Algérie - A la une

Ce gisement de devises oublié


Quel gâchis!
Le département de Youcef Yousfi compte refaire la même expérience avec la récupération du liège, un autre trésor délaissé. Ce sont là, des petites industries qui ne demandent pas trop de moyens, mais qui peuvent rapporter gros au pays...
Il était temps! Le mouton va enfin vendre... sa peau! L'Aïd El Adha de cette année sera marqué par une nouveauté qui n'est autre que la récupération des peaux du sacrifice de l'Aïd. La mondialisation et l'importation ont relégué au second plan les vêtements et autres matelas en laine de mouton. Fini donc le bon vieux temps où nos femmes laissaient sécher les peaux de mouton après le sacrifice de l'Aïd avant de les laver et leur retirer la laine, puisque désormais cette dernière ne leur est d'aucune utilité, les foyers préférant mettre ces fameuses peaux à la poubelle!
Le ministère de l'Industrie et des Mines a décidé de prendre le mouton par... les cornes en lançant une campagne de collecte des peaux d'ovins, de bovins et de caprins issues de l'abattage au titre du sacrifice de l'Aïd El-Adha. Cela afin de valoriser la filière cuir. C'est ainsi que Youcef Yousfi instigateur de cette belle initiative, qui aurait dû être faite depuis bien longtemps et par d'autres secteurs, a confié cette lourde tâche à une dame des plus chevronnées, à savoir Hassiba Mokraoui, directrice générale de la petite et moyenne entreprise qui était passée par la direction générale du développement industriel et technologique, après avoir fait ses classes à la tête de l'Agence nationale d'intermédiation et de régulation foncière (Aniref).
Cette dame de fer, comme elle est surnommée dans le milieu de l'industrie, a depuis plusieurs mois préparé son plan de bataille.
«Une série de réunions a été tenue avec divers services, notamment les collectivités locales, le ministère des Affaires religieuses, celui de l'Environnement, de l'Agriculture Netcom...
Comment éviter de gâcher ces peaux
Ils ont tous participé activement afin que cette campagne, première du genre, soit une réussite», nous a confié, hier, Hassiba Mokraoui, rencontrée au siège du ministère. «Ces peaux seront en effet travaillées après leur collecte par les services concernés, traitées pour être ensuite réutilisées et transformées en cuir», a-t-elle expliqué. Mais avant d'arriver à ce stade, la directrice de la PME a lancé une vaste campagne de sensibilisation afin de pousser les citoyens à participer massivement à cette opération, mais aussi leur montrer comment éviter de gâcher ces peaux. «Nous avons lancé des campagnes de sensibilisation au niveau local, portant sur une communication de proximité, l'affichage dans les mairies et mosquées, des messages SMS et des spots publicitaires à la télévision et à la radio afin d'atteindre l'objectif escompté», a-t-elle souligné. Pour assurer le bon déroulement de l'opération, des sites dédiés à l'abattage au titre du sacrifice et au stockage des peaux seront aménagés dans chacune de ces wilayas, en plus des abattoirs qui seront mobilisés durant les deux jours de l'Aïd.
La DG de la PME table sur la collecte de quelque 800.000 peaux sur un total de plus de 4 millions d'animaux qui seront sacrifiés durant l'Aïd El-Adha de cette année. Elle avoue qu'elle aimerait bien que ce chiffre soit dépassé. «Néanmoins, c'est une opération pilote qui ne concerne pour le moment que six wilayas (Alger, Oran, Constantine, Jijel, Sétif et Batna)», a-t-elle fait savoir. «Elles seront étendues au reste du pays dans les prochains mois», a-t-elle fièrement annoncé. Il faut avouer que cette opération aura des impacts socio-économiques des plus importants. D'abord, en évitant que nos rues et ruelles soient inondées par des peaux abandonnées après le dépeçage du mouton.
Un impact sur l'environnement...
En plus de nuire à leur environnement avec les odeurs nauséabondes que dégagent ces peaux abandonnées, les gens ne savent pas qu'ils mettent une fortune à la poubelle! Plus de 4 millions de peaux de moutons qui peuvent être collectées en une journée, c'est tout une industrie qui peut tourner avec. Les manufactures de cuir en Algérie qui sont en pleine léthargie pourraient sortir de leur coma grâce à cette opération «commando».
Des emplois directs et indirects peuvent même être créés dans leur collecte et leur transformation. Un véritable exploit en ces temps de crise où chaque dinar qui rentre et chaque nouveau poste de travail créé comptent. Mieux encore, la laine et le cuir qui en ressortent après le tannage peuvent être une source de devises pour le pays. Le cuir algérien est très apprécié à l'étranger. Il a une haute valeur, étant considéré comme l'un des meilleurs cuirs au monde. À la belle époque de l'industrie du cuir du pays, les mastodontes mondiaux de la tannerie venaient s'approvisionner chez nous. Imaginons alors ce que cela pourrait nous rapporter...
Le commerce international du cuir représente 43 milliards de dollars. La part de l'Algérie est devenue quasi inexistante dans le domaine. Pourtant, son potentiel est énorme! Elle a le plus grand cheptel du Maghreb avec près de 40 millions de têtes. Mais paradoxalement, toute l'industrie du cuir dans le pays est paralysée par le manque «criard» de matière première.
Les tanneries algériennes manquent de peau. Ce sont des millions de dollars qui sont perdus. Youcef Yousfi a donc décidé de «sauver» la peau des moutons pour «booster» l'économie nationale. En parallèle, il compte refaire la même expérience avec la récupération du liège, un autre trésor délaissé. Ce sont là, des petites industries qui ne demandent pas trop de moyens, mais qui peuvent rapporter gros au pays...


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