Algérie - Revue de Presse

Blaïdia : Un hameau de la misère



Sortis de nulle part, le hameau de Blaïdia semble vivre renfermé sur lui-même. Construit il y a de cela 10 ans, il devait abriter toute la misère de Mostaganem. Ses habitants survivaient dans la défunte cité de « Diar El Kabtane », à proximité de la cité « Diar El Hanna », un conglomérat d'immeubles exigus construits dans le cadre du plan de Constantine pour réduire la désolation des masses rurales en pleine déstructuration. C'est dans la vague de la déferlante terroriste que cette cité de la honte sera détruite et ses habitants transférés à la hâte vers ce lieu-dit dépendant de la commune de Hassi Mamèche. Surplombant le village de Ouréah, la cité sera construite à la lisière d'une forêt de pins. Au départ, les initiateurs y avaient prévu un minimum de structures, comme le centre de santé ou l'annexe de la mairie. Sur les 129 habitations de départ, la grande majorité aura gardé les fissures et les malfaçons de l'époque. Ils sont peu les bénéficiaires qui auront procédé à des aménagements. Alors que le centre de santé semble totalement abandonné, l'annexe de la mairie ne fonctionne que grâce au dévouement d'un agent communal. Dépourvu de lignes de transport, les habitants et les collégiens sont contraints d'aller à pied jusqu'à Hassi Mamèche ; les plus fortunés doivent débourser 25 DA pour une place dans un hypothétique taxi clandestin. Arrivé sur place à la tombée de la nuit, l'obscurité n'avait aucune peine à se faufiler à travers les filets de lumière que délivraient quelques réverbères. Un habitant, transfuge du plateau de la marine, en comptera seulement trois en service. Son compagnon, qui tient une boutique multifonctions, soulignera que même l'emblème national aura totalement disparu après avoir longtemps survécu sous forme de lambeaux récalcitrants et crasseux. Mais ce qui semble marquer davantage la désolation du village, c'est l'absence d'alimentation en eau potable. La panne qui dure depuis plus de 3 semaines aura contraint la population à s'approvisionner soit à la vieille source de Ouréah, soit en achetant le précieux liquide chez un marchand qui exige pas moins de 25 DA par bidon. L'agglomération que les habitants du coin affublent du peu reluisant nom de « Kosovo », ne possède qu'une seule ligne de téléphone fixe. Pour les enfants, que l'exposition permanente aux vents marins rend plus fragiles, personne n'aura prévu d'aire de jeux, ni de foyer culturel ou de salle de sports. Partout la désolation et la hantise que rien ne sera fait pour améliorer la situation. Certains de ses habitants se sentent tellement étrangers à la région qu'ils n'ont en tête qu'un seul objectif, quitter au plus vite ce « Kosovo » d'infortune.
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