Algérie - 02- Origines

Casbah d'Alger : Le palais de la princesse Khedaoudj el Amia (l'aveugle).


Casbah d'Alger : Le palais de la princesse Khedaoudj el Amia (l'aveugle).

La princesse Khadidja ou Khedaoudj el amia (l'aveugle) était d'une rare beauté. Elle passait le plus clair de son temps devant sa glace se contemplant et admirant son charme que l'on disait hors du commun. Elle changeait de tenue et de coiffure plusieurs fois par jour, corrigeant une imperfection ou redressant une mèche rebelle qui ferait offense à cette apparence qu'elle voulait unique. Le maquillage était, de toute évidence, trié et savamment choisi pour rehausser encore plus ses traits. Son narcissisme allait grandissant tant elle se trouvait belle au-delà de ce que l'on peut décrire. Son souci du détail, qui la maintient rivée à son miroir, lui fit perdre la vue, dit-on. Une autre version impute la cécité de la princesse au khôl (tracé des yeux) qu'elle utilisait pour souligner ses yeux. L’excès de ce fard aurait, été la cause de ce drame, selon certains.
Édifiée en 1570 sur le site appelé Souk El Djemaâ dans la Basse-Casbah, sur les ruines de la zaouia et du mausolée de Sidi Ahmed Ben Ali par un officier de la marine algérienne en l'occurrence Rais Yahia, la maison n'avait pas l'allure d'un palais mais simplement d'une grande demeure. Elle avait été acquise par Khaznadji Hassan Pacha, trésorier du roi ottoman sous l'ère du Dey Mohamed Ben Othmane qui a introduit des modifications et des extensions, lui conférant l'aspect d'un palais qu'il a offert a sa fille Khadidja El Amia. Après l'invasion de l'Algérie par les français, en 1830, les propriétaires des lieux ont été délogés, moyennant une somme modique, et le palais est devenu le siège de la première mairie française d'Alger. Mais devant la magnificence des lieux le roi de France de l'époque, Napoléon III et sa femme Eugénie, ont décidé d'y élire domicile à partir de 1860. Chaque fois que Napoléon venait à Alger il se rendait directement à ce palais. Le palais conserve jusqu'à nos jours, son cachet architectural authentique. Un portail imposant de bois sculpté s'ouvre sur l'entrée principale qui mène à un long vestibule appelé "skifa" adossée à des colonnes en marbre torsadées. Quatre arcades sont alignées sur le côté gauche séparées par trois colonnes torsadées. Deux arcades longent le côté droit du mur de la skifa (vestibule) orné de faïences aux couleurs gaies appelées "Zelaidj". A l'étage, se trouvent les chambres aux murs richement décorés laissant transparaître l'art mauresque dans ses formes les plus raffinées et qui renseigne sur le niveau artistique et le faste qui a caractérisé l'époque ottomane. Un connaisseur s'apercevrait vite des modifications purement européennes introduites sur les pièces du haut, et ce, à partir de 1860, date de la prise du palais par Napoléon III et son épouse Eugénie.
Pour accéder aux étages supérieurs, le visiteur doit emprunter un escalier lui aussi surmonté d'une coupole. Au dernier étage, se trouve le Menzah (terrasse) qui donne sur la façade maritime qui permettait aux occupants des lieux de respirer l'air revigorant de la mer, et aux femmes d'échapper à l'enfermement que proposent les pièces du palais. Comme dans toute maison, le palais renferme les cuisines où se trouve un puits pour les travaux quotidiens, les bains et les salles d'eau. Transformé en 1947 en un service de conservation de l'artisanat, le palais est devenu en 1961 musée des arts traditionnels et un salon permanent pour les ateliers d'artisanat et des métiers anciens.
En 1987, il devient le siège du musée national des arts et traditions populaires. Entre la légende et la réalité qui ont entouré ce site majestueux, la maison "El Bakri", comme il plait aux Algérois de l'appeler, est là et bien là, remplissant sa mission historique, celle de rester avant tout ce lien d'authenticité qui unit les générations.


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