Algérie - A la une

Ces vendredis-là, pas ceux d'avant !



En novembre dernier, et sur ce même espace, ma chronique évoquait les vendredis algériens qui se ressemblent dans un pays immuable, immense prison où les gens sont condamnés à la perpétuité. Des vendredis qui se ressemblent sous le ciel figé d'une Nation qui n'existe que sur papier et dans les délires des responsables. Un jour où le pays s'arrête de tourner avant de mourir. Qui dort jusqu'à samedi. Depuis que le pays existe, ses gens meurent le vendredi, le ventre plein et la dévotion en bandoulière, prêts à se draper des nuages et manger tout le couscous du monde. Ça c'était avant le 22 février, vendredi sacré qui annonçait le début d'une nouvelle ère. Depuis, tous les vendredis se ressemblent toujours mais loin de la sclérose nationale, de la torpeur quotidienne et de l'inutilité chronique. Le pays reprend à vivre les vendredis, à respirer un nouvel air, même si, ces dernières semaines, il a curieusement le goût du gaz lacrymogène, à s'apprécier, à espérer. Les vendredis ne sont plus synonymes d'immobilité cadavérique depuis que des millions d'Algériens ont décidé de se prendre en charge, de sortir dans la rue, leurs pas résonnant sur le macadam, leurs voix retentissant à travers le pays et le reste du monde. Le peuple s'est découvert une raison d'exister, de marcher jusqu'au prochain vendredi pour revendiquer une citoyenneté spoliée, pour exiger la restitution d'un pays devenu propriété privée de quelques tribus au pouvoir. Des millions d'Algériens attendent avec impatience ces vendredis de la contestation, prêts à faire de tous les jours de la semaine des vendredis s'il faut passer par cette voie. Leur détermination n'a d'égale que leur foi dans une Algérie meilleure sans ces figures du grand banditisme qui président aux destins du pays. Des millions d'Algériens ont fait des vendredis un rendez-vous incontournable avec l'histoire, une rencontre citoyenne pour prétendre à un demain plus clément pour leurs enfants. Ces vendredis d'aujourd'hui ont chassé les vendredis d'hier qui poussaient à la mer des Algériens qui, malheureusement, ne pourront jamais marcher un vendredi. Ces vendredis, le peuple n'est pas seul, en face de lui, les défenseurs zélés des vendredis du statu quo. La garde prétorienne d'un système à l'agonie qui cherche à perpétuer leurs vendredis à eux qu'ils nous vendaient sans garantie, sans date d'expiration, dans un emballage national-religieux aussi tenace et néfaste qu'une bouteille en plastique jetée dans la nature. En face de nos vendredis, leurs vendredis pour un vendredi national pour que tous les vendredis de demain soient un rayon de soleil pour les enfants d'Algérie.
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