Business de nuit au marché de Leghrous

4h du matin. La température frôle les 0°C. Mais l'odeur du chawarma réchauffe les centaines d'agriculteurs, pour certains arrivés la veille en début de soirée.Car au marché de Leghrous, le plus important marché de gros de la wilaya de Biskra et un des plus grands du pays, les places sont chères. En particulier l'hiver où tous les légumes consommés au Nord arrivent du Sud. Dans la nuit, le business ne connaît pas d'heure. On y vend du thé, une place de parking, des sandwichs, et? des journaux au kilo ! Ces derniers servent à tapisser les cageots dans lesquels sont entreposés les fruits et légumes. Les négociations commencent en réalité bien avant 4h. Au téléphone.Les grossistes appellent les agriculteurs avec lesquels ils ont l'habitude de travailler pour voir ce qui va arriver sur le marché et pour se renseigner sur sa qualité. Sur place, les prix se négocient encore aux enchères, à même les camionnettes. Comme il n'y a pas de lumière, les grossistes se baladent avec des torches pour inspecter la marchandise. Aucun contrôle des prix n'est effectué. Aucune garantie de sécurité n'est assurée. «On prend un grand risque, car on paie tout en espèces, témoigne Malek, un grossiste.Si jamais des voleurs ou des voyous débarquent au marché, on ne peut rien faire.» Les agriculteurs, eux, se plaignent des conditions de vente : «C'est nous qui nous fatiguons pour cultiver nos terres et quand on arrive au marché, on se fait voler, témoigne Ferhat. On vend le kilo de courgettes à 70 DA et les grossistes le revendent à 150 DA sur les marchés du Nord ! Ce n'est pas normal.»