Algérie

24 cas dénombrés depuis le début de l'année Les chômeurs au premier rang des suicidés


Le suicide est devenu, malheureusement, un phénomène social inquiétant dans l'Algérie du 3ème millénaire. Ces dernières années, il a pris des contours tout simplement alarmants. Les chiffres communiqués vendredi, par la Gendarmerie nationale, méritent qu'on s'y attarde, sachant qu'il ne s'agit là que d'une source qui reste, hélas, une parmi d'autres, notamment la Protection civile, les hôpitaux, ou la Sûreté nationale. Selon la Gendarmerie nationale, 33 cas de suicides ont été enregistrés au cours du 1er trimestre 2008, dont 26 personnes, de sexe masculin, âgées entre 17 et 30 ans. En outre, et c'est là le plus inquiétant, 24 d'entre eux étaient des chômeurs. C'est en fait parmi la jeunesse, et notamment celle qui n'a pas été intégrée dans la société à travers une fiche de paie, une assurance sociale que sont recensés les plus gros cas de suicides. Le constat est d'autant alarmant, catastrophique pour toute la politique sociale et économique prônée par les différents gouvernements depuis 1990, que le remède à ce mal est loin d'être trouvé. Avec le marasme social, le manque d'imagination d'une administration algérienne qui broie même ceux qui la dirigent, la jeunesse, affaiblie par le poids social et l'absence de visibilité sur son avenir, n'a d'autres alternatives que le suicide ou le départ précipité sur une felouque vers la mort en haute mer ou l'Eldorado européen. Les chiffres communiqués par la gendarmerie révèlent furieusement que la politique sociale menée en Algérie n'a donné aucun résultat probant. Sinon, comment interpréter le fait que les caisses du Trésor public croulent sous les milliards de dollars alors que les créations d'emplois stables et rémunérateurs, par des investissements porteurs, sont presque nuls par rapport à la demande ? Comment bomber le torse chaque année en annonçant les chiffres des candidats aux examens de fin d'année, lorsque les dizaines de milliers d'universitaires diplômés grossissent chaque année le nombre effarant des chômeurs en Algérie. Assurément, il y a d'énormes et d'inquiétants disfonctionnements du système socio-économique algérien qui n'arrive plus à générer un équilibre social qui ouvrirait la voie vers la prospérité. En fait, il y a des indices qui ne trompent pas, et le suicide en est, que le pays s'achemine progressivement, malgré l'importance des recettes pétrolières, vers une exacerbation du sous-développement. Comment interpréter le geste suicidaire de ce jeune homme de Gdyel, dont la dignité a été bafouée et qui a donné lieu à une démonstration de colère de milliers de jeunes oubliés, marginalisés, enterrés dans leurs villages, leurs douars ? Les événements de Chlef et Chettia (le village né de la reconstruction après le séisme de 1980), et que l'administration locale n'a pas su décoder, sont un message autrement plus fort pour que l'on ne noie pas le poisson à chaque éruption sociale en «victimisant» une jeunesse à bout d'espérance, d'espoir quant à une éventuelle amélioration de leur situation. L'économiste algérien Abdellatif Benachenhou a bien résumé cette scabreuse situation de marasme social et économique dans laquelle le pays se débat : il existe un immense potentiel financier en Algérie détenu par une infime partie de la population qui n'a jamais su ou voulu l'investir. D'autant que les programmes de relance économique, dotés d'une manne financière extraordinaire, sont gérés par l'administration (wilayas, daïras et APC) qui en apprécient mal les effets socio-économiques. Sinon, pourquoi ces suicidés en hausse constante, et, surtout, ces départs massifs, comme une prodigieuse migration naturelle vers l'autre côté de la Méditerranée de dizaines de jeunes de l'intérieur du pays. Quant au nombre réel des suicides, il n'a jamais été divulgué. Il est toujours considéré comme un tabou.


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