Algérie - Sites et découvertes archéologiques

Célébration du mois du patrimoine : 4000 sites archéologiques recensés



Célébration du mois du patrimoine : 4000 sites archéologiques recensés
Quatre canons du XVe siècle découverts sous la mer et exposés dans un musée à Cherchell

En ce mois de célébration du patrimoine, le CNRA (Centre national de recherches archélogiques), qui vient de déménager à nouveau à Tipasa, pour s’installer au sein de la magnifique infrastructure, le CAA (Complexe algérien de l’archéologie), dévoile certaines données pour informer le public.

Mme Soltani Amel dirige l’institution nationale qui relève du département ministériel de Mme Bendouda Malika. En effet, le CNRA, en collaboration avec le CNRPAH (Centre national de recherches préhistoriques anthropologiques et historiques) avait réussi dans le cadre de la mise à jour de la carte archélogique d’Algérie (CAA)) à recenser plus de 4000 points archéologiques dans le Sud algérien. Cette partie sud de notre pays abrite un immense et riche patrimoine matériel et immatériel.

L’archéologue et historien français, Stéphane Gsell (1864-1932), a inscrit dans l’Atlas de 1911, au terme de ses prospections au niveau du Nord et des Hauts-Plateaux, pas moins de 7600 points archéologiques. Les archéologues-chercheurs du CNRA, au bout de quelques années de prospections et de recherches, sont arrivés à découvrir plus du même nombre de points archéologiques recensés par l’archéologue français. La carte archéologique de l’Algérie compte plus de 15 200 points archéologiques.

Une notice accompagne chaque site archéologique recensé, géoréférencié et décrit dans tous les détails. L’actualisation de cette carte constitue un précieux outil de travail que doivent prendre en charge les autorités locales, avant d’implanter ou engager les travaux des différents projets de développement sur leurs territoires. Cela permet une préservation des richesses archéologiques des civilisations qui sont passées dans le pays. Le CNRA, selon sa directrice, compte trois supports de communication, destinés à informer les chercheurs, les universitaires sur les travaux réalisés.

La revue NAA (nouvelles archéologiques algériennes), le BAA (bulletin d’archéologie algérienne) qui avait cessé de paraître depuis 1985, mais il est sur le point de réapparaître et enfin le supplément du BAA dans lequel sont publiés les projets de recherches et de fouilles archéologiques. L’organisation du CNRA s’articule sur quatre divisions. La division archéologique historique qui s’appuie sur des sources textuelles et sur l’observation des données du terrain, afin de déterminer les périodes de chaque civilisation dévoilées par les chercheurs.

La division archéologie et environnement qui s’appuie sur les découvertes archéologiques terrestres et subaquatiques. La division de la culture matérielle, qui concerne l’identification et la caractérisation des systèmes de production et leur mise en circulation, les échanges commerciaux. Il existe 4 axes à cet effet, les moyens pour le travail, l’objet du travail, les techniques d’utilisation, la circulation des produits. Enfin, la 4e division a pour thème la CAA (carte archéologique algérienne). L’objectif du CNRA consiste à remettre pour chaque wilaya sa carte archéologique, bien qu’elle ne soit pas définitive, car chaque jour apporte son lot de découvertes. Stéphane Gsell avait mis l’accent essentiellement à la période romaine dans la partie nord de l’Algérie.

Parmi les projets importants du CNRA à l’échelle internationale, il y a le projet de coopération avec le CO-PAM (co-développement du patrimoine archéologique méditerranéen) et le projet de coopération avec l’université Trento (Italie) sur le site d’El Kala. Par ailleurs, impliqué dans le mégaprojet du port commercial d’El Hamdania (Cherchell), le CNRA compte créer des sites subaquatiques hôtes, afin de pouvoir déplacer les 24 canons immergés au large du Rocher Blanc (El Hamdania) et l’épave, tout en prenant les précautions utiles, pour ne pas abîmer les objets archéologiques et ensuite pouvoir les préserver.

L’emprise du mégaprojet du port El Hamdania recèle des objets archéologiques terrestres et subaquatiques. L’idée de création d’un laboratoire de restauration et de conservation de tous les objets archéologiques récupérés depuis les fonds marins est désormais lancée au CNRA. La ville de Tipasa, à l’instar de tout le littoral algérien, est le site le plus indiqué pour mener une expérience, en matière de fouilles archéologiques, terrestres et subaquatiques, la création future d’un musée au sein du CNRA, et l’organisation des cycles de formation, autant d’intitulés sont déjà inscrits dans la feuille de route du riche programme de coopération internationale. Ce plan de charge nécessite des moyens humains et matériels. Le CNRA compte recruter une dizaine de chercheurs pour cette année 2021, dans divers domaines. Il envisage même de faire appel aux cinéastes, afin de réaliser des documentaires sur la richesse archéologique sur terre et sous la mer.

Le CNRA n’ignore pas aussi l’impact de l’archéologie préventive. L’exemple du projet du métro de la place des Martyrs (Alger) est édifiant à plus d’un titre. Il n’en demeure pas moins que de très nombreux sites archéologiques avaient disparu du décor à Tipasa et dans plusieurs villes algériennes, en raison de la prolifération des constructions des bâtiments, des immeubles, des maisons et des routes.

Un triste décor pour le chef-lieu de la wilaya de Tipasa. Sa situation physique depuis son classement sur la liste du patrimoine culturel mondial par l’Unesco en 1982, n’est plus identique qu’en 2021. La violente agression des sites n’a suscité aucune réaction à Tipasa. L’avancée anarchique du béton a effacé des pans du passé de cette localité côtière, en dépit des successives visites des premiers responsables et des experts de l’Unesco. L’indifférence et les complicités avaient défiguré le décor. La politique dictée depuis des années par le ministère de la Culture ne se concrétise pas sur le terrain.

Elle n’est pas suivie. Chez nos voisins de l’Afrique du Nord, en l’occurrence le Maroc, la Tunisie, l’Egypte, le patrimoine archéologique est exploité à bon escient, notamment dans les activités touristiques. Le CNRA arrivera-t-il à convaincre les gestionnaires des affaires publiques locales, les associations et les citoyens, pour mieux préserver ces trésors culturels et historiques ? Chacun est concerné.
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