Comprendre les questions d'abord !

«De qui veut-on se moquer '» C'est la question du jour qui fut posée, hier matin, dans un café populaire par trois jeunes qui lisaient une édition du jour. Une tasse de café et un coup d'énervement mené en direction de la Ligue de football.
La mort était au centre du terrain, elle n'a pas voulu frapper et voilà que nos cadres gestionnaires sanctionnent le club par un «sympathique» huis clos. «C'est se moquer de son monde», s'est écrié un autre qui a préféré se taire que de poursuivre sa discussion. Du fond de la salle, un autre se lève et accuse la FAF, la LNF, les services de sécurité de la wilaya, les autorités d'une manière générale pour n'avoir rien fait «qui étaient ces joueurs ' Algériens comme nous tous ! Même un club étranger ne mériterait jamais un tel accueil, ce n'est pourtant pas de notre culture». Et voilà, c'est tout le café qui passe d'une réaction à un débat sur la violence. Ce fut presque une campagne qui est déclenchée ' On a même mêlé sport et élection. Bizarre, réagissait un vieux qui sirotait son café avant d'allumer sa cigarette. «Il ne reste ya lkhaoua qu'à oublier ce football et surtout à éviter de se déplacer dans nos wilayas' La sanction misérable n'est en fait qu'un signe d'encouragement et d'ailleurs pour reprendre cette citation de Gilbert Cesbron, cet écrivain français qui disait : «Et si c'était cela, perdre sa vie : se poser les questions essentielles juste un peu trop tard '» Après cet étripage de Saïda, on ne cherche pas à connaître les réponses mais à comprendre les questions parce qu'obtenir des réponses à toutes nos interrogations, c'est chose impossible ! Mais rien n'empêche de se poser des questions, bien au contraire' Le point d'interrogation est à l'honneur ! Et le restera encore tant que les instances de football ne quittent pas cet espace de sanctions molles pour s'imposer ou faire imposer la discipline, dans le cas contraire, laisser l'espace à ceux qui ont l'initiative avant que notre football plonge dans le coma profond. L'exemple aurait, comme le soulignait un jeune étudiant en journalisme, été de faire rétrograder le MC Saïda, le bloquer durant deux à trois saisons avec l'impossibilité de participer à des compétions officielles' Une pareille sanction concernerait tous les autres clubs qui seraient derrière de pareilles massacres. En effet, le huis clos et l'amande n'étaient pas attendus par les jeunes, par les supporters de la balle ronde. Cette réaction est favorable, voire elle encourage les voyous à aller briser leurs clubs et remorquer ce football vers une fourrière qui n'a pas de nom. Aujourd'hui, les autorités de la wilaya gagneraient à livrer leur version et expliquer à la nation toute entière, ce qui s'est réellement passé. Voilà ce qui rentrerait dans le cadre d'une information transparente. Aristote distingue bien le cri, la voix de la bête et la parole articulée de l'homme. La violence s'annonce comme une régression de l'humain vers l'inhumain : «J'en perds mon latin tellement je suis énervé et je ne parviens plus à construire quoi que ce soit, dans l'insulte, je nie l'autre comme homme en le traitant de tous les noms, en lui accordant des «noms d'oiseaux» et je me nie aussi comme être de raison capable de construire des discours sensés. Dans la colère qui est une é-motion qui me met «hors de moi», je mets l'autre hors de l'humanité elle-même en le considérant comme autre, comme indigne même de recevoir un discours sensé et d'y répondre par des raisons. La raison est ce que nous partageons et constitue un terrain d'échanges (de raisons) : la violence nous fait quitter ce terrain : un cri, voire un coup n'est pas une raison mais un acte qu'on peut et qui doit être jugé, selon la raison, selon son autre'», disait-il enfin. L'existence de violences préméditées comme ce fut le cas, malheureusement à Saïda (crimes parfaits'), semble affirmer un lien entre violence et raison, calcul, combinaisons dont la raison est capable. Si la violence est rationnelle, ne pourrait-elle pas être raisonnable, solution à certains problèmes ' La sanction pure et dure, elle seule, pourra mettre fin à ce cycle infernale. Les instances, elles aussi, doivent expliquer pourquoi ce niveau de sanction ' Il faut attendre calmement la réunion de jeudi de la commission de discipline pour voir ce que «le conseil de la LFP qui a le pouvoir de prendre des sanctions à l'encontre du club fautif fera, si les rapports déterminent avec exactitude les responsabilités de telle ou telle autre partie, et ce, nonobstant les sanctions de la commission de discipline de la LFP», aurait soufflé un membre de la CD à l'un de nos confrère. Pourquoi faut-il encore d'autres preuves ' La seule action à mener est de rendre hommage à la majorité de la population de cette agréable région pour son sens de d'hospitalité connu. Cette population qui condamne aujourd'hui avec force ce qui s'est passé sur son terrain.