Algérie

Branle-bas de combat.



Il y a chez nous un goût irrépressible pour le faste et l?apparat. Un penchant inaltérable pour le clinquant, le rutilant. Cela ne va pas toujours sans mal, car tout ce qui brille n?est pas or. Notre esprit affectionne les couronnes lumineuses. Et c?est faire preuve d?irrévérence manifeste que de préconiser un peu de retenue, de modestie. Le prestige de la fonction autorise immanquablement des comportements dispendieux et disgracieux. Il y a des exemples tirés de notre vécu quotidien qui confirment ces propos. Pour le cas d?espèce, on ne parvient pas encore à trouver une explication plausible et acceptable à un cortège de voitures officielles en déplacement à Alger. L?allure est vive. Crissement strident des pneus. Gyrophares flamboyants. Sirènes retentissantes. Une escorte sur les dents avec les nerfs à vif. On tance les automobilistes, on les admoneste crûment. Ils sont sommés de dégager la voie illico presto. Carrousel tonitruant, vociférant. La scène est digne d?un polar. L?atmosphère est glacée. C?est presque l?état d?urgence. Fulgurance irritante. Zèle intempestif et inopportun. Le « terrien » de base est surpris, décontenancé. Il s?interroge. S?agit-il de faire évacuer un précieux chargement de plutonium ? Transporte-t-on une opulente cargaison de métaux précieux ? Rien de tout cela. Sauf qu?un déplacement de hauts dignitaires ou d?une délégation étrangère s?accompagne toujours de cette détestable frénésie qui vous laisse pantois et dubitatif. Il renseigne aussi sur le peu de crédit que l?on accorde aux citoyens. Une masse informe que l?on évacue sans gants ni ménagement. Il y a du mépris qui s?affiche. Pourtant, cette théâtralité effervescente et fébrile, cocasse et hiératique incommode. Mais de cela, on s?en soucie peu. Je ne peux m?empêcher de songer qu?en des contrées plus imprégnées du sens de la retenue, il n?y a nul besoin de sombrer dans l?excès. Les choses se font dans la discrétion. Ni gêne ni branle-bas de combat. Mais ne dit-on pas que quand on voit ce qu?on voit, on est obligé de penser ce qu?on pense. Eternelle sagesse.


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