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Chômage et malvie dans le Titteri



Chômage et malvie dans le Titteri
Tenter de faire une enquête sur la jeunesse dans la wilaya de Médéa, un vaste territoire dénué comptant 64 communes, c'est, à son corps défendant, aller à la rencontre d'un océan de désillusions et de désespoir. On aura beau crier au pessimisme, les faits sont là, plus têtus que jamais.La majorité des moins de 30 ans (plus de 50% de la population) y traîne, comme un boulet, une existence terne et sans but qui se nourrit de chimères et se meurt de trop attendre? Il y a, malheureusement, quelquefois des solutions entre autres, le petit joint pour voyager gratis. Il n'y a là rien d'insurmontable, mais ne dit-on pas que l'oisiveté est mère de tous les vices, notamment la délinquance qui se fait fortement sentir dans les grandes agglomérations telles que Médéa, Ksar El Boukhari, Berrouaghia, Tablat, Aïn Boucif et Beni Slimane. Il n'y a qu'à voir les statistiques ascendantes dressées périodiquement par les services de sécurité pour se rendre à l'évidence des proportions alarmantes de la débauche d'une certaine catégorie d'ados multirécidivistes.La promiscuité des cités-dortoirs érigées récemment y est pour beaucoup. L'investissement est encore dans un état embryonnaire. Il tarde à devenir réalité, la création d'emplois est donc au point mort et le chômage est stationnaire. D'autres facteurs ont contribué à cette crise : le naufrage des petites unités économiques, étatiques ou privées, qui existaient autrefois avant l'arrivée du commerce informel et de l'économie de bazar dans les années 1990. Aujourd'hui, quelques jeunes artisans du chef-lieu de wilaya ont tenté de faire renaître de ses cendres la chaussure médéenne très réputée à une époque, en vain. Ils ont été confrontés à une concurrence déloyale sur le marché national qui est inondé par des produits manufacturés de mauvaise qualité provenant de pays asiatiquesL'exode rural pose problèmeComme circonstance aggravante, la wilaya, qui est à vocation agropastorale, ne cesse de connaître un incroyable mouvement incessant de déferlement de la population rurale vers les zones urbaines fuyant la précarité. Plus d'une vingtaine de communes rurales ont vu, durant les années de la tragédie nationale, leur population réduite de moitié et qui reste indisponible pour un éventuel retour, malgré les facilités incitatives mises à la disposition de ceux qui veulent revenir sur leurs parcelles de terre. Il est encore navrant de constater, chaque matin, le spectacle désolant de ces bus bondés de jeunes sans qualification qui viennent des bourgs agricoles et déferlent sur les cités. Ils seront vite happés par les rets de la ville ou ce qui en reste'les uns dans le commerce informel et le gardiennage de parkings autos, les autres dans le lot des dés'uvrés ou des délinquants. L'emploi est le sésame qui ouvre les portes de l'avenir, mais le chômage frappe de plein fouet la jeunesse du Titteri. Pour remédier à cette situation et devant son ampleur, une formule a été trouvée par de «génies décideurs», le contrat pré-emploi pour l'insertion des jeunes diplômés, mais malheureusement, ce dispositif s'est vite essoufflé. En 2013, à l'ANEM, on a relevé le chiffre de 50 041demandeurs d'emploi en lui ajoutant encore 12 329 autres pour le premier trimestre 2014. Alors que les offres sont nettement en deçà, 6493 postes prévus en 2013 et 1481 autres pour le premier trimestre 2014.Quant aux contrats d'aide à l'insertion professionnelle, les chiffres réalisés en 2011, année charnière du pré-emploi qui avait satisfait un nombre de 12 004 recrutés sous contrat, s'est malheureusement rétractée en 2013, en accordant que 1395 contrats et 316 autres pour les trois premiers mois de l'année en cours. Ce recul a aggravé le fléau du chômage dans la wilaya de Médéa. Car ces mesures restrictives ont pénalisé énormément les diplômés universitaires des années 2012 et 2013 dont les portes de l'espoir se sont refermées à leur visage.Les jeunes, victimes de promesses électoralistesPourtant, un ministre de la République avait rassuré les jeunes, lors de son passage en avril dernier à Médéa, en leur promettant que des dispositions étaient envisagées pour améliorer la situation des pré-salariés. Il avait, aussi, signalé que de nouveaux postes d'emploi permanents étaient programmés afin de résoudre le calvaire que vivent depuis des années des milliers de jeunes contractuels. Il avait abordé l'augmentation des salaires des contractuels en donnant des promesses de les aligner, au minimum, avec le SMIG. Mais depuis? rien. Juste des promesses à la veille d'une échéance électorale.Parallèlement, un autre dispositif a été initié, il s'agit du projet Blanche Algérie destiné particulièrement à l'aide sociale des jeunes sans qualification en panne sèche de ressources. Ces recrues sont mises à la disposition des besoins des collectivités locales dans le cadre du nettoyage des villes, du désherbage des bordures des routes et des travaux d'intérêt général. Mais les crédits alloués annuellement à la DAS ne peuvent satisfaire la forte demande de cette catégorie de chômeurs. Ils restent très limités.Un autre créneau a été prévu pour alléger le lourd fardeau de la demande d'emploi, il s'agit du microcrédit bancaire pour que le jeune crée sa propre unité économique. Ceci est géré par les agences de l'Angem, de l'Ansej et de la CNAC. Malgré toutes les facilités accordées aux emprunteurs ces derniers temps, les jeunes initiateurs de projets sont très sceptiques et réticents, de peur de sombrer dans l'échec compte tenu des paramètres anarchiques du marché national. «Le marché est caractérisé par une concurrence déloyale. Comment faire pour qu'un jeune puisse entrer sur le marché au milieu de la mafia. Rien que pour l'exemple, pour décrocher un quelconque marché, il faut donner des pots-de-vin», dénonce un jeune chômeur de Médéa. Quand de jeunes promoteurs jettent l'épongePlusieurs unités concrétisées par de jeunes promoteurs dans le cadre des différents dispositifs de l'emploi (Ansej, CNAC et Angem) ont cessé leur activité au bout de la première ou deuxième année de leur création. La cause : les promoteurs manquant d'expérience n'ont pas été accompagnés par les organismes en question. Ils ont été, aussi, confrontés à une concurrence déloyale, à un foisonnement de produits contrefaits, etc. Et cette «hémorragie» continue à ce jour? L'emprunteur se retrouvera donc contraint de rembourser la dette bancaire et à restituer au Trésor public la TVA. Sinon, il risque d'être traduit devant une juridiction judiciaire par l'organisme prêteur.Le tableau de l'emploi à Médéa semble trop obscur, nous aurions souhaité le contraire en interrogeant les nuées de jeunes adossés à des murs, les centaines d'universitaires broyant du noir, ils sont un témoin à charge implacable. Ils n'ont pas un sou en poche pour se payer un petit voyage au bord de la mer. Par ailleurs, un langage contraire est cependant tenu par les autorités locales qui déplorent un manque flagrant de main-d'œuvre sur les chantiers de la wilaya.Selon eux, les jeunes, en refusant des postes temporaires, seraient responsables du chaos. Les jeunes, quant à eux, rejettent cette accusation. Ils réclament tout simplement un travail durable et une paie respectable selon la pénibilité du poste qui garantit leurs droits et avantages sociaux. Certes, des efforts louables sont entrepris par des responsables de la wilaya dont la bonne volonté ne saurait être mise en cause, mais cela demeure insuffisant. Ils ne peuvent remédier à une situation aussi complexe qui n'est pas l'apanage de l'administration de la wilaya seule.





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