Algérie - A la une

«Ce n'est pas la liberté d'expression qui est visée»



Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Abderrachid Tabi, a indiqué, hier, que la lutte contre la cybercriminalité ne vise pas la liberté d'expression mais les fausses informations qui peuvent porter atteinte à la sécurité du pays.Karim Aimeur- Alger (Le Soir) - Invité au forum de la Chaîne I de la Radio nationale, M. Tabi a soutenu que l'Algérie subit une guerre électronique à travers internet et les réseaux sociaux.
«Il était donc nécessaire de faire face à ces crimes qui touchent la sécurité et la stabilité de la société et menacent même la cohésion sociale», a-t-il expliqué, rappelant la création récente d'un pôle national spécialisé dans la lutte contre la cybercriminalité.
Selon lui, cette lutte contre la cybercriminalité ne vise pas la liberté d'expression ou à cibler les publications des internautes qui échangent des idées ou posent des préoccupations des citoyens.
Ce sont les publications qui propagent des fausses informations qui peuvent porter atteinte à la sécurité du pays, qui sont concernées, a-t-il précisé, citant pour exemple «publier une information faisant état de la pénurie d'un produit, alors que celui-ci est disponible».
Et de préciser que la présomption d'innocence et les droits de la défense sont préservés. Cette question a fait l'objet de critiques et de dénonciations de plusieurs partis politiques et de militants et activistes. Le recours systématique à la détention provisoire a été également condamné, notamment par les avocats. Interrogé sur la lutte contre les feux de forêt, après les incendies de l'été passé, l'invité de la Chaîne I a indiqué que le cadre légal nécessite une révision.
Dans ce contexte, il a insisté sur la nécessité d'aggraver les peines liées à ce genre de crime, annonçant une révision du code des forêts et l'introduction de sévères peines, allant jusqu'à la perpétuité et même la peine capitale pour les pyromanes, si les feux conduisent à la perte de vies humaines.
D'autre part, le ministre a affirmé que la lutte contre la corruption se poursuivra. Sur la dépénalisation de l'acte de gestion, il a indiqué qu'il faut faire la distinction entre la faute de gestion et la faute qui relève du pénal. Le ministre a évoqué, en outre, la crise de confiance entre les citoyens et la justice, regrettant que le citoyen qui n'a pas commis de crime, lorsqu'il se présente au tribunal, «n'est pas sûr de rentrer chez lui».
«C'est cela l'amère réalité et c'est cela notre vraie bataille», a-t-il dit. Selon lui, l'Algérie a un pouvoir judiciaire indépendant, conforme aux standards internationaux, notamment des pays qui ont des traditions démocratiques, citant la France.
« Pour la première fois depuis l'indépendance, le pouvoir exécutif est séparé du pouvoir judiciaire à travers l'octroi du poste de vice-président du Conseil supérieur de la magistrature au premier président de la Cour suprême, alors que le poste était occupé par le ministre de la Justice», a-t-il argué, rappelant que le poste de président du Conseil est occupé par le chef de l'Etat.
Les facteurs de l'indépendance de la justice, à partir de la Constitution de 2020, sont devenus plus clairs, surtout avec la prise en charge des conditions socioprofessionnelles des magistrats, a-t-il dit, expliquant que la préservation de la dignité des magistrats est au c?ur de l'indépendance de la justice.
Le ministre n'a pas manqué de rappeler que l'indépendance de la justice est une exigence populaire, soulignant que le peuple avait exprimé son aspiration à la construction d'un Etat de droit.
«Le peuple sait que l'existence d'une justice indépendante signifie la protection des libertés et des droits, ce qui rassure le citoyen», a-t-il lancé, précisant que les mécanismes et les lois ne garantissent pas à eux seuls l'indépendance de la justice, appelant les magistrats à ne se référer qu'à la loi et leur conscience.
Le grand défi est, pour lui, comment la justice reprend la confiance des citoyens.
À propos de la réinsertion des détenus, l'invité du forum de la Radio nationale a annoncé l'octroi prochainement de 1 000 microcrédits aux détenus qui sont libérés, après l'opération de distribution de 800 microcrédits à cette catégorie.
K. A.
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