Algérie - A la une

Comment des titres sont exclus de la publicité institutionnelle



"Nous ne travaillons pas avec la presse indépendante." C'est là un terrible verdict entendu, hier, d'un responsable d'une régie publicitaire étatique à laquelle se sont adressés des annonceurs pour une éventuelle insertion dans un quotidien indépendant. Nous l'avons vérifié pour le compte de liberté.Il est 9h30, quand nous débarquons dans l'agence Anep, sise rue Larbi-Ben-M'hidi. Il n'y a pas de clients dans cette régie ayant pignon sur rue. Cette agence, au coin d'une rue proche de la Grande-Poste, ressemble à une banque avec ses portes en verre. Là, un préposé à l'accueil, la cinquantaine, nous reçoit au pied levé. Dans la régie spacieuse, deux collègues femmes s'affairent également, sans prêter attention à nos échanges.À notre interlocuteur, nous confions notre souci de placer un encart publicitaire, soit une lettre ouverte. Mais, à notre grande surprise, il déclinera notre offre, sans même se soucier de son contenu. "Nous ne prenons pas les publicités des particuliers, mais uniquement celles des sociétés", nous a-t-il affirmé, tout de go. "Il faut s'adresser directement aux journaux. Allez voir du côté de la Maison de la presse", a-t-il ajouté, en guise de conseil. Pour passer l'insertion dans Liberté, il nous dirige alors vers la régie sise dans la même rue, pour la prise en charge de notre demande. "Nous ne travaillons pas avec la presse indépendante", a-t-il fini par lâcher, en citant quelques confrères comme El Khabar et El Watan, notamment, comme pour se libérer d'une contrainte. Depuis plus d'une semaine, les placards portant l'en-tête de l'Anep n'ont pas atterri au journal Liberté, contrairement à d'autres publications. Contactés pour de plus amples informations, les annonceurs habituels confirment bien leur désir de placer leurs placards dans le journal, mais ils sont confrontés à une fin de non-recevoir. Ils ont, en majorité, fait état des réticences, voire carrément du refus de la régie publicitaire étatique, d'accuser réception de la publicité pour le compte de Liberté. Pourtant, la convention qui lie le journal à la régie étatique n'a été dénoncée à aucun moment des deux côtés, nous confirme-t-on. La convention de régie publicitaire, passée entre l'Entreprise nationale de communication d'édition et de publicité, désignée par Anep, et la Sarl Saec, représentée par son directeur, fixant les modalités et conditions relatives à la diffusion de la publicité commandée et programmée par l'Anep, et destinée à être insérée dans le quotidien Liberté notamment, est toujours en vigueur. Elle stipule, dans son article 17, que "la présente convention est valable pour une année renouvelable par tacite reconduction. Elle peut être modifiée ou résiliée d'un commun accord avec préavis de trente (30) jours dûment notifié par lettre recommandée avec accusé de réception. En cas de résiliation, les commandes en cours seront exécutées conformément à la présente convention". Il est clair que, dans ce cas, il n'y a eu ni dénonciation du contrat ni préavis.A. R.




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