Algérie

Caméra angle opposé



Jouons à : «Blair a dit» En guise de baroud, en l’honneur de son départ du palais de Manhattan, Kofi Annan a tenu à mettre les choses au clair. Ce ne sera pas lui qui bénira tout ce que fait Bush dans sa vision totalitaire d’un monde dominé par les Etats-Unis. Le Noir a résisté, vaille que vaille, aux pressions et injonctions du locataire de la Maison-Blanche et a confirmé ce que tout le monde savait déjà. C’est à dire que les Américains exigent des autres ce qu’ils sont les premiers à ignorer et que le respect de la dignité humaine, plus connue sous le pudique vocable de droits de l’Homme (prétexte des guerres), est le cadet des soucis de Bush. Pour sa dernière conférence de presse, le courageux Annan vient d’affirmer qu’une intervention militaire en Iran serait «imprudente et désastreuse». Une manière de répondre aux assertions du «Caniche», qui est en train de sous-traiter pour son (maître) à penser américain. Le désormais futur ex-patron de l’ONU a lancé cet avertissement alors que le Conseil de sécurité débattait d’une résolution qui imposerait des sanctions à Téhéran pour son refus de suspendre l’enrichissement de l’uranium. Ce message est surtout adressé à Blair qui vient de désigner, de Dubaï, l’Iran comme le principal obstacle à la paix au Moyen-Orient.Aboutissement logique de cette accusation, le «Caniche» a appelé à lutter contre son influence. «Ils (les Iraniens) cherchent à nous empêcher d’avancer au Liban, en Irak, en Palestine. Notre réponse devrait être de démontrer cette attitude, de construire des alliances pour s’y opposer et faire reculer leur influence dans la région», a déclaré le Premier ministre britannique. Le Hezbollah a arrêté l’avancée au Liban. Mais ce n’est sans doute pas de cela dont parle Blair, bien que ce soit ce coup d’arrêt qui est en train de bouleverser la donne. Et, il est peu probable que le concept de construction qu’il évoque soit le même que celui perçu par la communauté internationale qui s’était opposée à l’invasion de l’Irak en 2003 et qui avait été présenté, et par Bush et par Blair, comme étant un processus de reconstruction du Grand Moyen-Orient. Il est douteux, par ailleurs, que l’influence iranienne néfaste évoquée puisse être plus dangereuse que les massacres et crimes contre l’humanité commis par les Israéliens dans les territoires palestiniens, que les bombardements et crimes de guerre qu’ils ont perpétrés au Liban, et soit plus hasardeuse -pour la paix dans la région- que la perpétuation de l’occupation du Plateau du Golan syrien. Il est, encore, plus difficile de croire qu’un projet nucléaire, conçu à des fins civiles jusqu’à preuve du contraire, est plus dangereux pour la paix mondiale que les ogives nucléaires détenues par l’Etat hébreu, selon les propres aveux de Mordechai Vanunu. Un pacifiste juif condamné à l’emprisonnement et à l’isolement pendant 18 ans dans son propre pays et qui continue d’être persécuté, depuis sa drôle de libération, par une impitoyable restriction des libertés individuelles, une interdiction de parole et de rencontre dans un pays présenté comme étant un modèle de démocratie! «Nous mettons la démocratie israélienne au défi de prouver que ces restrictions sont compatibles avec les règles démocratiques en vigueur dans le reste du monde» a dit Vanunu. S’agit-il de cette démocratie dont parle Blair qui avait déclaré «Une lutte de grande envergure est en cours au niveau mondial entre ceux qui croient à la démocratie et au modernisme et les forces réactionnaires et extrémistes»? Le seul instant où Blair a dit vrai, c’est lorsqu’il affirmait dans son discours que «la solution viendra de la région elle-même, mais son destin aura des répercussions, pour le meilleur ou pour le pire, partout dans le monde». Le problème c’est qu’il ne s’agit pas de la même solution à laquelle pense le Britannique. Car, comme l’a dit un célèbre écrivain arabe, «l’Occident n’aime pas qu’on lui ressemble, mais seulement qu’on fait ce qu’il dit».



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