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«Certains groupes d'intérêt ne souhaitent pas une adhésion à l'OMC»



«Certains groupes d'intérêt ne souhaitent pas une adhésion à l'OMC»
-L'adhésion de l'Algérie à l'OMC traîne en longueur. Quelles sont les raisons du blocage, d'après vous, malgré la persévérance du gouvernement et la volonté politique affichée de faire aboutir enfin ce dossier 'Le dossier de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC divise au niveau des sphères politiques décisionnelles. Cela est, a priori, révélateur de l'absence d'une stratégie à long terme et de l'inefficacité du système de décision macroéconomique. En effet, les observateurs révèlent que les questions auxquelles l'Algérie n'a pas encore apporté de réponse dans le cadre de ses négociations bilatérales avec les pays membre de l'OMC ne sont pas marginales mais fondamentales.Ils soulignent, en effet, que des efforts importants doivent être engagés sur plusieurs volets, notamment les différentes formes de subvention des produits énergétiques et agricoles ; les différentes aides à l'exportation ; le régime préférentiel accordé aux entreprises nationales dans le cadre des marchés publics et d'accès aux différentes commandes publiques ainsi que la fameuse règle 49%-51% imposée aux investisseurs étrangers ; les règles de normalisation et de standardisation des produits et d'identification de l'origine des produits ; les certifications, brevets, licences et respect des droits d'auteurs ; restriction à l'égard des importations et administration des prix de quelques produits. Il faut ajouter à cela des entraves techniques et l'archaïsme du cadre juridique et logistique qui gêne le commerce extérieur algérien, tels que le statut d'opérateur agréé, dédouanement, dématérialisation des procédures, paiement électronique, etc. Ceci montre que malgré la montée vertigineuse des importations ces dernières années, l'Algérie enregistre un retard énorme dans le commerce international.-Si certains économistes et hommes politiques sont favorables à cette adhésion et critiquent l'incapacité du gouvernement à trouver un accord rapide, de nombreux autres sont foncièrement contre l'adhésion et réclament l'arrêt du processus. Comment évaluez- vous les arguments des uns et des autres 'Je ne pense pas que la question de l'adhésion à l'OMC suscite réellement un intérêt majeur auprès des décideurs politiques. Alors qu'elle devrait être une question stratégique de débat national, elle est abordée avec un certain réductionnisme qui ne permet pas de peser objectivement le pour et le contre.La question est en effet otage du populisme des uns et des intérêts étroits des autres.Il faudrait constituer un front contre l'économie informelle, voire mafieuse, qui ne cesse de gangrener l'économie du pays. Les lobbies d'importation, notamment des secteurs agroalimentaire et pharmaceutique, et du marché low cost intimement liés à des intérêts étrangers, exercent un lobbying puissant au niveau des hautes sphères décisionnelles afin de préserver ce statu quo de l'économie de bazar. Le statu quo rentier qui génère la devise peut maintenir un marché juteux qui s'étend jusqu'aux étals sur les trottoirs des villes et qui prend la forme d'un système informel, mais qui reste toutefois organisé.Certains groupes d'intérêt ne souhaitent pas une adhésion à l'OMC, car celle-ci peut facilement réduire leur marge, surtout à travers les contraintes légales qui les obligeront à respecter les normes de qualité et les règles de certificat d'origine notamment. C'est pourquoi que ceux qui soutiennent l'adhésion à l'OMC avancent un argument politique qui consiste en la lutte contre l'économie informelle.-Les pertes subies par l'Algérie suite à la conclusion de l'Accord d'association avec l'Union européenne ne risquent-elles pas de s'aggraver avec l'adhésion à l'OMC 'Justement, revenons aux accords d'association avec l'Union européenne, la négociation précipitée a coûté au Trésor public algérien une dizaine de milliards de dollars, selon les observateurs. Un manque à gagner engendré par le démantèlement progressif des droits et taxes douanières, surtout que le volume des importations ne cessait d'enregistrer une augmentation vertigineuse depuis le début des années 2000, et que 50% de ces importations proviennent de l'UE. Les accords ont démantelé du coup une liste de 2076 lignes tarifaires des produits bruts, produits semi finis, de l'industrie chimique, métallurgique, du textile, etc.Trois ans après l'entrée en vigueur des accords, environ 1000 lignes tarifaires ont été démantelées (bien d'équipements industriels, électroniques, produits pharmaceutiques?). Le démantèlement se poursuivra jusqu'à atteindre les 100% en 2020.La libéralisation des branches et les listes des produits ont été mal négociées et le patronat n'a pas été vraiment associé dans l'élaboration stratégique du calendrier de démantèlement des lignes tarifaires. Le moins qu'on puisse dire, la libéralisation du commerce extérieur algérien n'a fait que laminer la petite et moyenne entreprises et réduire leurs chances à l'exportation. Pis, une adhésion à l'OMC soumettra l'Algérie à une concurrence déloyale d'un marché balisé par des normes invisibles imposées intelligemment par les pays développés. L'Algérie subira également des pressions pour la privatisation et des représailles de l'ORD en cas de non-respect des règles de libre échange.





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