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Comité ministériel mixte de suivi OPEP/non-OPEP: La réunion d'Alger sous pression



La 10ème réunion du JMMC se tient aujourd'hui à Alger dans un contexte géopolitique perturbé par les sanctions des Etats-Unis contre l'Iran et les menaces de leur président contre les pays OPEP qui perturberaient le marché pétrolier.La réunion qui s'ouvre aujourd'hui à l'hôtel El Aurassi d'Alger sera animée par les ministres du pétrole de quatre pays membres de l'OPEP à savoir l'Algérie, l'Arabie Saoudite, le Koweït et le Venezuela ainsi que ceux des deux pays non OPEP, la Russie et le Sultanat d'Oman. Le JMMC est présidé par le ministre saoudien du Pétrole et coprésidé par celui de la Russie. «Chargé de veiller à ce que les objectifs de la Déclaration de coopération (signée après la conclusion de l'accord d'Alger) soient réalisés grâce à la mise en ?uvre des ajustements volontaires de la production de pétrole des pays OPEP et non OPEP qui en sont ses signataires», le JMMC devra aujourd'hui impérativement se pencher sur les conséquences des sanctions américaines contre l'Iran décidées par Trump après qu'il ait retiré la signature de son pays de l'accord sur le nucléaire conclu en 2015 avec les Européens, la Chine et la Russie. Sanctions dont l'application sur la production iranienne de pétrole est prévue à partir du 4 novembre prochain. Depuis son retour sur le marché pétrolier après la conclusion de l'accord sur le nucléaire, l'Iran produit 3,6 millions de tonnes de pétrole par jour. Dès la conclusion de l'accord d'Alger en septembre 2016, il avait fait part de son ambition d'atteindre les 4 millions de barils/jour. Aujourd'hui, les choses se présentent bien autrement pour lui.
D'informelle, la réunion d'Alger qui s'est tenue le 28 septembre 2016, a été transformée en une réunion extraordinaire et a réussi à convaincre les pays OPEP d'accepter une diminution de la production de l'ordre de 1,8 million de barils/jour pour la fixer entre 32,5 et 33 millions de barils/jour. Cette diminution qui devait entrer en vigueur à partir du 1er janvier 2017, devait permettre un rééquilibrage du marché pétrolier qui arrangerait producteurs et consommateurs après la chute drastique du prix du baril intervenu en 2013 et après la décision de l'Arabie Saoudite de «faire le plein» du marché de sa production pétrolière.
Du monotoring «sans mécanismes » '
L'accord d'Alger a été accepté aussi par les pays non OPEP dont la Russie. Eu égard aux tensions entre les pays membres notamment dans la région du Golfe, la réunion qui s'était tenue à Doha en avril dernier, n'avait pas réussi à convaincre tout le monde sur la démarche à suivre. Il a fallu mener des actions diplomatiques sur les grands producteurs pour la leur faire accepter. Alger avait alors convaincu Téhéran, Ryadh et Baghdad de mener une bataille diplomatique dans ce sens. C'est ainsi que l'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, le Koweït et l'Irak membres de l'OPEP avaient accepté de réduire leur production. Des pays non OPEP, la Russie avait promis elle aussi de le faire. Une production qui est de l'ordre de 11 millions de barils/jour, un peu plus que celle de l'Arabie Saoudite qui atteint les 10,5 millions de barils/jour. Créé par la 171ème Conférence ministérielle de l'OPEP du 30 novembre 2016, et par la réunion ministérielle conjointe OPEP-non OPEP tenue le 10 décembre 2016 à Vienne, le JMMC a permis ainsi à l'OPEP de reconquérir sa mission de monitoring du marché qu'elle avait perdue depuis plus de dix ans. Il est cependant admis que ce comité de suivi n'a pas encore les mécanismes qu'il faut pour pouvoir savoir si les pays producteurs respectent leurs quotas respectifs qu'ils mettent sur le marché et aussi si ceux d'entre eux tout autant que les pays non OPEP procèdent effectivement à la diminution des quantités fixées pour préserver un prix raisonnable du baril. Pour l'heure, soutiennent les experts, les pays font certes attention au plafonnement de la production fixé par l'accord d'Alger mais n'ont aucune emprise sur la réalité des quotas de chacun de ceux qui agissent sur le marché. Les sanctions américaines contre l'Iran menacent fortement la cohésion des pays membres de l'OPEP rétablie lors de la réunion d'Alger après d'importants efforts algériens de coulisses. S'ils affirment que les grands producteurs se disputeront la quote-part de l'Iran, les experts sont certains que beaucoup d'entre eux ne peuvent pas produire plus qu'ils ne le font aujourd'hui en raison du manque de moyens matériels.
Les Européens ont peur de Trump
Dès qu'il a décidé de sanctionner l'Iran, le président américain a tout de suite appelé les dirigeants de l'Arabie Saoudite et ceux de la Russie pour les convaincre de ne pas mettre plus de production sur le marché et ce afin de préserver un prix qui arrangerait ses intérêts. Donald Trump a twitté hier un ordre dans ce sens. Il est avancé que seul Ryadh s'est mis au garde à vous et a accepté d'augmenter ses niveaux de vente. Mais Moscou reste imperturbable.
Il est en outre avancé que malgré les menaces de Trump de sanctionner les pays qui continuent d'acheter le pétrole iranien, la Chine, la Turquie et l'Inde ont fait part de leur décision de maintenir leurs relations commerciales avec le pays de Hassan Rohani. S'il en sera ainsi, ces trois pays auront fait preuve de courage et d'audace pour contrecarrer la folie furieuse de Trump, contrairement aux pays membres de l'Union européenne qui sont à la recherche d'un subterfuge pour la contourner. Pris dans l'étau OTAN-UE, les Européens n'ont pas trouvé mieux que de penser «tomber» dans le non conventionnel pour pouvoir continuer d'importer le pétrole iranien. Des journalistes de deux journaux allemands ont fait savoir il y a quelques jours, que l'Allemagne, la Grande-Bretagne et la France (tous trois signataires de l'accord sur le nucléaire) cogitent ensemble pour mettre en place une sorte de «bourse d'échanges » qui leur permettrait de payer leurs importations de l'Iran sans passer par le circuit bancaire traditionnel. C'est, comme rapporté, ce que le ministère des Finances qualifie de «canaux de paiements indépendants.» Si l'Iran est classé 4ème producteur de pétrole à l'échelle mondiale, la Russie en est le 2ème et elle aussi est en proie à des sanctions américaines parce que Trump veut la punir pour notamment ses interventions en Syrie. Il n'est pas dit, cependant, que ce président puisse aller jusqu'au bout de ses idées maléfiques. Il est appelé à rendre compte de ses «agissements» en novembre prochain à travers les élections de mi-mandat du congrès. Les Républicains auront du mal à convaincre…
Le WOO et les engagements de l'OPEP
Pour l'heure, Alger se démènera davantage pour sauver l'accord de 2016. Elle en fêtera son 2ème anniversaire en parallèle de cette 10ème réunion du JMMC. Les membres du comité de suivi prévoient de rendre hommage au président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Les participants assisteront aussi à la présentation du WOO 2040 (OPEP's World Oil Outlook.) « Le World Oil Outlook (WOO) s'inscrit dans l'engagement de l'Organisation OPEP en faveur de la stabilité des marchés pétroliers. Cette publication est un moyen de mettre en évidence et de mieux comprendre les nombreux défis et opportunités auxquels l'industrie pétrolière pourrait faire face à l'avenir, » lit-on dans une note du ministère de l'Energie. « C'est également un moyen d'encourager le dialogue, la coopération et la transparence entre l'OPEP et les autres parties prenantes du secteur, » ajoute-on. Publié pour la première fois en 2007, il est noté que le WOO est l'une des publications annuelles phares de l'OPEP. « Il constitue un outil de référence important, fournissant des informations sur l'amont et l'aval, ainsi que des questions liées aux coûts, aux investissements et à l'impact potentiel des politiques et des nouvelles technologies, » est-il écrit encore. Les World Oil Outlook rassemblent « les compétences du Secrétariat de l'OPEP, des professionnels des pays membres de l'OPEP et du Conseil de la Commission économique de l'Organisation, ainsi que des contributions de diverses autres sources. »


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