Algérie - Revue de Presse

Comment sursauter un sursaut




C?est donc fait. 40 ans après le 19 juin, le 19 juin n?est plus une fête nationale, journée payée et chômée pour l?ensemble des travailleurs et travailleuses algériens. A première vue, il n?y a pas de quoi en faire une histoire même si elle a duré près d?un demi-siècle et s?est diluée dans un système de renouvellement automatique par tacite reconduction. Cette suppression de date n?est qu?un échange de bons procédés, c?est-à-dire une participation active à l?amnistie en cours, sous la forme d?un poste de président de commission de l?amnistie, contre un effacement de la dette historique du 19 juin contractée par l?ancien président de la République algérienne. A deuxième vue, par contre, ce procédé de révision du calendrier pose un problème : si l?absurdité de fêter un coup d?Etat militaire dans un pays qui aspire à la démocratie civile est évidente, la question se pose dans ces termes : le jour où le Président aura vraiment besoin des Kabyles, leur offrira-t-il le 20 avril comme journée fériée ? Le jour où le Président aura vraiment besoin des patrons, supprimera-t-il le 1er Mai ? Puisque la réfection des calendriers ne se fait pas sur des symboles historiques communs, mais sur la base de remerciements mutuels d?individus (de collègues présidents dans ce cas précis), le 19 Juin serait donc encore férié, chômé et payé, si Ahmed Ben Bella n?avait pas voté Abdelaziz Bouteflika aux dernières élections, s?était impliqué politiquement contre l?amnistie générale et avait participé à une émeute pour le gaz. Dans tous les cas, alors que les Algériens d?essence apolitique sont déjà tristes de devoir travailler une journée de plus dans l?année, Ahmed Ben Bella peut être heureux. Les 40 ans 19 juin qu?il a passés dans la déprime (c?est le seul qui travaillait ce jour-là) sont les derniers. Ahmed Ben Bella est officiellement amnistié. Sur le calendrier.

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