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Campagne électorale à Oran



Campagne électorale à Oran
"J'ai assisté à pas mal de discours de candidats et, croyez-moi, ils dénotent d'une indigence criante, sans parler du décalage avec la réalité du pays."A quelques heures de la clôture de la campagne électorale, la rue oranaise était sous l'emprise de contingences électoralistes frisant parfois l'irrationnel, comme le confirment les témoignages des citoyens pris à chaud. "La présidentielle 2014 ' Seul Dieu saura nous préserver de cette épreuve qui vient départager les Algériens sur le sort de cette élection", affirme Djilali, un fonctionnaire de 47 ans.Omar, 38 ans, au chômage depuis sept ans, est un échalas qui vous parle en regardant du côté de la mer. "Moi, je ne demande qu'une chose, obtenir un visa et déguerpir au plus vite de ce pays". Notre interlocuteur précise avoir tenté la "harga" à trois reprises. "La troisième tentative de gagner les côtes espagnoles a été vouée à l'échec alors que j'étais tout près du but", déplore-t-il. Quand nous lui posons la question de savoir s'il allait voter, il répond par l'affirmative. "Vous savez, il ne faudrait par perdre de vue que le président Abdelaziz Bouteflika a amnistié des milliers de jeunes des obligations du service national, et s'il est réélu, je fonde personnellement l'espoir pour qu'il engage de sérieuses négociations avec les Français pour nous faciliter l'obtention du visa !". Pour lui, les autres candidats ne "font pas le poids" face à Bouteflika. Nous avons essayé d'en savoir un peu plus sur cette assertion. "Dites-moi quel candidat autre que le président Bouteflika aurait pu séjourner à sa guise à l'hôpital du Val-de-Grâce s'il n'était pas un chef d'Etat puissant '", nous lance encore Omar, le plus sérieusement du monde. Changement de décor.Le marché de la Bastille, autre lieu-tensiomètre d'Oran où une grande partie de la population accomplit ses emplettes. Des chalands marchandent en surveillant du coin de l'?il le vendeur de légumes. "Attention à ne pas me fourguer des tomates pourries comme l'autre fois sinon je le dirais au président Bouteflika", insinue ingénument une grand-mère. Il n'en fallait pas plus pour provoquer une sorte de "discours" spontanés mêlés de facéties. "Ah bon ' Et qu'allez-vous dire à un homme qui ne peut pas parler '", lance, provocateur, le marchand à la cantonade. S'ensuit alors une véritable prise de becs. "Tu devrais avoir honte car sans notre président on serait tous morts maintenant et jetés en l'air", intervient un vigoureux sexagénaire.Tout près de là, le siège du parti FLN résonne aux chants patriotiques donnés en boucle. Un portrait géant du président Bouteflika couvre le fronton de l'ancienne banque faisant face au café Riche. Des jeunes, attablés dans une cafétéria populaire jouxtant les locaux du vieux parti, s'acharnent à convaincre un de leurs amis de boycotter le scrutin. "Non, je ne peux pas car j'ai juré à mon paternel que j'irai voter pour Bouteflika". Le garçon de salle ajoute sa touche de piquant. "Le vote est un droit et un devoir personnel". Charivari dans la salle. Tous les clients qui étaient plongés dans la lecture des journaux semblent s'arracher de leur léthargie. "Programme ' De quel programme parles-tu mon ami '", lui rétorque-t-on.Un quinquagénaire, l'air débonnaire, s'invite dans la mêlée provoquée par le serveur. "J'ai assisté à pas mal de discours de candidats et, croyez-moi, ils dénotent d'une indigence criante sans parler du décalage avec la réalité du pays". Au gré de ces discussions, surgit le nom de Ali Benflis. Ce client, jusque-là taciturne, se laisse prendre dans un florilège d'éloges. "Je considère l'ancien chef de gouvernement comme le principal rival du président sortant pour cette élection", dit-il. "Vous verrez que sans la fraude électorale, cet ancien magistrat qui s'était fait discret sur la scène politique depuis dix ans, pourrait avoir les épaules suffisantes pour prendre la tête d'El-Mouradia...".K. R INomAdresse email







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