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Chronique sombre d'un monde dévasté




Chronique sombre d'un monde dévasté
Le film coréen Madonna est une peinture réaliste aux couleurs rouge-sang et bleu froid sur l'égoïsme social et l'inhumanité des puissants.Le cinéma sud-coréen confirme tout le bien qu'on pense de lui. Un cinéma qui a évolué d'une manière admirable ces dernières années. La cinéaste Shin Su-Won a offert, à la faveur de la compétition officielle du 37e Festival international du film du Caire, un long métrage tendre et dur à la fois.Madonna est une fiction qui peut paraître cruelle voire choquante aux yeux du public. Mais, c'est l'un des films les plus beaux vus au Caire. Hye-Rim (Seo Young-Bee) est une aide-soignante dans un hôpital privé où elle s'occupe des malades Vip, dont le propriétaire de l'établissement sanitaire himself. L'homme vit dans le coma depuis dix ans après un AVC. Sang-Woo (Kim Young Min), son fils, dirige les lieux d'une main de maître. Son père doit, selon lui, rester en vie. Pour cela, il faut lui retrouver un coeur d'échange. Mais où ' Sang-Woo charge un médecin de trouver une solution au problème.Et c'est là qu'arrive une femme inconnue, presque morte, dans l'aile Vip de l'hôpital. Elle est présentée comme une proche du patron de l'hôpital. Hye-Rim découvre que la malade est enceinte, s'appelle Madonna, une prostituée. L'histoire se complique d'une manière inattendue ensuite. D'où la force remarquable du scénario du film. Hye-Rim va, au fur et à mesure, découvrir l'existence épouvantable de Mina ou Madonna (Kwon So-hyun). Une jeune fille fragile qui sera mal-aimée, maltraitée, martyrisée, exploitée.Elle subit l'égoïsme social, la bestialité masculine, la manipulation d'un patron, les moqueries des collègues de travail, souffre de l'absence de ses parents... Madonna, qui a eu ce surnom en raison de «la générosité» de sa poitrine, voulait simplement vivre, avoir un peu de tendresse, des petits moments de bonheur... Le docteur Lim (Byun Yo-han) a la conscience tourmentée. Cela lui vaut une humiliation devant ses collègues par le petit tyran Sang-Woo, un homme qui carbure par l'amour aveugle de l'argent.On comprend au fil des images et de l'atmosphère que Shin Su-Won critique le système capitaliste qui n'a pas laissé beaucoup d'espaces à la solidarité humaine et à l'amour du prochain. Faible et peu instruite, Madonna se fait écraser d'une manière impitoyable. La vie ' Elle ne vaut presque rien pour les plus forts. Shin Su-Won s'est inspirée de faits réels pour construire son film. «Un jour, j'ai vu entrer dans un café une SDF malodorante qui devait avoir 25-30 ans.Elle s'est assise sur une chaise et s'est endormie instantanément, tête baissée. J'ai éprouvé de la compassion et à la fois de la peur, la peur de finir comme elle à tout instant. C'était une peur qui me rappelait que mon quotidien pouvait s'effondrer à n'importe quel moment, comme sa vie. Plus tard, son image ne me quittait pas et j'ai commencé à écrire Madonna, a confié la cinéaste. Madonna, remarquablement filmé par Yun Ji-Won, le directeur photos, est une chronique amère d'un monde impitoyable, dévasté, violent et déshumanisé, écartelé.Même Hye-Rim n'a pas trouvé sens à sa vie alors que le docteur Lim accepte les mauvais traitements de son patron pour... ne pas perdre son poste de travail. Hye-Rim agit par humanité. Ce qui suppose que Shin Su-Won a laissé deux ou trois fenêtres ouvertes. Quand même ! On peut reprocher à Shin Su-Won son regard féminin, mais on oublie vite cela lorsqu'on plonge dans les profondeurs de l'histoire. La cinéaste a utilisé les techniques du flash-back et les petits repères du thriller.La lumière, qui a eu un rôle déterminant dans le long métrage, a été parfaitement mise au service du récit dramatique. Les silences lourds dans l'hôpital où une partie de l'histoire se déroule symbolisent les peurs exprimées par la cinéaste sur le monde de demain. Une cinéaste qui a voulu également souligner les ravages de l'emploi précaire et la situation professionnelle difficile des infirmières. Shin Su-Won, 48 ans, est surtout connue par son court métrage Circle line, l'histoire d'un homme fuyant sa propre réalité sociale. Elle a été primée au Festival de Berlin pour un autre film, Plutôt en 2013. Shin Su-Won, qui est diplômée de la Korea National university of arts, a réalisé des documentaire également comme Une femme avec une caméra film.







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