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Bouira Tous solidaires avec Lydia


Bouira Tous solidaires avec Lydia
Toute la région de Bouira s'est mobilisée pour aider Lydia, 17 ans, atteinte d'une forme de cancer rare. En dix jours, 20 millions de dinars ont été collectés : un bon début pour espérer partir se soigner en France. Mais ce n'est pas fini, le compte reste ouvert et un gala de solidarité sera organisé le 13 février à Bouaklane.«Je ne m'attendais pas à un tel mouvement de solidarité. C'est un miracle qui s'est produit. Ma fille va enfin pouvoir se soigner.» Rachid Taamourt, père de Lydia, une lycéenne de 17 ans, atteinte d'un cancer rare, un sarcome d'Ewing (forme de cancer des os), n'en revient toujours pas. «La maladie nécessite une médecine de pointe que nous n'avons pas en Algérie, regrette-t-il. En France, le coût des soins dépassera probablement les 25 millions de dinars, une somme que je n'ai pas.Mais la solidarité l'a emporté, car toute la région s'est mobilisée pour elle.» Les douleurs que Lydia ressentait parfois à la hanche n'ont pas inquiété son médecin qui lui a prescrit un traitement sans effet. Son père Rachid, un artiste, poète et enseignant en anglais au CEM d'Ahnif, connu pour son combat artistique dans cette région de Bouira, décide alors de voir un spécialiste qui diagnostique finalement un cancer.Rachid n'avait donc que deux choix : trouver une prise en charge étatique ou compter sur lui-même. Mais l'état de Lydia s'est d'avantage compliqué après une fracture. Les demandes d'aide déposées auprès des ministères de la Santé et de la Solidarité ont restées sans suite. «Je voulais lancer un appel à solidarité mais ma fille a refusé. Elle ne voulait pas non plus me voir sur les plateaux télé, car elle ne voulait pas me voir pleurer et susciter la pitié des autres. Elle avait même refusé de diffuser sa photo, car pour elle, ceux qui souhaitent l'aider n'ont pas besoin forcément de connaître son visage.»InchallahDepuis M'cheddalah, la nouvelle se répand. Dès lors, des jeunes volontaires d'Ahnif décident d'entamer une opération de solidarité. A l'aide d'une boîte et d'une tente installée sur la RN5 au rond-point de l'intersection qui sépare les deux routes menant vers Béjaïa et Bordj Bou Arréridj, ils ont réussi à ramasser en une seule journée la somme de 700 000 DA. L'initiative s'est vite propagée dans cinq autres communes, Saharidj, M'cheddalah, Ath Mensour, Aghbalou et Chorfa, et a même touché les villages voisins, Ath Laksar et Lasnam.Des caravanes de solidarité ont été organisées du matin au soir. Plus de 1000 volontaires, garçons et filles, se sont mobilisés. «Nous avons vite compris que seul le peuple peut aider Lydia. Il a fallu compter sur nous-mêmes. C'est une opération du peuple au peuple, se défend Achour Alem, 29 ans, l'un des organisateurs de l'action à Ahnif.Les routiers ont été d'une bonté incroyable. Toutes les wilayas ont participé à cette action de solidarité.» Les élèves des écoles primaires, des CEM et des lycées de la région les ont rejoints. Sur les réseaux sociaux, une campagne est lancée depuis début de janvier. Sur la page de l'événement baptisée «Faites un don, sauvez une vie», plusieurs photos de personnes brandissant des pancartes portant le nom de Lydia ont été envoyées des quatre coins du globe. «Même les femmes et les vieux de nos villages ont participé à cette campagne sur facebook.Ce que nous avons réalisé est vraiment historique», s'enthousiasme Yacine Choubane, 27 ans, enseignant vacataire à l'université de Bouira. Même les sportifs ont participé. Un match gala a été organisé entre le FC Tamellaht d'Ahnif et JS M'cheddalah. Le ticket d'entrée vendu à 200 DA a été versé dans la caisse du mouvement de solidarité. Plus de 1000 personnes ont assisté à ce derby. Mais ce qui a le plus marqué les gens ici, c'est la participation à l'action de solidarité de Amir Hocine.Huile d'oliveSouffrant d'une erreur médicale depuis l'âge de 16 ans, le pied gauche d'Amir, 24 ans, atteint d'un lymphoedème, est quatre fois plus gonflé que son pied droit. Son médecin lui a aussi suggéré de se soigner à l'étranger mais les demandes répétitives auprès du ministère de la Santé et des différentes ambassades européennes n'ont jamais abouti. «Je ferai tout pour que Lydia puisse partir se soigner. Je souffre autant qu'elle et je la comprends mieux que quiconque», fulmine Amir les larmes aux yeux. Tous les dons ont été les bienvenus.Cherif Fechtah, l'un des jeunes qui ont participé à la récolte dans la commune de Saharidj à quelques kilomètres du chef-lieu de M'cheddalah, témoigne : «Des femmes nous ont offert leur gourmette, leur bracelet et leur chaîne en or qu'elles portaient encore au moment où nous passions. Je ne parle même pas des quantités d'huile d'olive que nous avons pu récolter !» En dix jours, 25 millions de dinars ont été collectés avec plus de 50 000 litres d'huile d'olive pour lesquels ils doivent absolument trouver un acheteur. «C'est un chiffre approximatif, car nous ignorons encore le coût final des soins», avoue Mustapha Mechekkem, responsable de la coordination de daïra créée spécialement pour canaliser toutes les actions menées sur l'ensemble de la région.«Il nous reste beaucoup à faire, surtout pour la demande de visa et le choix de l'hôpital», affirme Amghid Ouyed, 23 ans, membre de l'association Al Fadjr pour les cancéreux qui a fait le déplacement depuis Tizi Ouzou. Mais il n'y pas que ça, les organisateurs se sont rendu compte après l'achèvement de la campagne de solidarité qu'ils pourraient aussi se retrouver confrontés à un problème de change. «Comment ferons-nous pour payer l'hôpital quand on sait que la banque d'Algérie interdit tout transfert de devises '», s'interroge Mustapha Mechekkem.L'aide des autorités se résume pour l'instant en l'accord donné par le wali à l'opération de récolte d'argent normalement interdite pas la loi. Les organisateurs se rencontrent chaque soir pour faire le point sur l'avancée de l'opération et ne se séparent que très tard la nuit. Ils préparent également un gala de solidarité le 13 février au stade de Bouaklane. A l'affiche, Oulahlou et Ali Amrane ainsi qu'une dizaine d'autres artistes venus de toute la Kabylie. Le ticket sera vendu à 500 DA pour les adultes et 200 DA pour les mineurs. La somme récoltée sera versée dans la caisse de solidarité.




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