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Comment déverrouiller les portes de ce maudit container '



Comment déverrouiller les portes de ce maudit container '
Armand Vial, photographe professionnel, laisse de côté son argentique, qu'il affectionne tant, et se consacre à l'écriture. Plus exactement à l'écriture de nouvelles. « La Céleste et le container » est son recueil de cinq nouvelles publié, récemment, chez l'Harmattan. Ecrit à la troisième personne, le « Il » c'est le photographe, l'enfant de Constantine, le « gaouri », ou le simple passant qui se promène dans les rues de la ville (de préférence la vieille ville), y croise des gens, des étudiants, une SDF, un ancien émigré etc. Tel un journaliste-reporter (photographe ou correspondant) qui cherche à comprendre cette ville, ses codes, ses m?urs, son quotidien. A travers ses mots, Vial raconte aussi ses déboires, son cauchemar durant trois ans. Lui qui s'installe dans sa ville natale, Constantine, en 2009, louant un appartement et faisant venir tous ses affaires, surtout celles qu'il affectionne le plus : sa bibliothèque et son matériel de photographie comprenant 30 années de travail. L'artiste a des projets, des idées. Il achemine tout cela via un container. Au port de Skikda, c'est là où tout commence : deux ans d'attente, deux ans à espérer que les services des Douanes lui remettent son bien. « C'était beaucoup de tristesse, une certaine hargne même, mais je ne suis pas rancunier, l'amour que je porte à ce pays et à cette ville est immense » insiste-t-il lors de la présentation de son recueil à l'Institut français de Constantine, samedi passé. Pour cette conférence débat, Vial choisit une petite mise en scène, ne pouvant sans doute pas se passer de ses clichés photographiques. Avant de présenter une lecture d'extraits de ses nouvelles, il offre au public quelques instants qu'il avait immortalisés, du temps où son matériel était encore enfoui dans un container à Skikda. Muni d'un appareil numérique, malgré lui, il photographie les murs, les escaliers, un crâne de mouton, des objets étranges, des poubelles, une chaussure de femme. Il est attentif à un univers sombre et étrange de la ville des Ponts et qu'il enrichit par l'écriture. « Mon écriture est faite d'images et de théâtre, de ce que je constate tous les jours. Nous sommes en 2014 et on ne peut plus écrire avec des modèles anciens. Je suis obligé de faire avec ce décor urbain. La photographie est aussi une forme d'écriture. J'écris depuis longtemps et je reste impressionné par les vrais écrivains, pas forcément les grands, mais ceux qui vous questionnent, qui vous font rêver. J'ai toujours été un photographe de noir et blanc. Avec l'argentique tout est une affaire de temps, je n'avais pas mon matériel avec moi ce qui m'a poussé à chercher autre chose et j'ai dû compenser ce manque par des mots » affirme-t-il. La ville de Constantine, il en parle avec une certaine délicatesse, voire une intimité, qui contraste sans doute avec les écrits de ces Français nés en Algérie, qui, forcément nostalgiques, racontent leurs souvenirs et les beaux séjours. Ses trois ans passés à Constantine, faits de contact et de fouilles, l'amènent à produire des images empreintes d'une vérité crue. Il tente de soulager son chagrin et déverrouiller les portes de ce maudit container. « Ce n'est pas de la colère, mais une sorte de survie. Mes amis me disaient que je suis très pessimiste mais actif, c'est-à-dire que je réagis tout de suite. Mon retour en Algérie n'est pas nostalgique et, pour moi, l'affaire du container est juste un incident qui m'a permis de m'exprimer » conclut-il.Kais BenachourExtrait de la première nouvelle « Aux marches du Rocher » Si la ville méritait bien, aux yeux des touristes, des fabricants de cartes postales et autres amoureux inconditionnels, le qualificatif de ville des Ponts, il n'en était réellement qu'un qui puisse compter, effacer les autres du paysage : c'était le Pont de Sidi M'Cid, le pont suspendu. Les différents ponts pouvaient, il est vrai, se targuer d'être les témoins de l'histoire du Rocher et même de l'Histoire, depuis la nuit des temps. Avec eux il était aisé de faire preuve de sa culture et de son humanisme. Tous les sens symboliques du pont étaient avancés. Ce qui permet de passer, ce qui relie, ce qui unit, ce qui réunit...





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