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C'est ma vie
Notre première rencontre avec le Dr Massen reste gravée dans notre mémoire. C'était en automne 1989, à l'hôpital de Tlemcen, au service pédiatrie plus exactement. Il était 5h du matin, nous étions au chevet de notre fils Abdou. De son air le plus avenant et le plus serein, il nous dira : «Demain il ira mieux.»Abdou avait alors six mois, il était hospitalisé pour insuffisance respiratoire. Son état ne s'améliorait guère, il faut dire que nous commencions à perdre espoir, mon épouse et moi, et c'est à ce moment-là qu'un jeune médecin avança vers nous pour nous rassurer en nous parlant sur un ton très calme : «Demain votre enfant ira mieux.» Trois jours plus tard mon fils quitta l'hôpital et ne garde aucune séquelle de son mal.L'annonce de la mort du docteur Massen a été ressentie comme un véritable drame aussi bien par sa famille que pour tous les petits malades à qui il savait rendre le sourire. Ce sont désormais de véritables orphelins qui le pleurent. C'est une perte énorme pour le service pédiatrie, la disparition de cet éminent professeur a été vécue comme un choc à Tlemcen et les petits patients ne sont pas près d'oublier celui qui fut pour eux, un père.Après de brillantes études en médecine, il est affecté à l'hôpital de Béni Messous, où il acquiert une grande expérience auprès de grands spécialistes, comme les Prs Grangaud et Mazouni.il arrive en 1984 à Tlemcen, comme maître-assistant et en compagnie du Dr Inal, il sera l'initiateur et le fondateur du service pédiatrie et des différents services de néonatologie.Le Pr Massen était aussi un spécialiste de la nutrition infantile et souvent sollicité par les experts de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur différents sujets, tels que la malnutrition protéinocalorique, protéique et en micronutriments. On le sollicitait également pour des missions dans les pays africains comme le Mozambique pour traiter les enfants souffrant de malnutrition.Il a commencé à former ses premiers résidents en 1991 et depuis, des générations de pédiatres sont sorties de son service. En 2008, il obtient son doctorat autour du thème «La carence en fer et en vitamines chez l'enfant».Il était d'une grande humilité et ne tolérait aucune forme de gaspillage. Intègre et cultivé, il exprimait toute sa compassion et sa solidarité aux parents du monde rural, et aux couches défavorisées. On l'appelait le médecin des pauvres. La santé souvent fragile de leurs enfants l'inquiétait beaucoup. Cet enfant de Miliana a été très vite adopté par la population de Tlemcen qui exprime aujourd'hui à sa famille et à l'ensemble du corps médical sa compassion et sa reconnaissance. Le souhait de ses amis est de baptiser de son nom l'EHS pour lequel le défunt s'est pleinement engagé et a donné les meilleures années de sa vie. Il y a 10 ans, le professeur Massen nous rendit visite au bureau du Soir d'Algérie à Tlemcen en compagnie de son épouse, pour annoncer par voie de presse à la population l'ouverture de son cabinet médical à El-Kiffane.Nous garderons de lui le souvenir de l'homme intègre qui a fait de son métier un véritable sacerdoce, il a donné toute sa vie à la médecine et aux enfants malades, en négligeant parfois sa propre santé. Aimant son pays et ayant l'amour de la patrie, il ne l'a jamais quitté même dans les moments les plus difficiles. Il est mort dans son sommeil sans souffrir, suite à une crise cardiaque. Il avait 63 ans.


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