Algérie - A la une


C'est ma vie
Par Belaà'd Mokhtar, un lecteurCette semaine, j'ai rencontré un ami marié à une Française installé en France depuis quelques années. Il est rentré au pays pour les vacances de fin d'année, il n'aime pas venir en été à cause de la canicule et de l'affluence des estivants en cette période. J'ai voulu connaître son quotidien là -bas, de l'autre côté de la Méditerranée, et aussi savoir si son mariage lui a permis de s'intégrer. Je lui cède donc la parole afin qu'il nous relate son vécu après cette union. «La majorité des Français n'ont pas l'esprit étroit, bourré de préjugés. Je suis accepté presque partout, sans ressentir le moindre rejet ou discrimination, mais l'étrange comportement de notre voisine, qui habite juste en face de chez nous, me laisse pensif. J'ai toujours considéré cette personne comme gentille, dépourvue de toute animosité envers les autres communautés ; je ne l'ai jamais soupçonnée d'avoir des idées négatives en ce qui me concerne, moi, un Algérien. Elle venait chez nous quand ça lui chantait, elle nous recevait aussi chez elle, on partageait souvent un gâteau à l'occasion des fêtes, on faisait des parties de belote à quatre avec son mari, un homme gentil et serviable, qui nous a rendu des services à mainte reprises. Lorsque je taillais la haie de notre jardin, il mettait sa voiture dotée d'une petite remorque à ma disposition pour le transport à la déchetterie des branches et du feuillage ; il m'a aidé à refaire la tapisserie des murs de notre cuisine ; il mettait aussi ses bras à notre disposition lorsque nous achetions un meuble ou un appareil électroménager trop lourd afin que je puisse le monter à l'étage. Lui aussi n'hésitait pas à me demander de lui prêter main-forte quand c'est lui qui achètait un meuble ou des objets qu'il ne pouvait pas déplacer tout seul.Ma femme était toujours disponible à aider ce couple de voisins dans leurs démarches administratives, l'entente entre nous était parfaite. Nous avons été invités au cinquantième anniversaire du couple vu que mari et femme ont à peu près le même âge, ils nous ont installés à leur table d'honneur et pour moi, ils ont prévu un repas en tenant compte de mes convictions religieuses, chose que j'ai beaucoup appréciée.L'époux était déguisé en Elvis Presley, Madame avait juste une perruque violette sur la tête, je n'ai pas deviné à qui elle voulait ressemblait, en tout cas ma femme et moi avons passé une très belle soirée. Il a eu l'amabilité d'accepter de transporter un lave-linge que nous avons acheté à plus de 70 km de notre lieu de résidence sur sa petite remorque, et le jour où cet appareil est tombé en panne, c'est sans rechigner qu'il a bien voulu refaire le même trajet pour une réparation chez le vendeur.Nous avons insisté pour payer les frais de ce déplacement, mais il a catégoriquement refusé, il a juste ajouté qu'il aimerait bien partager un bon couscous en famille avec nous en guise de remerciements Aussi tôt dit aussitôt fait, nous voilà tous réunis autour d'un plat typiquement algérien. Ce fut un vrai régal ! Ma femme a passé la journée entière devant ses fourneaux et le résultat était parfait. Le hic, c'est que pendant que tout le monde se goinfrait à pleines cuillerées, Madame refusait de se servir. Je lui ai posé la question du pourquoi de ce subit jeûne qu'elle s'imposait, elle m'a répondu qu'elle n'aimait pas le couscous et qu'elle n'y avait jamais goûté de sa vie.- Comment peut-on détester un plat dont on n'a pas testé la saveur ' En plus, c'est ton mari qui a souhaité manger du couscous, lui dis-je.Têtue, elle n'a rien voulu entendre.J'ai fini par savoir ce qui cogitait dans sa tête, le jour où un jeune qui réside près de chez nous est venu nous proposer la vente de plats préparés à des prix plus qu'attractifs dans le but de gagner un peu d'argent afin de financer un voyage organisé.Ce jour-là , cette dame était avec ma femme en train de discuter tout en sirotant un verre de jus dans la cuisine. Nous acceptons donc l'offre du voisin et passons commande. Notre invitée, intéressée elle aussi, voulait profiter de cette proposition de vente au rabais.Le problème c'est qu'elle n'avait pas d'argent sur elle, mon épouse m'a proposé de lui avancer la somme, ce que je fis avec plaisir et sans aucune objection. Quelques jours plus tard, la voilà qui revient chez nous dans le but de s'acquitter de sa modique dette de 28 euros.Ma femme prenait sa douche, c'est donc moi qui l'a accueillie. Je pensais qu'elle allait me remettre l'argent vu que c'est avec mon chèque que tout a été payé. A ma grande surprise elle a catégoriquement refusé de me donner la somme sans la présence de mon épouse. Je n'en croyais pas mes oreilles ! J'ai beau lui expliquer que ma femme était occupée et que l'argent avancé m'appartenait, elle ne voulait rien savoir. Elle n'avait pas confiance en moi. Il ne faut pas être très perspicace pour deviner ce qu'elle pensait des Maghrébins en général.J'ai décidé de ne plus jamais lui adresser la parole et de la bannir de nos relations. J'étais loin d'imaginer que cette femme en qui nous avions une confiance aveugle, ce couple que nous estimions, avec lequel on a tissé une amitié sincère doutait de moi.Elle a même eu le culot de revenir toquer à notre porte. Manque de chance, c'est moi qui ai ouvert la porte. En découvrant que c'était elle, je lui ai claqué la porte au nez. C'est donc tête basse et confuse qu'elle est rentrée chez elle, comprenant enfin que la coupure était définitive.Sachant que son épouse était fautive, le mari continuait quand même à nous saluer, bien sûr à son insu.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)