Algérie - Revue de Presse


Une nouvelle donne ? Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a longuement évoqué la situation de la presse et des journalistes algériens dans un entretien accordé au journal La Gazette de la Presse francophone (édition janvier-février). L?élément nouveau dans cette sortie médiatique est, sans doute, le changement de ton intervenu dans le discours présidentiel et le regard porté désormais sur la presse. Le même Président, on s?en souvient, n?a jamais fait mystère de son hostilité aux journalistes, les traitant tour à tour de « commères de bain maure », de « terroristes de la plume », de « traîtres à la solde de l?étranger »... Le pouvoir a-t-il décidé d?accorder un répit à la presse ? Possible, d?autant plus que Bouteflika a besoin de cette presse pour faire passer les projets qui lui tiennent à c?ur, l?amnistie générale notamment. Cela étant, le Président s?est enorgueilli, d?emblée, du cadre juridique dans lequel évoluent les médias algériens. « Ce cadre me paraît aussi libéral, sinon plus, que celui qui existe dans d?autres pays, y compris dans les pays développés, les limites apportées à la liberté de la presse étant celles exigées par la sécurité du pays, la dignité des citoyens et le respect des convictions de notre peuple », a-t-il souligné. Néanmoins, a-t-il précisé, « cette liberté a pour contrepartie la responsabilité des journalistes qui sont tenus d?exercer leur profession conformément à un code de déontologie ». A une question se rapportant implicitement au cas de Mohamed Benchicou, incarcéré depuis le 14 juin 2004, Bouteflika a eu une réponse plutôt sèche : « Ici comme partout ailleurs, il y a des journalistes qui, comme vous dites, vont au-delà de ce qui est acceptable au nom de la liberté d?expression. Dans ce cas, il est tout à fait légitime de faire appliquer la loi qui réprime de tels abus, aussi bien lorsqu?ils touchent des personnes privées que lorsqu?il s?agit du pouvoir lui-même (...). Le cas que vous évoquez, et qui semble avoir suscité l?émotion de ces organisations, notamment de la Fédération internationale des journalistes, ne se rapporte pas à des délits de presse pour lesquels on pourrait invoquer le statut particulier de la presse. Ces cas relèvent du droit commun et c?est en tant que tel qu?ils sont traités, car il ne faut surtout pas oublier qu?un journaliste est aussi un citoyen qui reste soumis à la loi commune du pays », a-t-il fait remarquer. Le ton est si ferme pour espérer une grâce au profit de Benchicou. Les journalistes algériens sont-ils suffisamment formés pour assumer pleinement leur mission ? interroge le journaliste de La Gazette : « Il est difficile de porter une appréciation d?ensemble sur le niveau de formation des journalistes algériens », a répliqué M. Bouteflika pour qui « beaucoup de journalistes sont des professionnels confirmés (...). La plupart sont sortis de nos universités et certains instituts de journalisme. Leur formation ira en s?améliorant au fur et à mesure que se développe leur expérience ». La réconciliation nationale ne sera pas, selon le Président, le projet qui jettera le voile sur l?affaire des journalistes assassinés ou disparus durant la décennie du terrorisme. « La réconciliation à laquelle je ne cesse d?appeler les Algériens est sans doute fondée sur le pardon et non sur l?oubli, les limites de ce pardon ayant été précisées à de nombreuses reprises sans qu?il soit nécessaire que j?y revienne une fois encore », a-t-il fait savoir. Plus loin, Bouteflika a justifié le refus d?octroyer des visas à certains journalistes étrangers ou des organisations qui, selon lui, « avaient montré, après de précédentes visites, un parti pris flagrant et malveillant à l?égard de l?Algérie, alors que nous venons de vivre une décennie de violence et de malheur qui a fragilisé les structures de notre Etat et de notre société et qu?il nous est difficile de supporter une hostilité gratuite supplémentaire ». Le locataire du palais d?El Mouradia est revenu dans cette dernière sortie médiatique sur la situation des relations bilatérales entre l?Algérie et la France. La France, a-t-il dit, « dispose d?atouts certains qui lui confèrent effectivement une position privilégiée dans les relations économiques de l?Algérie. Il lui appartient de s?en servir pour donner corps à l?exemplarité que nos deux gouvernements déclarent vouloir donner à la coopération entre les deux pays ». En tout cas, a-t-il conclu, « l?Algérie s?attelle, de son côté, à créer le climat et les garanties nécessaires susceptibles d?encourager les opérateurs économiques étrangers à venir nombreux y réaliser des investissements... Pour autant qu?ils le souhaitent, les entrepreneurs français seront les bienvenus ».
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