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Butin du régime et mascarade



Butin du régime et mascarade
On croyait que les limites de l'autoritarisme du régime de Bouteflika avaient été atteintes depuis sa maladie. Malheureusement, chaque jour qui passe prouve le contraire.Aujourd'hui, celui-ci semble plus déterminé que jamais à faire passer «sa révision» constitutionnelle, au mépris de la souveraineté populaire, et ce, en choisissant de la faire entériner par les deux Chambres du Parlement ou plus précisément, ce qu'elles comptent de députés et sénateurs du FLN et du RND. Passage au pas de charge au mépris de tout, y compris de l'opposition parlementaire qu'il a tenté plus d'une fois d'en faire «son alibi» démocratique.De tous ceux qui se sont succédé en Algérie, le régime de Abdelaziz Bouteflika est celui qui, en une quinzaine d'années, aura le plus «trituré» la Constitution. Trois fois plus avec celle de 2016, pour la tailler à sa mesure. Et en premier lieu, une volonté de «pérennisation» d'un régime ou plus exactement de ses faits et méfaits à travers pas moins de 74 amendements et 38 nouveaux articles.L'objectif caché étant, sans doute, de mettre à l'abri les 15 années d'une gouvernance autoritaire à la limite d'une «monarchie présidentielle absolue». L'impunité en quelque sorte pour tout ce qui aura été initié et fait depuis 1999 et ce jusqu'à la fin du régime de Bouteflika et pourquoi pas même au-delà.Cette Constitution qu'il s'apprête à en faire un fait accompli, loin de toute considération démocratique, est d'abord et avant tout le reflet de la personnalité de son initiateur qui l'a promise aux Algériens il y a quatre ans.C'est, en effet, surtout le mépris dont il fait preuve à l'égard des institutions aussi imparfaites qu'elles soient et des citoyens, d'une manière générale, que l'on s'apprête aujourd'hui à inscrire dans le marbre constitutionnel.Sinon, comment oser faire figurer en préambule, comme l'ont noté quatre femmes intellectuelles dans une brillante contribution à El Watan, la lutte du peuple algérien pour le recouvrement de sa souveraineté à travers d'abord l'édification d'un Etat national et la politique de «réconciliation nationale» initiée par Bouteflika, venue absoudre les crimes de ceux qui ont juré d'abattre l'Etat algérien ' Et ce, sans risque de voir le texte se transformer en «butin du régime et non pas un trésor de l'Etat», selon l'expression des signataires. Comment mettre sur un même niveau l'action émancipatrice du 1er Novembre 1954 du peuple algérien et un projet criminel et une entreprise terroriste de grande ampleur qui a causé des milliers de victimes, des dégâts considérables durant une décennie ' D'aucuns y voient là un parjure, une forfaiture.On peut citer encore ce déni à l'égard des Algériens nés à l'étranger ou porteurs d'une seconde nationalité et leur exclusion pour l'accès aux hautes responsabilités de l'Etat et aux fonctions politiques, alors que l'initiateur de cette révision, comme on aime le rappeler, a lui-même vécu durant des décennies à l'étranger. Face à cette mascarade constitutionnelle, beaucoup ont toutes les raisons de s'inquiéter pour l'avenir. Et ce, tant que le mépris à l'égard des Algériens restera le moteur du régime.


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