Algérie - Tourisme Divers

Bou Saâda (La Cité du Bonheur)



Bou Saâda (La Cité du Bonheur)


Bou Saâda (La Cité du Bonheur), est une commune de la wilaya de M'Sila, située à 241 km au sud-est d'Alger. Bou Saâda est, l'oasis la plus proche du littoral algérien.
Vous êtes à Bou-Saâda et que l’envie de la visite vous prenne, qu’à cela ne tienne! Partez de l’hôtel «Transat» et dévalez la petite pente qui conduit au M’serah (théâtre ou esplanade) appelée aussi, à l’époque coloniale, place «des chameaux».La pente de droite vous mènera vers «El-Erg» autre accès à l’oued. L’hôtel Kerdada, superbe demeure mauresque agrémentée d’un jardin suspendu exubérant, éveille la curiosité.
Les senteurs florales vous saisissent, l’odeur rugueuse de la sève du figuier ou l’effluve de la rose sauvage appelée «sueur du prophète». Les fleurs rouge-oranger du grenadier sont un plaisir pour l’oeil, la vigne rampante, gambade de muret en muret.
Vous traverserez le gué, le parcours ascendant de la rive droite sur quelques mètres, vous fera découvrir l’ancien atelier d’Etienne Alphonse Dinet. La maisonnette surmontée d’une «kouba» construite en mezzanine, livrait par son balcon, une vue imprenable sur l’oued.
Vous prendrez à votre gauche une côte parée de part et d’autre, de jardins fleuris. Au milieu du chemin muletier se trouve le moulin à grains «des mozabites». La grande aube à l’extérieur du bâtiment, fonctionnait à l’énergie hydraulique grâce à la trombe d’eau de la séguia. Séguiat Nakhara, qui longe la rive droite de l’oued duquel elle est ponctionnée à hauteur du moulin Serguine et sa sœur jumelle, Saguiat El-khachba, sur la rive gauche, assurent l’irrigation de toute la palmeraie.
En continuant la petite escalade, vous déboucherez sur un belvédère, le cimetière des Ouled Hamida est là. La quiétude et le dénuement des lieux adossés au piémont du mont Kerdada, participent au repos de l’esprit. Nasreddine Dinet, converti à l’Islam, y est enterré. Il gît sous une «kouba», appelée tombeau de Dinet. Edward Verchavelt, autre picturaliste d’origine flamande serait, lui aussi, enterré non loin de là. Converti à l’Islam, il prenait femme dans la communauté de la cité. Les enfants, un garçon et une fille issus de ce mariage sont encore parmi nous. Le ciel pâle azuré est d’une pureté presque transparente. Le fond sonore produit par les jacassantes volées de moineaux et d’étourneaux, crée l’enchantement. Le décor, est ainsi planté!
Dans la direction nord, le panorama qui s’offre à la vue est des plus prenants. Le regard embrasse un angle de 180° que nul obstacle ne gêne. Les palmiers élancés surplombent les vergers ombragés qui couvrent les deux rives de l’oued. Clairsemés de petites maisons, les jardins offrent en été une relative fraîcheur. Au bout du regard, le mont Salat éperonne l’horizon. Le promontoire en forme d’entonnoir tronqué, appelé billard du colonel Pein pendant la colonisation, trône au milieu de la steppe. Le mont Azzedine, en vis-à-vis, fait une parallèle presque régulière avec le Kerdada. Ils couvent à eux deux, la cité dans un écrin vert et ocre.
Au milieu du tableau, Bordj Essaâ (la tour de l’horloge) appelée anciennement Fort Cavaignac du nom du sinistre général de la colonisation, compère du général Pélissier, initiateur des enfumages des damnés du Dahra. Cette horloge égrènera le temps qu’aura duré la colonisation. La résistance de Benchabira sera réduite en novembre 1849, soit trois ans avant la réduction, par le salpêtre du canon des Zaâtcha. Plus bas se trouvait l’école des sous-officiers spahis (cavalerie) de l’armée française. Nombreux cadres de l’armée de Libération nationale (ALN) auraient fréquenté cette institution et beaucoup d’entre eux, l’ont désertée avec armes et bagages. Parmi eux, Lograda Belgacem «l’Indochinois» et Slimane Lakehal Alias «El Wahrani».
A gauche, l’ancien hôpital colonial reconnaissable à son acrotère saillant fait de gros blocs de pierre taillée. Cet hospice plus exactement, portait le nom du Dr Etienne Sergent, dont les travaux sur le typhus et le scorpionisme, ont fait école. A l’extrême gauche, la palmeraie déjà dense fait deviner les moulins Ferrero et en contrebas les moulins Serguine et Belamri, tombés en désuétude depuis longtemps. De proche en proche les deux minarets de la mosquée Cheikh Bachir El-Ibrahimi, rappellent au visiteur qu’il est en terre d’Islam.
Récidive architecturale de Messaoud Ben-Ziane, l’artisan maçon, elle est la modeste réplique de «Aya Sophia» d’Istanbul.
Au pied du mont Azzedine se trouve une petite arête montagneuse qui comportait à son faîte, une table d’orientation. Cette table circulaire de plus d’un mètre de diamètre, indiquait toutes les directions: de La Mecque à San-Francisco et de Stockholm au Cap. Cette arête a cédé sous les coups de boutoir des brises-roches, elle disparaîtra un jour sous le flot d’une bétonnière ou dans le ventre d’un concasseur. C’est inéluctable!
Le beau bâtiment blanc aux boiseries vert-wagon, noyé dans un jardin luxuriant, n’est autre que l’hôtel Kerdada, ex-Transatlantique, ex-Le Petit Sahara, racheté et ouvert en 1913 par les soeurs Baille, filles d’un prétendu maire de Paris. Le regard glissera ensuite sur les terrasses des Ouled-Hamida, accroché par son minaret typique octogonal, «défi technologique» de deux artisans maçons, natifs du quartier, les défunts Ahmed Ben Ameur et Messaoud Ben-Ziane. En contrebas le quartier de Schorfa et la «kouba» de Sidi M’hamed Ben-Brahim. Le sanctuaire de l’Emir El-Hachemi se trouve dans une venelle, reliant la petite place du quartier à l’oued. Au milieu du tableau se dresse le ksar, constitué de El-Argoub et Achacha, vieux sites médiévaux, formant le premier noyau citadin. Vers la droite, Djemaâ Ennakhla, reconnaissable par le palmier qui jaillit à son entrée.
Cette petite mosquée est l’oeuvre du Saint Patron de la ville, Sidi Thameur Ben Ahmed, venu de Fez, dit-on. Elle aurait été construite au début du 16e siècle. L’hôtel Le Caïd et l’Institut des techniques hôtelières situés aux Mouamine, parachèvent la vue offerte au visiteur. Au loin et à l’extrême droite, les terres agricoles d’El-Madher s’étendent verdoyantes, contrastées par le sable. On dit que sa surface agricole utile serait de 30.000 hectares. Célèbre déjà par sa carotte et sa laitue, il est appelé à devenir le bassin laitier du Hodna. La route de Biskra serpente entre les dunes et les vergers de cultures de sol. Les dunes jadis culminantes, solidifiées par ensemencement végétal, sont présentement, définitivement fixées. Ces dunes ont servi au tournage de plusieurs films, dont «Le marchand d’esclaves» de l’Italien Anthony Dawson. La poursuite de la ballade, vous fera traverser la Déchra El-Gueblia (hameau sud) qui est née probablement, pour les besoins du travail de la terre et la production de lait. Il s’y trouvait d’importants élevages de bovins.
A hauteur du minaret des Ouled Hamida, une étroite piste muletière dévale, à travers les jardins aux clôtures tortueuses et aux portes grossières, faites de poutres de tronc de palmier. A sa mort le palmier fournit le «lagmi», jus blanchâtre et sirupeux d’une extrême douceur. Il est tiré du faîte du palmier. Le tronc servira à confectionner des poutres de bois aux multiples usages.
Aïn Bensalem, endroit dont la fraîcheur est recherchée en période de canicule. Protégée des regards par une murette de pierres, on s’y douche en été. Les enfants barbotent dans son minuscule bassin. La montée de la côte raide aboutit à Sidi H’mida. Un plan du film de Cécil Blount de Mille «Samson et Dalila» tourné en 1948, fait remonter cette côte, à Victor Mature. A partir de cet endroit, on aborde la médina. En traversant Haouch-Lihoudi (le mas du juif), lieu colonial de débauche et plus tard de torture, on se dirige directement sur la place des Chorfa. L’unique maison à balcon qui s’y trouve, est celle de El-Aif, ancienne résidence de l’Emir El-Hachemi et de sa famille. Les jeunes Emirs Khaled et Mustapha, enfants adoptifs des Chorfa gambadaient avec leurs camarades du quartier. C’est probablement ici même que Salah Chouikh des Ouled Hamida, nouait-il sa relation avec l’Emir Khaled.
Surnommé Salah Ghandi plus tard, il était élu en juillet 1926, membre du bureau de l’Etoile nord africaine naissante (Ali Mahsas: Mouvement national de la Révolution P54). L’Emir El-Hachemi qui, à la fin de sa vie perdait la vue, passait le plus clair de son temps à enseigner à ses compatriotes les préceptes des sciences islamiques. Mort en 1902, il a été inhumé à quelques mètres de sa demeure occasionnelle. Ce lieu historique ne semble pas s’attirer les faveurs des conservateurs et des historiens. A partir de là, on peut regagner le centre de la ville par la rue des forgerons, où l’art de l’artisanat martial était très développé. On y ferrait les chevaux et façonnait les charrues et les faux. Le couteau bou-saâdi est né dans ses forges à soufflet en peau de chèvre. La mosquée des Chorfa fait la jonction avec les Achacha (huttes) et El-Argoub (le promontoire).
Longeant la mosquée, une petite rampe descend vers la rue appelée Rouville. C’était le quartier des ferblantiers et plombiers juifs. Accoutrée à l’arabe, la communauté juive était placée sous la protection d’un notable. Elle portait toujours le nom de son protecteur. Pratiquant librement son culte dans une synagogue, dont les vestiges sont toujours présents, elle ne faisait l’objet d’aucune discrimination. Elle le rendit mal à ses hôtes en optant pour le nouveau statut que lui offrait Crémieux.
En descendant à droite, c’est Bab Loubib, résidence de vieilles familles autochtones et entrée sud des Mouamines. Le parcours aboutit à la mosquée de Sidi Thameur ou de Ennakhla, plus vieille construction de la médina. Cet ouvrage séculaire, restauré à plusieurs reprises par la seule volonté des riverains, risque de disparaître à jamais si une action salvatrice de grande envergure, ne vient pas le soustraire à l’injure du temps. Accessible par une tonnelle voûtée, faite de matériaux locaux, la salle de prière d’une simplicité ascétique, inspire le recueillement et la sérénité. Son plafond de bois et ses colonnes étonnent par l’équilibre et l’harmonie des formes. Le mortier de chaux et de sable protège la brique de terre séchée. Ce matériau doux en hiver et frais en été, permettait de lutter contre les hivers rigoureux et les étés torrides. La main de l’homme est visible, à travers le lissage irrégulier des murs ou la grossièreté de la taille du bois. Point de rectitude, tout est fait d’ondulations, une symphonie de formes.
En quittant les lieux, la ruelle se termine par la fontaine éponyme et aboutit à la grande rue des jardins, de récente création. L’armée coloniale créait ainsi cette saignée pour priver les fidaïne de la protection des jardins. A droite, elle mène vers le «verger du commandant» et au Saf-Saf (ex-promenade des écoliers) à gauche vers Ennader (la meule de foin). On y trouve un petit cimetière où sont enterrés les membres de quelques vieilles familles du quartier. En remontant la rue, on y découvrira Aïn Mouamine, borne fontaine d’une eau pérenne, qui remonterait à des temps immémoriaux. Des jeunes, soucieux de conserver leurs attaches culturelles, ont réhabilité ces deux fontaines. A gauche, la rue qui monte se subdivise en deux, telle des ciseaux, la branche supérieure est l’ex-rampe Wagner et à son sommet l’église catholique. La branche inférieure est la rue où se trouvait, la maison d’Etienne Dinet. Rachetée et restaurée, elle abrite actuellement le Musée national du même nom. Au bout de cette dernière se trouvait le centre de torture des DOP de sinistre mémoire. Nous sommes au pied de l’ex-Fort Cavaignac, sa butte inférieure est l’actuel sanctuaire des Martyrs qui abrite près de 250 sépultures. La petite ruelle de gauche près de la mosquée vous conduira à Rahbat Mouamine. Pavée de galets, cette place recevait les grandes cérémonies communautaires. Il s’y trouve le plus vieux bain turc, Hammam Boughlam. La coupole de sa chambre chaude serait confectionnée par un magma de plâtre et d’ouf, dit-on. L’étroite ruelle, côté sud, vous fera découvrir la mosquée ibadite, «cachée» dans une échancrure. A partir de là, c’est Rahabat El-Bayadh. Petite place où un ou deux cafés maures servaient le café turc ou djezoua. Les clients jadis assis sur des nattes d’alfa, y jouaient aux dominos en sirotant leur café djezoua ou leur khordjelan. Le voyageur s’y couchait pour passer la nuit. Nous sommes maintenant au coeur de la ville, l’ex-place du colonel Pein, (encore lui!) est devenue la place des Martyrs. On y a jeté en 1957, les corps de 14 combattants de la liberté. Elle recevait les cirques «Amar» et «Bouglione», à l’orée des années cinquante.
La place, ceinte d’arcades, est le lieu d’échanges commerciaux et de palabre. Ses échoppes gardent quelque survivance des métiers de savetiers, de couturiers et de brodeurs de burnous assis en «tailleur». Les jours de marché, le médah ou goual s’installait à même le sol pour chanter les odes épiques de Béni-Hillal. Benamar Bakhti immortalisait cette image, par le rôle que jouait Athmane Ariout dans «Le clandestin». Les sons de la viole ou de la flûte se sont estompés sous la cacophonie des mégaphones et des chaînes stéréophoniques de musique de bas étage. Ce lieu historique a constitué la ligne de démarcation entre l’Orient musulman et l’Occident chrétien, représentés localement par la médina et le quartier européen. La première école française implantée par le cercle militaire voyait le jour en 1855. L’officier chargé de ce cercle réclamait l’école française pour contrecarrer «l’école des talebs» qui, disait-il, ne faisait que retarder la pénétration coloniale. Elle a été justement implantée là pas loin de la garnison et ce n’était pas innocent! Elle portera plus tard le nom de Lucien Challon, ancien directeur de la même école. Elle porte présentement le nom du Saint Patron de la ville. Son cours complémentaire eut un illustre élève en la personne du défunt Mohamed Boudiaf, père historique de la Révolution armée. Les hôtels d’Orient et de l’Oasis, sur la place, tenus par la juiverie, offraient au prolétariat pied noir un lieu de villégiature ersatz. La rue de la République, ex-Gaboriau du nom d’un capitaine de la conquête française, appelé de Médéa en renfort pour réduire la résistance, vous permettra une pause à la Ramlaya. Les marchands de souvenirs y foisonnaient. Elle était la halte des autocars en partance ou en provenance de la capitale. On attendait «le journal» au mythique «café d’Alger». En 1957, elle fut le théâtre du massacre nocturne de cinq détenus, en représailles à une embuscade tendue la veille par des fidayïn. On y tourna aussi des séquences de «Silène», de «Septembre noir» et de bien d’autres films.
Bou-Saâda abrite plusieurs monuments et sites historiques : la vieille médina, la maison, le musée et le tombeau de Nasreddine Etienne Dinet, le vieux Ksar, le fort Cavaignac, le moulin Ferrero, le Souk de l'artisanat et la Zaouia d'El Hamel, lieu des sanctuaires où reposent Mohammed Ben Belgacem, fondateur de la Zaouia Rahmania et sa fille Lalla Zineb....
C'est dans les environs, qu'en 1966 fut tourné le seul Western "Trois pistolets contre César" de Enzo Peri et Moussa Haddad coréalisateur.
Le plat traditionnel Bou Saadi est le Sviti. Le Sviti est cuisiné dans un plat typique de la région appelé "Mahress", qui est un pilon d'environ 50 centimètres de hauteur. La recette du Sviti est de la galette (kesra), des gousses d'ail, de la coriandre, des tomates, du piment, de l'eau bouillante. Le Sviti est, par tradition, un plat familial et convivial. L'assemblée se dispose, assise sur de petits tabourets en bois, autour du plat posé sur le sol.



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