Algérie - A la une


Ce qui l'attend
A. SamilElle est enfin derrière nous. Ceux qui pariaient plus sur l'après-17 avril avaient raison de voir plus loin que l'horizon le plus proche. Malgré les incidents, prévisibles, qui l'ont émaillée dans certaines parties du territoire national, l'élection présidentielle de jeudi a donné le maximum de ce qui pouvait être attendu d'elle. Suffisamment pour en tirer des enseignements, d'abord utiles à son vainqueur. Ils contiennent les indications pour le cap qu'il devrait normalement fixer à son mandat, le quatrième depuis avril 1999. Au regard des déficits, des retards et des insuffisances accumulés jusqu'à la sédimentation dans une multitude de domaines par l'Algérie, il n'est pas exagéré de dire qu'il est attendu du président Bouteflika rien moins qu'une révolution copernicienne.Oui, passer de Ptolémée à Copernic, enraciner définitivement dans l'esprit des Algériens, mais surtout dans la tête de ceux qui les dirigent que la terre est ronde, pas plate. Les représentations de la démocratie, du développement économique et social, de l'Etat de droit, de l'égalité entre les citoyens, de la modernité, de la place de la religion dans la société... seront adaptés aux mutations rapides qui sont en train de transformer le monde ou continueront à être marqués du sceau de l'archaïsme et c'est alors la régression assurée. Et nous y avons déjà un pied, bien englué.La leçon vaut pour celui qui a su garder le pouvoir comme pour ceux qui le lui disputent et contestent. Ils interpréteront comme il leur plaira les tendances révélées par cette présidentielle, mais ils ne pourront pas faire l'impasse sur les plus essentielles d'entre elles. La biologie rend son abandon plus urgent encore, ce qu'il est convenu d'appeler «le Système» est le premier danger de menace pour le pays s'il devait jouer plus longtemps encore les prolongations. La sclérose de ce système, sa perversion dans le vieillissement et ses capacités de subvertissement moral l'ont déjà disqualifié pour l'avenir. À l'heure de la société de l'information et de l'Internet, une jeunesse formatée dans l'aspiration au progrès ne rêve que de changement et de justice sociale. Pour la première fois elle a fait irruption dans une échéance électorale et a dit son mot. Le mouvement «Barakat», celui des jeunes chômeurs, d'autres associations restées fidèles à leur vocation s'imposent dès à présent comme des acteurs politiques de demain. Autant d'énergies saines qui doivent être préservées du dévoiement et canalisées vers le meilleur.Il a été beaucoup question, avant et pendant toute la durée de la campagne électorale, de la nécessité d'organiser une transition politique démocratique. Le spectre des demandeurs s'est substantiellement élargi. Certains, allant trop vite en besogne, proposent même des noms pour conduire cette transition. Ils oublient tous de dire, alors que les déficits de représentativité et de représentation sont dénoncés avec une quasi-unanimité, que nul n'a le droit de s'improviser acteur de la transition et que les élections doivent rester un passage obligé pour tous ceux qui aspirent à y jouer un rôle. Le président de la République, fort de son nouveau mandat, est en capacité de rendre un inestimable service à la nation en s'engageant dans un processus de transition rassembleur et à travers lequel il ressouderait les fils coupés de la cohésion nationale. Rien ne lui interdit, comme signe de sa bonne volonté, d'organiser des élections législatives anticipées et «non éligibles à la contestation», de sorte à doter le pays d'une nouvelle chambre basse. Celle-ci aura pour mission, entre autres, de produire au pas de charge une batterie de lois réformatrices balisant la voie à une transition assise sur un consensus populaire et non plus seulement partisan et de groupes hétéroclites.A. S.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)