Le président Bouteflika, soulignant la gravité de la crise économique, invite le gouvernement à sensibiliser les Algériens. Mais avec un Exécutif aussi plombé, le pari paraît difficile.Le Conseil des ministres, qui s'est tenu mardi, marque un palier supérieur dans la perception du niveau de la crise économique dans laquelle le pays est en train de s'enfoncer inexorablement. Et quand c'est le président de la République en personne qui parle de crise et de son caractère imprévisible, le constat prend fatalement une résonance plus grave. Du coup, l'optimisme de façade que Sellal s'échine à afficher tombe en ruine.Il y a dans les propos tenus mardi par le président Bouteflika, en Conseil des ministres, une manifestation patente de l'inquiétude au sommet de l'Etat, quant à l'impact que cette crise pourrait avoir sur les citoyens, appelés à se serrer la ceinture, après avoir vécu pendant plus de quinze ans dans une bulle pétrolière. Raison pour laquelle le chef de l'Etat recommande aux pouvoirs publics d'"expliquer davantage à la population la gravité de la conjoncture financière que traverse notre pays, ainsi que le caractère unique au monde de nos dépenses publiques d'investissements et de nos transferts sociaux". Le gouvernement sera donc en appel pour vendre l'austérité aux Algériens en faisant un travail de pédagogie sur le terrain. Car, dans l'esprit du président Bouteflika, "c'est grâce à une parfaite compréhension de la situation que notre peuple adhérera aux efforts nécessaires pour préserver l'indépendance de décision économique du pays, laquelle est indispensable à la poursuite d'une politique conforme à nos valeurs de justice sociale réelle et de solidarité nationale effective". Toute la question est de savoir si les Algériens sont prêts à entendre le discours sur l'austérité.Un pari difficile, car il est aussi difficile pour les citoyens, travaillés au corps pendant des années avec des formules populistes, genre "l'Algérie a de l'argent", de se brosser le ventre. Et c'est encore plus compliqué pour un gouvernement, l'actuel en l'occurrence, en raison de son déficit de légitimité. Quand des ministres traînent de lourdes casseroles, certains représentant des figures emblématiques de la corruption, d'autres soupçonnés de défendre les intérêts des pays étrangers (dixit Mme Louisa Hanoune), aller prêcher aux Algériens les vertus de l'austérité n'est pas sans risque. "Qui prône la misère récolte la colère", dit le proverbe. C'est pourquoi l'idée d'un "gouvernement de salut national", développée par le professeur Aktouf dans un récent entretien à Liberté, représente aujourd'hui une piste de travail qui va dans le sens de l'histoire. En effet, un gouvernement composé de personnalités ayant la compétence technique, la légitimité politique et, surtout, non mêlés aux turpitudes dans la gestion des affaires publiques a plus de chance d'être écouté par les Algériens. Et encore ! Parce qu'en faisant un détour par Facebook, on a plus ou moins la température de l'opinion qui n'est pas disposée à accepter des sacrifices. "Ils ont volé des milliards, ils n'ont qu'à les rendre", assène un internaute, alors qu'un autre s'en prend à l'ex-puissant ministre de l'Energie dont la tête est réclamée. Avec la défiance qui existe actuellement entre les citoyens, le gouvernement et l'institution publique, de façon générale, même la toute récente trouvaille d'Amar Saâdani de former un nouveau front pour "soutenir le programme du Président" apparaît d'emblée comme un acte manqué, tant elle semble répondre à des impératifs de positionnement politique.C'est dire que la balle est dans le camp du président de la République qui doit prendre des initiatives fortes en acceptant des compromis politiques dictés par la gravité de la crise dont il semble avoir pris toute la mesure lors du Conseil des ministres. À la lumière de la situation actuelle, même son chantier de révision constitutionnelle a perdu tout à la fois sa pertinence et son opportunité. Il y a plus urgent : comment gérer la crise et avec qui 'O. O.
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Posté Le : 08/10/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Omar Ouali
Source : www.liberte-algerie.com