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Bouira
La journée de l'élection présidentielle s'est transformée, hier, en une journée d'émeutes dans trois communes de Bouira, notamment à Raffour (commune de M'Chedallah), Saharidj, Haizer et El Esnam. Vers 3 h du matin, l'affrontement a commencé entre des dizaines de jeunes et les forces de l'ordre (Gendarmerie nationale) venues en renfort depuis la veille dans la localité de Raffour.La situation s'est corsée quelques heures plus tard. Plusieurs blessés ont été enregistrés des deux côtés. Vers 10h, une trentaine de gendarmes ont été évacués à l'EPH de M'Chedallah et une vingtaine de manifestants ont été pris en charge au centre de santé de Raffour. Toutes les urnes du centre de vote de cette localité ont été brûlées tôt le matin. La ville suffoque sous les gaz lacrymogènes. Ce qui a poussé plusieurs habitants à quitter leurs maisons et se réfugier chez les voisins se trouvant loin des lieux des affrontements. «Pourquoi les forces de l'ordre ne veulent pas partir d'ici. Si elles veulent que l'émeute cesse, elles doivent quitter les lieux. Nous ne voulons pas d'elles chez nous, qu'on nous laisse en paix. On appelle ça de la provocation», soulignent des de manifestants.Au centre de santé de la ville, le personnel paramédical est au pied-d'?uvre. «On va recevoir cinq à six jeunes blessés dans les 20 minutes. Si l'émeute continue, on ne pourra pas prendre en charge tout le monde. Même l'ambulance qui doit nous approvisionner en médicaments n'a pas pu accéder à Raffour», nous dit-on au centre de santé. Il a fallu attendre plusieurs heures pour que l'ambulance arrive enfin. Après Raffour, c'est le chef-lieu communal de Saharidj, à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Bouira, qui est à son tour le théâtre des affrontements. Tout a commencé au centre de vote Khaber Mohamed. Des dizaines de jeunes ont pris d'assaut le centre, saccageant et brûlant les urnes. Une autre émeute a éclaté au milieu de la matinée dans la ville de Haizer, 10km au nord de Bouira.ArréstationsAprès avoir constaté l'arrivée en grand nombre d'électeurs étrangers dans la commune qui sont en réalité des militaires du 52e bataillon de la santé, vers les centres de vote, les citoyens n'ont pas pu retenir leur colère et se sont mis à détruire les urnes. Ainsi, ce qui a attisé le courroux des habitants de cette commune, c'est la réquisition des bus de transport de voyageurs privés pour acheminer les militaires vers les bureaux de vote. La situation n'a pas tardé à se dégénérer. L'émeute éclate. Les manifestants ont pris pour cible les policiers qui sont venus en renfort pour sécuriser les centres de vote. L'on compte plusieurs blessés des deux parties et des arrestations de manifestants. Vers 17h, une autre émeute éclate à El Esnam, une commune située à 13 km à l'est de Bouira. «La situation est tendue depuis le début de l'après-midi. Des jeunes ont tenté de mettre le feu aux urnes du centre de vote du chef-lieu. Et l'émeute n'a pas tardé à éclater», indique un témoin.Des citoyens affirment qu'un policier a été blessé au visage à El Esnam et il a été transféré à la polyclinique de Bechloul. De plus, d'autres communes se sont mises de la partie, notamment dans la daïra de M'Chedallah. Deux centres de vote ont été saccagés dans la commune de M'Chedallah, à Oued El Bared et au chef-lieu de daïra. Notons qu'une émeute a aussi éclaté en fin d'après-midi au quartier La Cabs, relevant de la commune de M'Chedallah. A Ahnif, sud de M'Chedallah, plusieurs jeunes ont fermé la RN 5 dès les premières heures de la matinée. Vers 11h, les urnes du centre de vote se trouvant au chef-lieu communal ont été brûlées.AffrontementsUn peu plus tard, ce sont des individus au village d'Ath Vouali, commune d'Ath Mansour, qui passent à l'action en saccageant le centre de vote. Des témoins ont révélé que les autorités ont tenté de rouvrir le centre vers la fin de l'après-midi, mais ils n'ont pas réussi. A 19 h, les urnes du centre de vote au niveau du technicum Aliane H'mimi de la commune de Chorfa ont été brûlées. L'on signale également un incendie qui a ravagé une partie du dortoir de cet établissement. Au village Takerboust, commune d'Aghbalou, plusieurs jeunes ont tenté d'empêcher le scrutin. Selon des témoins, le centre de vote n'a été ouvert au public qu'après trois heures de retard.Quant au bilan des arrestations, il est à souligner que 17 manifestants ont été arrêtés par les forces de l'ordre lors des affrontements à Raffour et à Haizer. Dans la localité de Raffour, quatre manifestants ont été libérés quelques heures plus tard et trois autres qui ont été arrêtés en fin d'après-midi sont toujours retenus par la gendarmerie. De jeunes mineurs seraient parmi les manifestants encore arrêtés. Quant à Haizer, dix personnes sont arrêtées par les forces de l'ordre. Ainsi, ces affrontements éclatés dans trois communes ont été soldés par des dizaines de blessés. L'on compte du côté des forces de l'ordre, plus d'une soixantaine d'éléments touchés.Les blessés ont été transférés vers l'EPH de M'Chedallah et l'EPH Mohamed Boudiaf à Bouira. Côté manifestants, près de 70 personnes ont été blessées. Par ailleurs, dans les autres communes de la wilaya, le vote s'est déroulé dans le calme. Quant à la participation des citoyens à cette élection, plusieurs informations recueillies font état d'un faible engouement de la part des populations. Notons que le scrutin s'est déroulé dans le calme dans les autres régions de la wilaya, notamment celles implantées au sud et à l'ouest de Bouira. Dans la commune de Aïn Laloui, le bourrage des urnes dans certains bureaux a été signalé, a-t-on appris du staff du candidat Benflis à Bouira. Ces dépassements ont été signalés à la Commission nationale de surveillance de l'élection présidentielle. FraudesDes posters du président-candidat Abdelaziz Bouteflika ont été placardés sur les murs des centres de vote de plusieurs communes de la wilaya de Bouira. La direction de campagne du candidat Ali Benflis a dénoncé des cas de fraude et des dépassements de l'administration. En effet, dans la commune de Taguedit dans la daïra de Bordj Okhris au sud de Bouira, des électeurs avaient plusieurs cartes de vote. C'est ce qui a affirmé Fedhala Abdelkader dans une déclaration faite à El Watan Week-end. A Aïn Laloui, à 10 km au nord-ouest de Bouira, des cas flagrants de fraude ont été enregistrés. Des pro-Bouteflika ont été surpris en train de bourrer les urnes dans trois bureaux de vote dudit centre.«Les observateurs des autres candidats dont ceux de notre candidat ont été intimidés», dénonce un responsable du directoire de Benflis à Bouira. «Ce sont là des signes de fraude, sinon comment expliquer que des posters du président-candidat ont été placardés sur les murs des centres de vote de plusieurs localités '» dénonce un membre du directoire de Benflis. Un fait qui illustre que les pratiques du vieux parti sont toujours intactes. «De l'innovation dans les pratiques de fraude», s'insurge le staff du directoire de Benflis à Bouira, qui ont signalé que tous ces cas et autres dépassements ont été signalés à la Commission nationale de surveillance de l'élection présidentielle.




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