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CE MONDE QUI BOUGE
Par Hassane ZerroukyLa bonne nouvelle, la seule sans doute : le caricaturiste Tahar Djehiche, accusé d'atteinte au président de la République et d'incitation à attroupement, a été acquitté mardi par le tribunal de Lemghir, dans la wilaya d'El-Oued. Est-ce à dire que la série des procès en diffamation ayant frappé les journalistes et certains journaux – pas tous – entre 2003-2005, avec interpellation de journalistes et responsables de publication dans l'enceinte même de la Maison Tahar Djaout appartiennent désormais au passé ' Pas si sûr. En témoignent ces rappels à l'ordre, sous couvert de déontologie, en direction des médias et journalistes exprimant des positions qui ne plaisent pas au pouvoir politique alors que, par ailleurs, les prêcheurs de haine et d'incitation à la violence continuent de sévir en toute impunité.Autre bonne nouvelle, c'est peut-être la nomination d'Amine Mazouzi, formé à la prestigieuse Ecole centrale de Paris, à la tête de Sonatrach. L'homme, dit-on, tient de son père, Mohand-Saïd Mazouzi, ministre du Travail sous Boumediène, aux convictions progressistes ancrées et ami du regretté Ali Zamoum. Il aura la lourde mission de remettre la Sonatrach sur les rails et de redorer l'image de la compagnie pétrolière éclaboussée par des scandales de corruption.Les mauvaises nouvelles, elles, sont légion. La chute des cours du brut de pétrole se poursuit inexorablement. Le Premier ministre s'en alarme après en avoir minimisé les conséquences et certains ministres, complètement déconnectés de la réalité, ne disaient pas autre chose quand ils affirmaient que cette chute n'aurait pas d'impact sur les programmes en cours et que l'Algérie disposait de ressources suffisantes pour y faire face.Maintenant qu'Abdelmalek Sellal a reconnu publiquement la gravité de la crise, la question se pose de savoir si le gouvernement sera contraint de revoir à la baisse ses objectifs et de ne plus se borner à demander aux Algériens d'acheter «algérien» ! Pas seulement en matière d'importation où le lobby des importateurs a pris un poids tel qu'il peut mettre en péril la stabilité du pays, mais aussi concernant ces projets de prestige et de peu d'utilité économique. Il en est ainsi de la Grande Mosquée dont le coût final avoisinerait ou dépasserait les 3 milliards de dollars, un montant au moins cinq fois supérieur à ce que coûterait une restauration totale de La Casbah d'Alger. Question : en quoi le fait d'avoir le plus grand minaret au monde (270 mètres de hauteur) et disposer d'une capacité d'accueil de 120 000 places fera-t-il progresser l'Algérie ' Est-ce que dépasser par la taille et la hauteur de son minaret la Mosquée Hassan II à Casablanca apportera un surcroît de puissance pour l'Algérie ' Et qu'a gagné le Maroc depuis ' Rien, sinon un peu plus de pauvreté. Pour en revenir à ce projet de Grande Mosquée d'Alger, disons-le nettement : les seuls gagnants dans cette affaire sont le bureau d'étude allemand Engel und Zimmermann, chargé de la conception du projet et l'entreprise chinoise China State Construction, lesquels vont réaliser un chiffre d'affaires auquel ils n'osaient même pas penser il y a quelques années.Il n'y a pas que la situation économique qui inquiète. Depuis quelque temps – cela a été évoqué dans le cadre de cette chronique – on assiste à une offensive, sans doute concertée, de l'extrémisme religieux salafiste. On serait tenté de dire que ces appels contre le port de la mini-jupe, que cette campagne incitant les parents à imposer à leurs filles le port du hidjab, ou ces menaces de vitrioler les femmes, avec en toile de fond une indifférence des pouvoirs publics, font fonction de diversion par ces temps de crise socio-économique. Sans doute mais pas seulement. Pour l'heure, retenons qu'avec cette campagne d'appel à la haine ajoutée aux difficultés sociales et économiques à venir, à une menace terroriste toujours présente et aux tensions aux frontières du pays, l'ensemble constitue un sérieux mélange détonant.





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