Algérie

Commentaire




Khalifa, le fruit d’une transition mal négociée? L’affaire Khalifa a été rendue possible par le fait que le processus de transition n’est pas terminé ou bien qu’il a été mal négocié du fait que s’est effondré un pan entier du dispositif de contrôle sur le fonctionnement du système financier. Une telle monstruosité dans la gestion des affaires afférentes aux dépôts des particuliers et des organismes publics dans une banque privée agréée par l’Etat montre assez bien que le processus de transition n’est pas encore achevé ou qu’il ne serait pas réellement mis sur rails, ce qui revient à dire qu’il n’a pas procédé d’un processus de transaction mais imposé sans concertation. Selon que la personnalité interrogée se trouve proche du pouvoir ou éloignée, il est évident que nous n’obtiendrons pas la même réponse à la question de savoir si nous sommes encore ou non dans un processus de transition. S’il peut être admis, selon la position occupée dans l’échiquier politique, que la phase politique de la transition soit déclarée achevée ou inachevée, rien qu’au regard du fait que le processus électoral a repris son cours normal, en terme de rapprochement des urnes, c’est-à-dire que l’édifice institutionnel est reconstruit, compte tenu que leur légitimité est renouvelée, pourrait-il en être de même pour ce qui concerne la phase économique? Il est bien évident que du point de vue de l’opposition, la question se pose vraiment de savoir si nous sommes encore dans une trajectoire réelle menant vers une double transition à la fois vers l’économie libérale et le multipartisme puisque nous ne serions ni dans une réelle économie de marché ni dans une réelle démocratie, ni dans un réel Etat de droit puisque tous les présidents successifs et ce, jusqu’à aujourd’hui, parlent encore de la nécessité de construire un Etat de droit. Toujours selon l’opposition et même selon également le parti MSP intégré pourtant au pouvoir, le fait même que l’état d’urgence demeure instauré à ce jour est une entrave à l’explication officielle qui tend à faire accréditer la thèse selon laquelle la démocratie est une réalité compte tenu que l’état d’urgence n’est pas suspensif du processus de démocratisation. Durant les premières années de la décennie 90, il a été expliqué que la démocratie serait réelle à l’achèvement de la construction de l’édifice institutionnel, c’est-à-dire à la reprise du processus électoral qui donnera une légitimité aux institutions élues. Aujourd’hui, l’objectif de la reprise du processus électoral est atteint, selon les aspirations du pouvoir, bien sûr, et même que celui-ci commence réellement à s’inscrire dans la tradition bien qu’il s’en trouve pour dire qu’en réalité, le champ politique dans son étendue restrictive et dans son fonctionnement à respiration minimale, au bord de l’asphyxie, ne correspond pas tout à fait à une situation de démocratie et il en est de même pour le champ syndical et de la même façon, le champ économique ne correspond pas à celui dans lequel s’exerce réellement la concurrence. On peut même dire que le champ économique est assez gravement miné au regard de l’ampleur des déviations enregistrées dans l’affaire Khalifa et ce, pour ce qui est inquiétant pour l’avenir, d’autant qu’en seraient concernées des centaines de cadres et même de très hauts cadres. La question se pose ainsi de savoir comment sont choisis ces cadres et sur quels critères précis? On se rappelle que le pouvoir, durant les premières années de la décennie 90, ne cessait pas d’affirmer que la transition se terminerait avec la reprise du processus électoral qui conférerait la légitimité aux institutions. Pourrait-on admettre que la transition passe maintenant des institutions aux comportements et aux mentalités et qu’est révolue la période de l’impunité au regard des ambitions portées par le procès Khalifa et des attentes populaires que les magistrats ne devraient pas décevoir? Quand on voit qu’au sein des démocraties dont on dit qu’elles sont avancées, les personnalités politiques adverses s’accusent de ne pas respecter le jeu démocratique, il est alors bien sûr évident que la démocratie idéale demeure éternellement à l’état de projet, mais cela n’empêche pas le respect consensuel de certaines règles du jeu politique, un jeu qui ne doit pas être fermé ni à l’avantage exclusif de ceux qui en ont les cartes en main, au point où, à l’avance, les vainqueurs ainsi que les vaincus sont identifiés.

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