Algérie

Boucs émissaires



Les violences qui secouent depuis plus d?une semaine les banlieues parisiennes et qui s?étendent à d?autres départements de France étaient prévisibles depuis le retour de Nicolas Sarkozy au ministère de l?Intérieur et la multiplication des petites phrases assassines sur les banlieues. Comme cette menace lancée à La Courneuve, à la suite des émeutes qui ont éclaté dans cette cité de la banlieue parisienne, de nettoyer les lieux au « Karcher ». Pour n?avoir pas pris au sérieux ce sentiment de ras-le-bol des jeunes de La Courneuve qui n?ont fait que refléter un état d?esprit général de malvie qui caractérise les banlieues françaises, le mouvement de contestation est en train de faire tache d?huile et de prendre des allures carrément de barricades. Le premier bilan de ces chaudes journées est déjà lourd : 2 victimes ont été déplorées et près de 500 véhicules incendiés. La situation est d?autant inquiétante que des parlementaires du parti socialiste ont appelé hier à la convocation d?une session extraordinaire de l?Assemblée nationale française pour examiner la situation qui prévaut dans les banlieues. Fallait-il que les banlieues s?embrasent et qu?il y ait mort d?homme pour que la vie dans les banlieues françaises devienne subitement un sujet de préoccupation pour les parlementaires et la classe politique française qui semblent découvrir, médusés, le phénomène de la violence et des inégalités criantes qui caractérisent les banlieues ? Le gouvernement français avait cru pouvoir régler, par le haut, le problème de l?intégration, puisque c?est de cela qu?il s?agit, en créant au sein du gouvernement un poste ministériel chargé de l?Egalité des chances confié à un candidat supposé répondre au profil idoine : Aziz Begag , un Français d?origine algérienne, universitaire, présenté comme le parfait exemple d?une intégration réussie. Réduit à l?inaction par une politique gouvernementale qui ne lui laisse pas beaucoup de libertés pour concrétiser enfin le combat dans lequel il s?est investi depuis de longues années, d?aider à la construction de cette France fidèle à la devise de la république fondée sur la liberté, l?égalité et la fraternité, Aziz Begag fait dans la figuration. Les banlieues délaissées Son poids au sein du gouvernement est proportionnel au désintérêt porté par ce même gouvernement aux banlieues dont il était censé être le porte- parole et l?avocat. Le député vert Noël Mamère a qualifié hier ce ministère de « ministère alibi ». Il y a quelques jours, le ministre pour l?Egalité des chances avait subi un interrogatoire musclé dans un aéroport américain. La réaction des autorités françaises face à cet incident diplomatique grave avait été jugée plutôt timide par de nombreux observateurs. Un ministre « beur » pèse-t-il donc moins qu?un ministre français de souche ou non arabe ? La révolte des émigrés de seconde génération, dont l?écrasante majorité est française, n?est pas un simple effet de mode de jeunes en mal d?inspiration. Elle se nourrit de ce genre d?humiliation que subissent les jeunes dans leur vie de tous les jours, dans leurs quartiers par des comportements provocateurs des policiers, dans leurs lieux de travail , dans l?accès à l?emploi, dans les lieux publics. Faudrait-il s?étonner de ce déchaînement de la violence dans les banlieues françaises lorsque une chaîne de télévision publique française se donne la liberté de diffuser en prime time un reportage orienté et tendancieux sur la fraude des allocations familiales, l?accès illégal au bénéfice du RMI et de certains autres avantages sociaux comme la prime de logement, en désignant le parfait coupable : l?émigré ? Les émigrés en situation régulière ou non sont affublés de toutes les tares : de faire beaucoup d?enfants pour profiter des aides sociales, d?être la principale source de l?insécurité, de refuser l?intégration dans la société française en ne retenant de la politique d?intégration que les avantages liés à la nationalité française, de voler le pain des Français... Le Front national n?a plus le monopole du discours raciste et anti-immigration. Jean-Marie Le Pen a fait des émules, qui ont fait plus que le leader du FN en joignant l?acte à la parole, forts de leur position au sein du pouvoir. La France, terre d?accueil, modèle d?intégration réussie de nombreuses communautés arrivera-t-elle à arrêter cette grave dérive qui tend à présenter les Maghrébins comme des êtres scongénitalement non solubles dans la République et la culture françaises ?



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