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Ça va, la Tunisie n'est pas devenue l'Afghanistan!



Ça va, la Tunisie n'est pas devenue l'Afghanistan!
Dans cet article, Ramsès Kéfi ironise sur les idées reçues à propos de la Tunisie actuelle, gouvernée par les islamistes d'Ennahda. Il rappelle que les coups d'éclat des salafistes ne signifient pas qu'ils ont pris le pouvoir à Tunis. Les islamistes ont aussi le droit de faire de la politique, affirme-t-il, estimant que l'instabilité consécutive à la révolution tunisienne n'est pas pire que celle qui a succédé à toutes les révolutions qu'a connues la planète.
Il y a quelques semaines, un ami français m'a demandé s'il pouvait venir en Tunisie. Si mon pays ne s'était pas transformé en un califat, où les salafistes règneraient d'une main de fer.
«On» lui avait dit que dans certaines régions, la charia était déjà en vigueur. Qu'il y avait des mains coupées, des barbus partout et le voile intégral à tous les coins de rues. Que Tunis était proche de tomber. Qu'aller dans les régions de l'intérieur du pays, ce n'était même pas la peine puisque que «ces gens» ne voulaient plus rien savoir.
Je lui ai répondu avec humour:
«Bien sûr, et les plages ont disparu et le soir, nous pendons les petites filles dans les stades.»
Je ne lui en voulais pas. Comment pouvais-je le rendre responsable de telles inepties, quand beaucoup de journalistes et politologues français les colportent (quasiment) chaque fois qu'ils tentent une analyse sur la situation de mon pays'
Je m'appelle Mondher, j'ai 37 ans. J'ai terminé mes études d'ingénieur en France au début des années 2000. J'y ai laissé de très bons amis et gardé une affection toute particulière pour un pays qui m'a choyé et magnifiquement bien accueilli.
Je suis ensuite rentré chez moi, à Tunis, pour exercer mon métier dans une petite société dans laquelle je travaille toujours. En janvier 2011, je n'ai pas participé au soulèvement populaire.
A dire vrai, sans le désapprouver, je n'y croyais pas et, égoïstement, j'avais mon petit confort. J'ai regardé tout ça aux infos: les émeutes, la chute du régime et les scènes de liesse aux quatre coins du pays. Comme beaucoup, j'ai donc pris le train en marche.
«Laissez-nous apprendre, laissez-nous nous tromper»
Depuis l'exil saoudien de Zine (Ben Ali, Ndlr), tout n'est pas rose ici. Notre économie vacille et la population se pose tout un tas de questions. Sur la politique, la démocratie, l'avenir.
Nous n'avions pas l'habitude d'improviser et de réfléchir par nous-mêmes: ici, tout était minutieusement encadré.
Mais quand je lis les articles larmoyants à souhait sur la situation de la Tunisie dans la presse française, je ris jaune. Parlons-nous du même pays'
Tout n'est pas rose, certes! Mais Ben Ali n'a pas laissé un pays prospère contrairement à ceux que peuvent croire certains. Il se contentait seulement de camoufler la misère. De truquer les chiffres.
D'interdire les caméras, les appareils photos, les micros. Toute la mouise est en train de remonter à la surface. Vous savez, la Tunisie ne se résume pas à sa capitale, sa banlieue huppée et ses stations balnéaires.
La Tunisie, c'est aussi un arrière-pays dévasté par les politiques successives du premier président, Habib Bourguiba, et de Ben Ali: Kasserine, Jendouba, Sidi Bouzid et j'en passe, qui n'apparaissaient pas sur les cartes postales.
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