Algérie

Commentaire



Qui doit siffler les hors-jeu ? Y a-t-il réellement en Algérie des religieux qui ont pris en otage la politique? Il y a certainement des politiques qui ont pris en otage la religion et des politiques qui ne se privent pas de faire souvent des citations du Coran et des hadiths pour appuyer leurs discours et qui sont contre les prises en otage de la religion alors qu’eux ne s’en privent pas pour apparaître plus respectueux que d’autres de la morale véhiculée par la religion. De vrais religieux ne chercheraient pas à se corrompre par l’investissement dans la politique. Qu’y a-t-il de changé maintenant? Des partis dont on dit qu’ils sont islamistes, l’un arrimé au pouvoir et l’autre à l’opposition, ne ratent pas l’occasion de se différencier des autres partis par leur constante référence à la religion. Ils apparaissent comme s’ils craignaient de perdre une telle identité, alors que celle-ci constitue leur créneau fondamental d’investissement politique, car, pensent-ils, lorsqu’ils s’appuient sur la religion, ils sont dispensés de s’échiner sur les vraies solutions à apporter au développement, à l’emploi, à la question du logement. C’est cette politique menée depuis des décennies qui avait créé les conditions pour que d’autres tentent de leur ravir les mosquées et de conquérir le pouvoir par des élections. Dans tous les cas, ce sont des politiques qui tentent de s’approprier la religion pour l’instrumenter en leur faveur. Aujourd’hui, tous les observateurs s’accordent à reconnaître que la lutte pour l’exercice du monopole sur la religion a généré les conditions qui ont mené vers la tragédie. A travers la charte, le pouvoir ou plutôt les rédacteurs de celle-ci ont situé la donnée du problème, à savoir que l’instrumentalisation de la religion est la cause de la tragédie (ou une de ses causes), mais ont bien pris soin de préciser qu’il sera fait interdiction d’un retour à la politique à ceux qui avaient instrumenté la religion et qui sont la cause de la tragédie nationale. Cette précision supplémentaire serait destinée à éviter d’étendre cette interdiction aux partis dont on dit qu’ils sont des partis islamistes et qui activent légalement dans le champ politique. Quelle serait la différence entre s’appuyer sur la religion et instrumenter la religion et quelle institution serait habilitée à siffler le «hors jeu» et en fonction de quels critères? La principale difficulté réside dans le fait que ne peut pas être interdit le recours aux hadiths ou à des citations de parties de versets du Saint Coran pour appuyer une argumentation politique puisque, depuis l’indépendance nationale, les «politiques» ont pris l’habitude d’introduire des références religieuses dans leurs discours et plus particulièrement quand il s’agit de meetings. Il devrait donc s’agir de siffler les «hors jeu» à l’encontre de ceux qui mélangent politique et religion. Il serait, peut-être, opportun dans ces conditions d’envisager la création d’un comité d’éthique scientifique chargé de rappeler à l’ordre tout acteur politique qui s’éloignerait de la rationalité.



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