Algérie

Caméra angle opposé




Une mort sur mesure La Cour d’appel irakienne vient de confirmer la con-damnation à mort prononcée en première instance par le tribunal spécial irakien. Il est difficile d’imaginer des magistrats irakiens planchant sur le cas Saddam et rendre leur verdict, en leur âme et conscience, selon l’expression consacrée. Pour la bonne et simple raison -et concernant ce cas précis- que les juges n’avaient pas besoin de conscience. D’autres, loin de l’Irak millénaire détruit aujourd’hui, avaient déjà pensé et décidé pour eux au cours de la nuit du 21 au 22, un certain mois de mars de l’année 2003. Ce ne seront, d’ailleurs, pas les Irakiens qui se sont empressés d’applaudir la décision prise par le tribunal de Baghdad, mais la Maison-Blanche, d’où est parti l’ordre d’envahir l’Irak, comme pour se démarquer et se disculper d’une action, ordonnée, coordonnée et donnée pour exécution à de mauvais figurants.Tout est faux dans cette affaire. De la menace que faisait planer l’Irak de Saddam sur la paix dans le monde, aux armes de destruction massive, en passant par la force de l’armée irakienne présentée comme étant la 4ème puissance militaire mondiale, avant l’Allemagne et la Grande-Bretagne, dont les troupes occupent le Sud. Tout est manipulation. Jusqu’au procès où des témoins censés être morts depuis des années ont brusquement ressuscité pour présenter des documents accablants. Une prouesse incroyable alors qu’il était inimaginable, du temps de Saddam, qu’un Irakien (quel que fut son rang) puisse garder des documents aussi compromettants. Comme pour se prémunir d’une mauvaise fin, les concepteurs de la loi (américaine) pour l’Irak, «aucune autorité, pas même le chef de l’Etat, ne peut user du droit de grâce ni commuer les peines prononcées», a tenu à le préciser le porte-parole de la cour d’appel du Haut tribunal pénal irakien, le très officiel Raëd Jouhi. Certains, parmi la défense de Saddam, se demandent si Jouhi ne serait pas le porte-parole de la Maison- Blanche, également. Comment peut-on imaginer, un seul instant, le fonctionnement d’une loi qui ferait abstraction d’une chose aussi importante (et noble) que la grâce dans le cas d’une peine de mort? Pourquoi les (larbins) Irakiens, qui se sont montrés si intraitables sur la dignité de leurs concitoyens, se sont brusquement tus, s’agissant des mêmes crimes qui ont frappé d’autres Irakiens? Pourquoi n’ont-ils pas arrêté et jugé sur les lieux de leurs méfaits, en territoire irakien, les Américains qui se sont rendus coupables de tortures dans la prison d’Abou Ghraïb, alors qu’il n’y avait pas besoin d’aller loin pour chercher des preuves? Pourquoi le téméraire juge Raouf Rachid Abdel-Rahmane n’a-t-il pas hurlé aussi fort à la face de Rumsfeld, comme il l’avait souvent fait à la face de Saddam, pour exiger qu’on condamne à mort les huit soldats américains, et James Baker en particulier, qui se sont rendus coupables de crime contre l’humanité (comme celui de Saddam) en violant et en assassinat une jeune irakienne de 14 ans ainsi que toute sa famille? A quel impératif, sinon politique, obéit cet empressement de mettre à exécution une condamnation à mort dans les 30 jours à venir, alors que des criminels qui sont les auteurs directs de leurs actes attendent depuis des années dans les couloirs de la mort des prisons américaines? Est-ce là le comportement d’un fervent religieux ou la monnaie de la pièce qu’est en train de rendre Bush à Saddam pour les 3.000 soldats américains tués en Irak? Qui est le véritable responsable de leur mort? Celui qui s’est défendu ou celui qui les a envoyé mourir? En attendant qu’un jour un tribunal international puisse trancher sur la question et rendre son jugement, un président démocratiquement élu va être exécuté en toute injustice sous la bannière des droits de l’Homme, dans un procès inique et entaché de graves irrégularités, comme l’a souligné Amnesty International. «Tout accusé a le droit à un procès équitable, quelle que soit la gravité de l’accusation dont il fait l’objet. Ce principe, très simple, a été ignoré tout au long des décennies de dictature de Saddam Hussein. Son renversement offrait la possibilité de rétablir ce droit élémentaire, tout en établissant les responsabilités pour les crimes commis par le passé. Non seulement le tribunal n’a pas saisi cette occasion, mais il a, en plus, opté pour la peine de mort.» Ainsi s’exprimait Malcolm Smart, le directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. A quoi sert-il aux Américains de parler de démocratie et de droits de l’Homme, en Irak, si c’est pour faire pire que Saddam. L’ex Raïs avait, au moins, l’excuse d’être un dictateur.

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