Algérie

Ce n'est pas la faute à l'oued !



Que ce soit dans un but spéculatif ou, d'une manière plusbasique, pour avoir un toit, les gens ont tendance à oublier qu'un oued resteun oued, qu'il se réveille et que ce n'est pas un lieu où l'on construit. Si, sousl'empire de la nécessité ou par appétit du gain, les individus l'oublient, l'administration,régie en théorie par des règles claires, n'aurait jamais dû l'oublier.

A Ghardaïa, on a le sentiment du déjà-vu, celui d'un doubledésastre, celui de la nature et celui, plus grave, de l'imprévoyance, dumanquement aux règles élémentaires de l'urbanisme. Le président du Comité dessages d'El-Atteuf a annoncé qu'une plainte contre Xallait être déposée pour situer les responsabilités. Il a fait remarquer, nonsans pertinence, que les autorités elles-mêmes ont construit dans des zonesinondables. Il faut espérer que cette plainte sera effectivement déposée.

L'administration n'est pas, en effet, la mieux indiquéepour déterminer les responsabilités dans un désastre qui a coûté la vie à denombreuses personnes. Car on redécouvre à chaquecatastrophe naturelle que c'est l'inobservance des règles élémentaires - lesfaire respecter est à la charge de l'administration - qui aggrave les choses. Construiredans les lits d'oueds ou même dans leur proximité immédiate est insensé, maison a tendance à l'oublier en temps sec. Il suffit d'une pluie un peu plusabondante que la moyenne pour que les oueds d'inconscience sur lesquels on necesse de construire apparaissent et débordent. On avait fait ce constat aprèsles inondations catastrophiques de Bab El-Oued, on lerefait encore pour Ghardaïa.

Comme toujours, on constate qu'on est incapable de tirerles leçons. On a l'air, dans la peine des gens, des pauvres en général, deredécouvrir que l'absence d'observation des règles élémentaires de l'urbanismeest une menace pour les gens. C'est vrai que souvent, il s'agit de désordresqui se sont accumulés pendant des années, voire des décennies. Mais le problèmeest que ces désordres se poursuivent malgré une abondance de textesrèglementaires qui, en théorie, devraient nous prémunir des catastrophesnaturelles, ou en tout cas en atténuer leurs effets.

Car, on ne le dira jamais assez, l'imprévoyance est fillede la désorganisation, de l'étiolement du sens de l'intérêt général et duservice public. Aucun pays n'est à l'abri des risques, mais il faut bienadmettre que tous les Etats ne s'y préparent pas de la même manière. Il fautbien admettre que l'Algérie, où la sismicité est importante et où lesinondations sont régulières, ne fait pas partie des Etats les mieux préparéspour affronter des situations particulières. Gouverner, c'est prévoir. Laformule a beau être éculée à force d'être rabâchée, elle n'arrive pas encore àpénétrer les esprits.

Mais peut-être que l'administration est tellement impotentequ'elle n'arrive même pas à lire les recommandations faites,par elle-même, lors de précédents désastres. Si les citoyens d'El-Atteuf mènent jusqu'au bout leur intention de mettre àplat le problème devant la justice, ils rendraient, dans leur malheur, un grandservice au pays. Car ce n'est pas la faute à l'oued...





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