Ce que dit la rue va au bout de la rue

Ce pourrait être un exercice de sociologie appliquée. Il y a de l'essence dans les pompes mais la rumeur affirme qu'il n'y en n'a pas. Du coup, tout le monde se rue sur les stations essence et vide les cuves pleines.Le PDG de Naftal arrive sur son cheval blanc et affirme qu'il n'y a aucune pénurie de carburant. Mais c'est trop tard, il y a déjà pénurie, ce que le PDG dément toujours, ayant un tuyau de retard sur l'effet sociologique. Méprisée par l'information, qui affirme tenir ses lettres de noblesse de la vérité elle-même, la rumeur est à l'information ce que la musique populaire chaâbi est à la musique savante andalouse, réécriture orale des gammes raffinées des cours royales. La rumeur a pourtant le même poids, en ce sens qu'elle peut, comme l'information, transformer l'opinion, la situation et le futur.Aujourd'hui d'ailleurs, la différence apparaît de plus en plus mince, à l'exemple de ces journaux et chaînes de télévision d'information qui intoxiquent, désinforment, vendent faux alibis pour vraies guerres et camouflent les vraies questions du moment.La rumeur, déjà arme et outil favoris de l'internet et des réseaux sociaux, gagne du terrain face à l'information, décrédibilisée par des médias tombés aux mains des puissances politico-financières et qui condamnent tout autant les rumeurs que les vérités. Autre exercice de sociologie : quelle est la rumeur la plus proche de l'information la plus crédible ' Lamamra Président, Saadani Premier ministre, Mezrag chef d'état-major ou Sellal ambassadeur à Paris dans un appartement à 800 000 euros ' Selon une rumeur, le PDG de Naftal aurait déclaré qu'il y avait pénurie de candidats.Du coup, tout le monde s'est porté candidat. Mais au final, comme il n'y a plus de pétrole, rien ne sert d'être Président aujourd'hui. C'est comme avoir une Mercedes et pas d'essence à mettre dedans. Il fallait être Président entre 1999 et 2014.