Algérie

Bouteflika prend-il option pour un 3ème mandat?



Bouteflika prend-il option pour un 3ème mandat? Le chef de l’Etat a étonné plus d’un lors de son traditionnel discours devant les cadres du MDN. Pour cette année, il a complètement dérogé à la règle non pas en annulant sa visite aux Tagarins, siège du ministère de la Défense, mais en prononçant un véritable discours-programme, chose qui ne s’est pas produite depuis bien longtemps. Un discours fleuve où il est notamment question de développement, de la stabilité du pays, des enjeux à venir et des réalisations effectuées jusque-là. S’agit-il pour autant d’un discours d’adieu ou d’une envie de continuer à bien faire? Difficile d’y décrypter les indices susceptibles de faire avancer telle ou telle hypothèse. Néanmoins, et à la lecture du discours de 12 pages, il est aisé de croire que le président Bouteflika possède toujours cette envie de continuer son œuvre de redressement. Tout a été minutieusement préparé. Le thème central, les objectifs à définir et enfin les projections futures. Pour cela, le président Bouteflika fait d’abord appel à un large rétrospectif des réalisations en affirmant que seulement les quatre dernières décennies (nous) permettent de «prendre conscience de ce que nous étions et de ce que nous sommes devenus». Pour le président Bouteflika, celles-ci (nous) permettent également de comprendre que «tout ce qui a été réalisé dans des conditions difficiles n’était pas chose aisée, comme il n’était pas facile pour l’Algérie Républicaine de sortir de l’enfer du terrorisme, de la criminalité et de la destruction, vers une vie de paix, de stabilité et de sérénité». Le mot républicain est enfin lâché! Le président Bouteflika s’engouffre dans la terminologie propre aux politiciens et répond indirectement aux laudateurs qui soupçonnaient ou soupçonnent encore un deal passé entre lui et les islamo-conservateurs pour réhabiliter l’ex-parti dissous afin de passer en force un 3ème mandat. Ainsi, il devient évident que pour le chef de l’Etat la sauvegarde de l’idéal républicain demeure la clé de voûte de tout progrès: «Il est évident que la paix et le développement sont deux notions interdépendantes. C’est pourquoi, il était de notre devoir de fournir de grands efforts, ces dernières années, en vue de rétablir la sécurité et la paix, parallèlement à la réalisation d’importants et d’urgents programmes de développement afin de venir à bout des effets induits par la tragédie nationale et ses lourdes répercussions, permettant ainsi au pays de réaliser un parcours prometteur, à travers lequel il a recouvré sa stabilité et la place qui lui sied sur la scène internationale», dit-il pour clore cette campagne médiatique qui est en train de prendre de larges proportions. Sans renier ou montrer le moindre doute sur la politique réconciliatrice instaurée, le président Bouteflika y croit encore et fermement à la réconciliation nationale pour «éteindre le feu de la fitna, rejeter la division et réaliser l’unité. Une réconciliation que nous nous attelons à consacrer ensemble, présentement et dans le futur, en dépit des voix sceptiques et obstinées qui s’élèvent et des esprits sclérosés d’extrémistes». Au contraire, il ajuste ses opinions concernant cette catégorie d’égarés qui, selon le président Bouteflika, «prêchent le faux et, à l’encontre des préceptes du saint Coran et de la charia, se dirigent droit vers un échec cuisant, des égarés qui tentent d’attirer des jeunes avec des fetwas erronées et de les enfoncer à travers des idées takfiristes, terroristes et destructrices pour en faire, enfin, les ennemis de leurs famille et pays, la honte de leur religion et de la Nation». Il revient enfin aux programmes des réalisations lancées durant ses deux mandats successifs (1999-2004 et 2004-2009) et estime que les projets de réforme et de développement ont permis de «rétablir les grands équilibres et d’avancer à grands pas vers la performance économique et l’amélioration du niveau de vie des citoyens». A cet effet, il citera pêle-mêle le fardeau de la dette extérieure (elle a été réglée par anticipation), la modernisation des structures de l’Etat, la réalisation d’un large réseau d’infrastructures modernes, le développement du secteur tertiaire et l’amélioration des indicateurs socioéconomiques (notamment en matières d’emploi, d’habitat, de santé, d’enseignement, de transport et d’approvisionnement de la population en eau et en énergie). Autant d’indicateurs qui, selon lui, seront appelés à se «consolider encore davantage lors des prochaines années à la faveur de l’application du programme complémentaire de soutien au développement et des programmes des Hauts-Plateaux et du Sud». La deuxième partie de son discours est un véritable plaidoyer pour l’avenir et un discours offensif qui cache mal les ambitions futures du président Bouteflika. Qu’il s’agisse d’amélioration des conditions des citoyens en matière de pouvoir d’achat, de l’aide aux catégories vulnérables et aux personnes, à l’amélioration du niveau de vie ou d’insuffler un nouvel élan au rythme de croissance, de maîtriser l’inflation ou de subventionner les prix des produits de large consommation, le chef de l’Etat pose ici les jalons de son futur programme électoral. Comme il n’omettra pas de citer l’encouragement des investissements internes et étrangers au même titre que les programmes de réforme et de développement rural et à apporter aide et assistance aux agriculteurs et aux éleveurs sinistrés. Cette dernière catégorie a été souvent délaissée par le précédent ministre qui a privilégié la qualité au détriment de la quantité. La dernière partie de son discours est révélatrice de son désir à continuer à parachever son œuvre au-delà de son mandat actuel. «Ce qui a été réalisé à ce jour, grâce aux efforts de tous, n’est qu’une partie d’un ensemble appelé à se concrétiser à travers des programmes soutenus de réformes et de développement et c’est cela qui nous permet d’aspirer, confiants et optimistes, à un avenir prospère de l’Algérie du troisième millénaire». Il achève son discours par une confidence, un exercice de style auquel le président Bouteflika ne s’est jamais prêté jusqu’ici: «j’ai assumé la lourde tâche dans des conditions difficiles, m’y consacrant pleinement avec l’aide de Dieu et le soutien du peuple. J’ai dédié à mes responsabilités toute mon énergie, dévoué à Dieu et à la Nation, fidèle aux engagements pris devant le peuple». Est-ce un signe d’adieu ou bien au contraire une affirmation de son engagement à toujours obéir aux principes qui l’ont guidé depuis son intronisation à la tête de la magistrature suprême du pays en 1999? Saïd Farhi
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