Algérie

Boudjellil (Béjaïa)




Boudjellil (Béjaïa)
L'avènement des technologies de communication a contribué à atténuer l'isolement des villages. Le tour de la commune de Boudjellil n'est pas encore venu.Le torchon brûle depuis quelques mois entre les élus de l'Assemblée populaire communale de Boudjellil et la population locale. La colère citoyenne ne cesse d'enfler dans cette commune, relevant de la daïra de Tazmalt et distante de 80 kilomètres du chef lieu de la wilaya, où la dégradation du cadre de vie est mise sur le compte de l'assemblée populaire. C'est en fait une véritable crise qui y couve.Une crise qui actuellement a atteint l'assemblée communale et la menace d'implosion, à en croire des habitants du chef lieu, interrogés le lendemain d'une fermeture du siège de l'APC par des citoyens d'un des 17 villages que compte la circonscription, Tala L'vir en l'occurrence.Si ces habitants disent vrai, trois élus auraient démissionné de l'assemblée et d'autres seraient sur le point de faire de même. Motif ' À travers leur décision, les élus démissionnaires rejoignent les citoyens remontés depuis un bon bout de temps contre la gestion «unilatérale» des affaires de la commune, tient-on des mêmes sources. Nos tentatives de confirmer ces dires auprès d'un prétendu élu démissionnaire et même auprès du P/APC se sont avérées infructueuses. Il est néanmoins évident que cette commune de plus de 10000 âmes traverse une mauvaise passe. En témoignent les fermetures récurrentes du siège de l'APC dont la plus récente remonte à la dernière semaine du mois de mai et la fermeture à deux reprises de la voie ferrée qui relie Béjaïa à Béni Mansour par les habitants de 17 villages qui réclament des conditions de vie décentes.Pour Mouloud, habitant du village Tala L'Vir et membre actif d'une association locale : «notre commune est sans doute l'une des plus délaissées de la wilaya, voire du pays entier ; alors que nous nous attendions à des améliorations, nous constatons un recul et une remise en cause du peu que nous avons acquis jusque-là».Notre interlocuteur fait allusion, entre autres, à la distribution défaillante de l'eau potable, un problème chronique dans la région. «La pénurie d'eau s'étend des fois jusqu'à deux mois, et c'est le cas presque des 17 villages de la commune», d'après Mouloud, et pour cause, explique-t-il, «nous continuons à puiser notre eau de l'Oued Soummam, éloigné et dont l'eau est de piètre qualité, alors que nous pourrions, s'il y avait une volonté de faire de la part des autorités à travers notamment des forages de proximité, la puiser de nos sources souterraines, abondantes dans la région». En sus, les fortes quantités de calcaire contenues dans cette eau de l'Oued Soummam, ont fini par boucher et rouiller le réseau de conduites, inchangées, selon des habitants, depuis 20 ans.Jeunesse en déperditionLe réseau électrique n'est pas en reste. La région patauge encore dans les chutes de tension, informe-t-on et plusieurs foyers n'y sont même pas raccordés, à en croire encore des villageois. «90% des foyers de la commune souffrent de la chute de tension ; il est quasiment impossible de faire fonctionner tous les appareils électriques à partir d'une certaine heure de la soirée. De plus, nombreuses sont les maisons, construites pour la plupart dans le cadre du programme FONAL, qui attendent d'être connectées au réseau» a-t-on fait savoir.L'extérieur des foyers n'en est pas mieux éclairé à cause d'un éclairage public défectueux par beaucoup d'endroits, s'il n'est pas complètement inexistant, surtout au niveau des villages, à l'image de celui de Mouloud. «Au niveau du chef lieu, on en est encore à l'actionnement manuel de l'éclairage public ; cela vous donne une idée de ce qu'est la situation dans les villages» peste Jugurtha, un meneur du mouvement de protestation de la commune. Pour ce qui est du gaz de ville, seuls le chef lieu en dispose, en plus du raccordement prochain des villages Tala L'Vir et Béni Mansour, fait-on savoir.L'avènement des technologies de communication a contribué à atténuer l'isolement des villages. Le tour de la commune de Boudjellil n'est pas encore venu. Selon Nordine, président d'une association sportive locale, «le câble de transport en fibre optique nous passe sous le nez sans en profiter».Dépourvus d'Internet, les jeunes des villages doivent rallier les cybercafés du chef lieu, seul endroit raccordé pour le moment de la région. Une navette quotidienne qui en rajoute au ras le bol de cette jeunesse pour laquelle les cafés maures sont le seul refuge. La frustration est telle, selon Mouloud, que des jeunes en colère menacent de sectionner le câble en fibre optique qui traverse le territoire de leur commune pour que l'Actel, saisie vainement à maintes reprises sur la question, d'après Nordine, s'attèle à résoudre ce problème.Le dégoût pouvait être moins pesant si le projet de construction de la maison de jeunes du chef lieu n'avait pas rencontré des obstacles, s'accordent à dire beaucoup de jeunes de la commune. Ce n'est que dernièrement, dit-on, que les travaux ont repris.Voilà donc une liste non-exhaustive des problèmes de la commune qui risque de s'allonger si le cri de détresse de la population ne trouve pas oreille attentive.A signaler enfin que l'APC n'a pas encore procédé à l'installation d'un conseil consultatif, chose qui remet en cause le principe de la gestion participative dans la commune, d'autant que la répartition du budget communal (pas plus de quatre milliards de centimes avant 2014) est vivement contestée, a-t-on informé.



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