Algérie

Communication spectacle



A une résonance d?argent dans un tiroir-caisse : voilà à quoi est réduite la communication sous l?aiguillon du capitalisme régénéré, ailleurs par le monde, et, petit à petit, chez nous aussi. Tenez, cette semaine, la tendance a été imprimée dans une large masse de journaux en success story dédiée à l?un de nos deux gros opérateurs privés de téléphonie mobile. L?investissement étranger dans cette activité est juteux de rentabilité, sécurisé et d?avenir. Il est aussi visible et audible par ses spots et pages de pub franchement déclarée. Férocement concurrentielle à Algérie télécom, cette pénétration étrangère est inversement proportionnelle à ses capacités de génération de l?emploi. Elle est aussi un miroir aux alouettes en matière d?ancrage réel du pays dans l?ère de la « société de l?information », dont on parle tant, parce que le réseau du téléphone fixe, nettement moins rentable, est laissé en jachère de l?opérateur public. Ce qui est frappant dans le raz-de-marée de publireportages camouflés de ces jours-ci, c?est sa charge en connivence naturelle pour passer la démarche de promotion en papiers rédactionnels divers. Ainsi à partir d?un jeu - « Qui veut gagner des millions ? » -, on a fabriqué le récit d?articles brodés sur un miraculé élu « jeune chômeur qui passe ses journées à la recherche d?un boulot jusqu?à s?user les semelles » et sorti de l?ornière parce qu?il a acheté une carte de recharge. De mêmes phrases du récit se retrouvant, sans guillemets, à travers les publications. Synchrone à cela est l?annonce, y compris en tiraille de une, d?un « événement national » de premier ordre : quatre caravanes commerciales de la firme partent pour une centaine de jours à travers 26 wilayas. Un quotidien du secteur public y allant, lui, de son papier de « ventre », comme on dit dans le jargon du métier, en sa page 24, intitulé « le leader du marché GSM en route pour l?Algérie profonde ». En oxygène, avant embrigadement en caravane, il est bon de (re) lire un vigoureux texte de Claude Julien (Le Monde diplomatique, juin 2005) sur les tentations qui guettent le journalisme. « Sceptique, écrit-il, plutôt que de se joindre au ch?ur des laudateurs. Irrévérencieux, pour ne pas participer au vaste concours de complaisances. Lorsque cette tâche devient ou paraît trop lourde, certains choisissent alors le confort tranquille, les illusoires facilités et les vaines satisfactions que procurent les antichambres du pouvoir, des pouvoirs. »



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