Algérie - Revue de Presse

Chronique judiciaire : C?est la faute à l?artiste peintre !



C?est un homme calme, d?un âge moyen et bien vêtu, qui se présente à la barre du tribunal de Sidi M?hamed le 26 janvier dernier. L?on saura quelques instants après qu?il se soit mis bien debout au prétoire que le mis en cause est un artiste peintre. Un statut social qui suscite indéniablement les chuchotements parmi l?assistance. « De quoi donc est accusé cet homme à la démarche sereine ? Qu?a-t-il pu faire de mal, l?artiste ? », murmure un groupe de curieux. Propos diffamatoires à l?encontre de la direction de l?Union des artistes peintres : telle est l?accusation à laquelle doit répondre le plasticien. La défense, représentée par une avocate de l?ancienne génération, n?a pas manqué de focaliser l?attention du tribunal sur des points importants. « Je vous prie, Madame la présidente, de prendre en considération le fait que mon mandant n?a pas diffamé. Il a signé une pétition en compagnie de plusieurs artistes peintres, un document remis ensuite à la presse. Il est aujourd?hui le seul à être poursuivi. Est-ce un tort que de parapher une pétition dont l?objectif est d?inviter la direction de l?Union des artistes-peintres à mettre de l?ordre dans le secteur des arts plastiques ? », enchaîne l?avocate. Sous le regard intéressé de la présidence de l?audience, l?avocate poursuit sa plaidoirie, tout en soutirant un paquet de coupures de presse de son volumineux cartable. « Le communiqué a été diffusé par plusieurs journaux. Tous étaient unanimes à rapporter ce qui était exactement consigné sur la pétition, signée, je le rappelle, par plusieurs artistes peintres affiliés à cette association. Seulement, un seul journal s?était permis de relayer de fausses informations ; c?est ce quotidien, dans son édition du 31 juillet 2001, qui a servi à la direction de l?assocation d?attaquer mon mandant en justice », indique la défense. Et d?ajouter : « Trois quotidiens qui n?ont en aucune façon décelé le moindre propos diffamatoire dans la pétition et qu?ils ont d?ailleurs repris fidèlement contre une publication qui s?était permise d?ajouter des chapitres. Il y a là manifestement une volonté de nuire à mon mandant. Il est artiste, sa voix est à peine perceptible lorsqu?il s?exprime. Si l?on doit se plaindre par rapport à un écrit, c?est donc tout le groupe qui devrait être ici, au tribunal », soutient encore l?avocate. Alors que la partie plaignante était absente à l?audience, l?« accusé » est invité à rentrer chez lui en attendant le verdict. « Cette affaire illustre, on ne peut mieux, le marasme dans lequel baigne le monde culturel en Algérie. On n?avancera jamais si les acteurs de la culture persistent à bâillonner la libre expression », a commenté un citoyen à l?issue de l?audience.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)