visibilité des autres candidats n'avait été rendue possible qu'avec leur passage à la télévision et à la radio. Durant cette campagne, les Algériens auront relevé cette débauche sans limite de moyens, cette mobilisation effrénée de contributeurs qui se bousculaient au portillon pour financer la campagne de Bouteflika en argent frais et en moyens logistiques.Le Conseil constitutionnel va-t-il prendre en compte toutes ces notes de frais de transport (par avion et déplacements terrestres), d'hébergement et de restauration des animateurs de la campagne du président-candidat qui ont sillonné le pays ' Leurs déplacements à l'étranger pour courtiser notre communauté à l'étranger ' Toutes ces affiches géantes qui tapissaient les murs de nos villes et villages même les plus reculés ' Les frais de tous ces soutiens que l'on avait déplacés par centaines, voire par milliers en provenance de toutes les wilayas du pays pour faire le plein des meetings d'Alger voulus par le staff de campagne de Bouteflika comme des démonstrations de force 'Et tout cet argent qui a servi au racolage des jeunes pour assister et chauffer les salles lors des meetings ' Les fonds levés par le Forum des chefs d'entreprises (FCE) qui a soutenu Bouteflika seront-ils consignés dans le livre des dépenses ' Ce n'est pas avec la maigre cagnotte autorisée par la loi qu'une campagne aussi dispendieuse aurait été possible ! Une comptabilité sommaire de toutes ces dépenses, puisées pour une bonne part du budget de l'Etat par des moyens détournés, et d'autres qui ne figureront dans aucun registre montrent clairement que le plafond des dépenses de campagne autorisées par la loi a été allégrement dépassé par Bouteflika. Mais pas seulement par lui.D'autres candidats, quoique dans une bien moindre mesure, ont fait eux aussi peu cas du respect de cette disposition légale relative au financement de la campagne électorale. Le Conseil constitutionnel qui a tout vu et tout entendu durant cette campagne électorale concernant l'argent qui a coulé à flots, au-delà de ce qu'autorise la loi, va sans nul doute valider sans sourciller tous les comptes de campagne des candidats, à commencer par celui de Bouteflika.Personne ne pourra croire un seul instant que le Conseil constitutionnel, qui a validé la candidature à l'élection présidentielle de Bouteflika dans des conditions contestées par de larges pans de la société eu égard à sa maladie, va rejeter ses comptes de campagne. Pour une poignée d'euros, l'ancien président français Nicolas Sarkozy a été épinglé pour dépassement de ses comptes de campagne.





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