Le Ramadan est parti presque en catimini
tant les gens ne s'attendaient guère à un Aïd à partir de dimanche.
Mais, malgré tout, le croissant lunaire a
été vu à El-Oued et nous avons mis fin au Ramadan après seulement 29 jours de
jeûne qui ont paru une éternité pour beaucoup de fonctionnaires qui ne savaient
plus où donner de la tête, tant les besoins étaient grands et la bourse plutôt
limitée. Mais la fête était quand même là avec les ribambelles d'enfants de
tous âges, des filles et des garçons, qui sillonnaient les rues et les
boulevards en bandes, allant chez les voisins, chez la grand-mère, chez les
oncles et les tantes, souhaiter bonne fête et espérant une récompense sonnante
et trébuchante. La fête était aussi chez ces milliers de fidèles dont la
plupart s'étaient vêtus de blanc immaculé et qui se sont dirigés vers les
mosquées dès le lever du jour en scandant : «Allah Akbar, Allah Akbar, wa
lillahi el hamd». Après la prière, les embrassades n'en finissaient pas et, si
tous ces gestes étaient vraiment réels, nous aurions été le peuple le plus uni
du monde. Quelques minutes après la prière de l'Aïd, les rues se sont remplies
de voitures et de passants, les enfants arboraient fièrement leurs habits neufs
et comptaient et recomptaient les sous que leur ont remis ceux à qui ils ont
fait la bise. A voir les automobilistes patients, cédant le passage de bonne
grâce aux autres utilisateurs de la route, nous ne pouvons que nous demander si
nous nous trouvons toujours dans le même pays, avec les mêmes automobilistes
qui ont causé une hécatombe durant le mois de Ramadan. En effet, et même sans
avoir encore les statistiques officielles, nous pouvant affirmer que le nombre
de morts lors des accidents de la circulation a largement dépassé la moyenne
mensuelle habituelle. Même les morts ne sont pas oubliés le jour de l'Aïd et
reçoivent la visite des leurs et les abords de cimetières connaissent un
encombrement monstre, les automobilistes garant leurs voitures parfois à
plusieurs centaines de mètres de là et sont obligés de payer les ‘gardiens de
parking' à leur départ. En effet, plusieurs jeunes, un gourdin à la main, se
partagent les lieux et s'autoproclament gardiens par la force, tout comme ils
le font dans toutes les villes du pays.
Mais, là aussi, le sourire est de rigueur et les conducteurs
remettent volontiers entre 20 et 50 DA à l'un d'eux, en se disant qu'ils s'en
sortent à bon compte. Dans les hôpitaux, c'est un va-et-vient incessant et les
malades reçoivent plus de visites en ce jour qu'en un mois d'hospitalisation et
même certaines associations caritatives, à l'Instar d'El-Badr de Blida, vont
voir les malades dont lesparents habitent loin, leur remettent des cadeaux et leur
font sentir, au moins pendant ce jour, qu'ils ne sont pas seuls.
Ainsi, et après un mois de jeûne, un mois de prière, un mois de
dépenses inconsidérées pour la plupart d'entre nous, un mois de farniente,
d'absence et de sommeil dans toutes nos administrations, un mois synonyme de
démission collective, un mois où tout le monde vous dit «après l'Aïd on verra»,
un mois pendant lequel la journée devient particulièrement courte entre les
courses, la sieste étirée dans les deux sens et les bagarres, nous retrouvons,
enfin, la face normale des choses. Mais pourrons-nous rattraper tout le retard
accumulé durant ces 29 jours de non-travail ? Le rapport Algériens-travail nous
rend sceptique sur cela, mais espérons que les consciences vont se réveiller à
travers la tasse de café ingurgitée le matin et que les préposés aux guichets
des différentes administrations y mettent du leur pour faire leur devoir.
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Posté Le : 22/09/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Tahar Mansour
Source : www.lequotidien-oran.com