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C'était Ben Bella

Fils de chouhadas, de père et de mère, en 1963, j'avais 17 ans. Pour gagner mon pain quotidien légitimement, à la sueur de mon front et à l'huile de mes coudes, j'ai travaillé quelques semaines comme garçon de cuisine au centre CASORAL (sécurité sociale algérienne) de Bou-Ismaïl, ex. Castiglione.

La visibilité du centre se trouve limité par de hauts murs d'enceinte. Les jeunes pensionnaires, une quarantaine, étaient des enfants de chouhadas âgé d'entre 8 et 12 ans environs.

Ce jour là, le centre affichait lentilles pour menue unique, sans hors d'œuvre ni dessert. Vers 11 heures, au loin, un bruit identique à celui des rotors des hélicoptères qui ont contribué à l'effacement de leurs douars, massacré leur parent, s'approchait rapidement et inexorablement. Littéralement terrorisés, les jeunes pensionnaires criaient à tue-tête, appelaient leurs père et mère à la rescousse et cherchaient à se cacher comme ils le pouvaient, dans des coins et sous des tables.

Soudain, de manière totalement inopinée, une DS19 noire précédée de motard montés sur de grosses motos de marque BMW, qui faisaient le même bruit que les rotors des hélicoptères, pénétraient dans la cour du centre. Le conducteur de la DS19, ses 4 passagers, les motards, mettaient pieds à terres et accouraient vers la cantine. Les enfants sortaient de ce qu'ils croyaient être un abri sûr, répudiaient leur terreur, braquaient leur regard vers un visiteur particulier. Habillé en tenu militaire, de ces deux mains, ce denier sortait des ses poches cargos des friandises qu'il distribuait équitablement à chaque pensionnaire, leur caressant affectueusement la tête tout en les regardant droit dans les yeux et en leur déclarant, en Arabe dialectal :
"N'ayez pas peur ! Al Dzaïr, Yemmakoum ouanna babakoum ma nessemhouche fikoum" (L'Algérie, est votre mère et moi, votre père, nous ne vous abandonnerons pas" s'était-il engagé.

Ce visiteur providentiel, totalement inattendu, était Ahmed Ben Bella, l'un des plus illustres révolutionnaires algériens, le premier et le plus légitime Président de la république algérienne. Il était accompagné de deux motards et 4 personnes dont le conducteur de la voiture présidentielle. Parmi ses compagnons 2 étaient de type européen. Le Président Ben Bella nous les avait présentés par leurs prénoms : Pepito et Ernesto, comme étant des cubains, des amis de l'Algérie. J'apprendrai plus tard que Pepito était l'ambassadeur de Cuba en Algérie et Ernesto, le fameux Che Guevara.

Rappelons aux générations post coloniales que la révolution algérienne était une révolution : paysanne, rurale, montagnarde ou des villes mais des kasabahs et des gourbis, populaire. Les historiques, parmi eux Ahmed Ben Bella, qu'Allah ait son âme, n'était que l'un de ses plus ardents et des plus sincères serviteurs.

J'ai une foi quasi religieuse que si Ben Bella, croyant, pétré de la culture algérienne, issu de la paysannerie, proche du peuple, s'il n'avait pas été trahi un certain 19 juin 1965, il aurait tenu ses promesses au-delà de ses engagements, rendu la révolution, avec ses avantages et ses inconvénients, à son légitime propriétaire, au peuple, pris soin des plus faibles : des veuves, des orphelins et des déshérités.

Gloire à nos martyrs ! Vive le peuple vive le Algérien.



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