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Ce qui fait flamber le prix du billet Paris-Alger


Ce qui fait flamber le prix du billet Paris-Alger
La desserte aérienne Paris-Alger a été récemment classée la plus chère au monde par un site internet comparateur de prix, plus qu'un Paris-Bangkok, qu'un Paris-Tunis, ou un Paris-Marrakech, en comptabilisant le coût au kilomètre.Du coup, les critiques ciblant depuis quelques semaines la compagnie nationale Air Algérie, accusée de pratiquer des tarifs excessifs, se sont multipliées. Pourtant, le transporteur public n'est pas le seul à desservir cette destination. Deux autres compagnies régulières, Air France et Aigle Azur, ainsi qu'une compagnie charter, Air Méditerranée, proposent également ce service. Si, au départ d'Alger, Air Algérie reste moins chère par rapport à ses concurrentes, au départ de Paris, en revanche, ce n'est pas le cas. «Les billets sont trop chers durant les périodes scolaires.Paris-Alger-Paris est à 600 euros, mais il descend à 185 euros en période creuse», témoigne Chafik, père de famille installé entre Paris et Alger. Pour beaucoup d'Algériens qui vivent en France, le prix est un facteur déterminant dans la décision de venir ou pas en Algérie. En période de crise, chaque centime compte, surtout quand on a des enfants. En revanche, ceux qui voyagent seuls sont peut-être moins regardants. Ouahab, un jeune Franco-Algérien vivant à Paris, descend plusieurs fois par an à Alger. Il paye en moyenne 400 euros le billet. «Le prix n'a jamais été un élément déclencheur de la décision de venir en Algérie. Du coup, quand on décide à la dernière minute, on paye généralement plein pot.» Pour autant, ceci ne l'empêche pas avant de faire sa réservation en ligne de comparer les tarifs proposés par Air Algérie, Air France et Aigle Azur.DifférencesGénéralement, «il n'y a pas de différence de prix (plus ou moins 10 euros), alors le choix se fait sur les horaires qui m'arrangent le plus», dit-il. Avec l'arrivée d'Air Méditerranée, il y a des «tarifs moins chers que les trois compagnies classiques, mais avec beaucoup moins de vols (quatre vols par semaine).» Sur son site web, cette compagnie charter affiche déjà complet pour certaines dates. Ainsi, pour un billet Paris-Alger-Paris entre le 15 et le 25 juillet, il n'y a plus de places disponibles, quand il faut compter 515 euros pour Air Algérie et 401 euros pour Air France.Aigle Azur propose, quant à elle, un prix de 378 euros, mais les dates les plus proches sont du 17 au 26 juillet. Mais cette situation ne concerne pas que la capitale parisienne. Au départ de Lille pour Alger, le vol d'Air Algérie est plus cher par rapport à ses concurrentes directes. Il faut compter 530 euros entre le 19 et le 30 juillet, contre 508 pour Air France et 456 euros pour Aigle Azur avec un départ le 20 juillet. Pour faire des économies, certains voyageurs ont trouvé la parade. Pour venir à Alger au printemps, Kamel, qui vit à Lille, prend le bus jusqu'à Charleroi en Belgique d'où une compagnie française low cost, la Jetairfly, dessert la capitale algérienne pour 220 euros (140 à l'aller et 80 au retour). «Si je voyageais avec Air Algérie ou Air France, ça me coûterait dans les 350 euros», dit-il.Pour les compagnies aériennes, ces prix s'expliquent. Jointe à ce sujet, Air France, la seule compagnie qui a accepté de répondre à nos questions, nous explique que «l'offre tarifaire est définie non pas en fonction de la distance, mais en fonction du marché (segment de clients, prix proposés par les concurrents), et le produit au sens large (fréquences, service...). Ces prix varient en fonction des vols, de la période de l'année et du moment de l'achat du billet.»En clair, plus vous achetez votre billet à l'avance, moins cher vous le payerez. De même, si vous voyagez en haute saison (saison estivale, vacances scolaires), période de forte demande, vous devez aussi vous attendre à payer le prix fort, à moins de bénéficier de promotions. Ainsi, la politique tarifaire prend en compte «la saisonnalité de la demande et les produits et services mis à la disposition des clients (un programme de vol, plusieurs horaires), un service en aéroport, une assistance en cas d'irrégularité, un service après-vente sur médias sociaux...», nous précise-t-on au sein de la compagnie française. Les tarifs les plus bas sont censés être les moins avantageux.Exemple, le prix le plus bas (prix Malin) proposé par Aigle Azur est assorti d'une possibilité de le modifier ou de le rembourser à des frais qui peuvent dépasser les 100 euros. Plus le prix du billet augmente, plus les frais de remboursement ou de modification baissent. En fait, le prix «n'est qu'une partie» du service proposé par les compagnies, précise Air France. Il comporte des frais incompressibles que sont les taxes aéroportuaires que les transporteurs doivent payer et qui représentent jusqu'à «60 à 70% du prix du billet», justifie Lyes Snoussi, propriétaire d'une agence de voyages. Le DG de la compagnie nationale, Mohamed Salah Boultif, a expliqué dans l'une de ses sorties médiatiques qu'une grosse partie du billet couvre «les taxes de sûreté, de redevance aéroportuaire et de solidarité». Il a indiqué dans une déclaration à l'APS que durant le mois de Ramadhan, la compagnie a «fait baisser le prix des billets jusqu'à 229 euros, au départ de Paris, dont 120 euros de taxes françaises». Mais la différence entre les taxes et le prix hors taxes n'est pas toujours aussi réduite.Quid de la concurrenceSur le site d'Air Algérie, le détail du tarif sur un vol Paris-Alger-Paris entre le 1er et le 10 août facturé à 435,97 euros montre que ce tarif comporte 122 euros de taxes, frais et charges, soit un quart du prix total, le hors taxe démarrant à 313 euros. Aigle Azur affiche, quant à elle, un tarif de 505,44 euros pour un vol entre le 3 et le 12 août (dates les plus proches) avec un niveau de taxes proche de celui de la compagnie nationale (125,44 euros, soit un ¼ du tarif global).En revanche, chez Air France qui propose le billet le plus bas en ce moment, le même vol est facturé à 443 euros avec un niveau de taxes supérieur : 143,89 euros de taxes, soit près d'un tiers du billet. De quoi s'interroger sur les coûts de fonctionnement et d'exploitation de l'entreprise publique nationale.Dans les taxes et redevances, il faut compter celles qui sont perçues par l'Etat (sûreté, taxe aviation civile), celles qui sont perçues par les aéroports (redevance passager, taxes d'aéroport) et celles qui vont aux compagnies dont la taxe surcharge carburant visant à compenser la hausse des prix du pétrole.Elle est laissée à l'appréciation des compagnies et varie d'une compagnie à une autre.Dans le cas cité précédemment, elle est fixée à 61 euros par Air Algérie, 68 euros par Aigle Azur et 82 euros par Air France. Il faut ajouter à cela la taxe de solidarité (dont le produit vise à financer les aides aux pays pauvres) et dont le montant varie sur les vols internationaux entre 4,5 euros pour la classe économique et 45 euros pour la classe affaire. Outre les taxes, les voyagistes précisent que les prix dépendent aussi «de la disponibilité des places». Le marché répondant au principe de l'offre et de la demande et aussi au principe du premier arrivé, premier servi, d'autant que les promotions quant elles sont proposées ne concernent qu'une partie des billets. Avec ou sans ces éléments, la présence de la concurrence est censée permettre de tirer les tarifs vers le bas comme dans tout marché ouvert. Air France nous précise d'ailleurs que la politique tarifaire «prend en compte en premier lieu la concurrence (prix mais aussi leurs horaires et leur produit)». Sur la destination Paris-Alger, pas moins de quatre compagnies desservent cette destination.De quoi s'interroger sur la nature de cette concurrence !




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