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C'est quoi le RND '
A chaque fois qu'il intervient publiquement, Ouyahia ne manque jamais de nous rappeler que c'est son parti qui a sauvé l'Algérie du péril islamiste au moment où le pays était complètement déstabilisé par la violence et la terreur.C'est une constante chez lui qui consiste à faire valoir la respectabilité militante du RND, forgée selon lui durant la période de feu, pour mieux exorciser les préjugés qui lui collent à la peau.Mais ces préjugés, s'ils sont tenaces, sont loin d'être un simple argument de campagne à mettre à l'actif de l'opposition pour les besoins de la confrontation politique. Ils disent que le Rassemblement actuel, en devenant un instrument de propagande du Pouvoir, au même titre que le FLN, a grandement failli à la noble mission que voulait lui conférer à sa naissance son créateur, le regretté Benhamouda. Le RND était à l'origine une idée politique généreuse pour porter un projet de société républicain et démocratique contre la nébuleuse intégriste qui voulait instaurer un Etat théocratique.Le projet, en réalité, était un danger pour le courant intégriste, mais aussi pour les conservateurs du Pouvoir qui ne voulaient en aucun cas voir leurs plans changer de direction. Avec le lâche assassinat de l'ex-patron de l'UGTA qui commençait à afficher à l'époque sûrement trop tôt des ambitions présidentielles, c'est le concept d'un vaste et grand mouvement démocratique, appelé à fondre en son sein toutes les forces de la nation éprises de liberté et militant pour une vraie société démocratique qui tomba à l'eau.L'Algérie perdit avec cette disparition une occasion inespérée de compter dans ses rangs, dans le contexte du multipartisme balbutiant, un parti d'envergure qui pouvait transcender la réalité de la vie politique nationale. Une perte énorme pour le camp démocratique, mais une aubaine pour le sérail qui allait récupérer l'aura naissante du RND pour en faire un allié dans son dispositif de contrôle de la société.Le Pouvoir, alors sous mandat de Liamine Zeroual avait, il faut le dire, besoin de s'exprimer à travers un parti respirant le renouveau en quelque sorte pour supplanter le vieux FLN littéralement discrédité d'abord par la révolte populaire d'Octobre 88, ensuite par les revers électoraux subis devant les islamistes, et c'est dans cette optique de rayonnement et de promotion que l'administration a été impliquée pour faire du RND le grand parti qui dominera la scène politique, autrement dit une redoutable machine électorale à laquelle tous les moyens seront donnés pour gagner quelles que soient les circonstances, quelles que soient les épreuves.Le nouveau Rassemblement est donc né avec cette ambition qu'il affichait fièrement comme un attribut qui lui revenait de droit, et il ne tarda pas à répondre positivement dès ses premières apparitions sur le terrain puisqu'il arriva comme par enchantement à surclasser le FLN qui tentait de résister, mais en vain face à la pression du sérail qui avait désormais choisi son porte-voix. Ses victoires étant trop flagrantes pour un parti à peine sorti de son éprouvette, la presse indépendante le compara à l'époque à un bébé né avec la moustache pour montrer que l'ascension du nouveau monstre du Pouvoir était superficielle et n'avait aucune prise avec la réalité du paysage politique. Le RND qui eut même à sa tête le fantasque Benbaïbèche fonctionnait depuis comme du papier à musique, plutôt comme un cheval de course bien entraîné. Là où il était «placé», il était certain de gagner, l'important étant pour ses promoteurs d'être représentés majoritairement dans les assemblées élues, notamment au niveau des deux chambres parlementaires, et dans pratiquement toutes les institutions. Mais si ces victoires lui ont donné des ailes et une certaine assurance dans son cheminement politique, les algériens dans leur majorité savent que le RND version Pouvoir n'a pas réellement d'ancrage populaire dans la société.Comme ils savent aussi que les partis du Pouvoir tournent généralement davantage avec des fonctionnaires qu'avec des militants dignes de ce nom qui agissent à la base. Il n'y a donc aucune fierté particulière à tirer d'un parti largement sponsorisé par la puissance administrative de l'Etat comme le fait Ouyahia, un parti qu'il a trouvé, à son arrivée, déjà bien rodé pour les missions qui lui ont été confiées et qui continue à ce jour de fonctionner sur les mêmes principes d'allégeance, avec toutefois cette différence que la disgrâce pour le vieux parti ayant été entre-temps levée, il n'occupe plus la première place du podium qui lui avait été servie sur le plateau. Le RND d'Ouyahia, comme celui de Benbaïbeche ou de l'intermittent Bensalah n'a jamais été à proprement parler dans le combat militant, à l'image des grands partis d'opposition qui se sont construits à travers les dures épreuves de la répression et de la marginalité, il a plutôt été dans l'offre permanente de service politique au Pouvoir pour jouir de sa prétendue suprématie. Au même titre que le FLN qui renferme lui aussi quasiment que des fonctionnaires, et depuis un certain temps de plus en plus d'affairistes, le RND défendu par le directeur de cabinet de la Présidence est sûrement la plus grosse supercherie politique que l'Algérie ait connue. Un parti fabriqué de toutes pièces pour remporter les élections grâce à la fraude qui se retrouve au sommet de la hiérarchie politique et qui donne des leçons de démocratie et de bonne conduite.Quel sort aurait eu le RND s'il n'avait pas bénéficié du soutien de l'administration, autrement dit que serait devenu Ouyahia s'il avait été obligé de monter par lui-même le parti, sans l'aide de personne ' Un peu comme l'ont fait les leaders d'opposition qu'il traite avec mépris et arrogance.







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