Algérie - Mohammed Ibn Ibrahim El Abili


MOHAMMED BEN IBRAHIM BEN AHMED EL-ABDERY (1)
Il naquit à Tlemcen et est plus connu sous le nom d'El-Aboly (2). Ce très docte imam a été le plus savant des mortels dans les sciences rationnelles. Son disciple, le très savant El-Maqqary, s'exprime ainsi en parlant de ce cheikh: « C'était un imam incomparable auprès duquel les étudiants de tous les pays se rendaient en foule, tant à cause de son application à l'étude et à l'enseignement des sciences rationnelles que de sa sagacité et de la justesse de son jugement. »
Ibn Khaldoun dit ceci : « Il tirait son origine de l'Espagne et de la population d'Abola, ville située au nord de cette contrée (3). C'est de là que son père et son oncle paternel vinrent s'établir à Tlemcen. Le roi de cette capitale prit ces deux hommes à son service, et les allia au cadi Mohammed ben Ghalboun (4), en mariant la fille de celui-ci au père d'EL-Aboly. De cette union naquit Mohammed qui fut élevé à Tlemcen par les soins du cadi, son grand-père maternel. Le jeune homme se mit à acquérir toutes les connaissances que son père possédait, et, ayant pris goût aux mathématiques, il finit par devenir un mathématicien éminent entouré d'étudiants auxquels il enseignait ces sciences. Lorsque Youçof ben Yagoub s'empara de Tlemcen, il voulut prendre Mohammed à son service, mais celui-ci dédaigna les offres du sultan et se mit en route pour effectuer le pèlerinage de La Mecque. « M'étant embarqué à Tunis pour me rendre à Alexan¬drie, dit-il lui-même, j'eus, en mer, de violentes érections. Les pollutions m'obligeaient à me laver si souvent que j'en étais tout honteux, et, pour faire cesser cet état, j'avalai, sur le conseil d'un passager, une poignée de camphre qui troubla mes facultés intellectuelles. Arrivé au Caire, j'y rencontrai Ibn Daqiq El'Id, Ibn Refa, Safi-ed-Din El-Hindy, Et Tebrizy et autres savants qui occupaient le premier rang dans les sciences spéculatives et métaphysiques ; mais c'est à peine si j'eus le temps d'arriver à les distinguer les uns des autres. Après avoir accompli le devoir du pèlerinage, je revins à Tlemcen complètement guéri du trouble qui s'était emparé de mon esprit, et je me mis à étudier avec ardeur. Je lus la logique, les principes fondamentaux de la théo¬logie dogmatique et ceux de la jurisprudence canonique, sous la direction d'Abou Mouça Ibn El-Imam. Abou Hammou (5), sul-tan de Tlemcen, ayant voulu me nommer malgré moi gouverneur de province (celle des Beni-Rached), je m'enfuis à Fez et me cachai dans cette ville chez le professeur de mathématiques Khalouf El-Yahourny (6) El-Meghily. » C'est dans cette capitale et auprès de ce maître qu'El-Aboly s'instruisit et se fortifia dans toutes les branches des sciences exactes. De là, il se rendit dans la ville de Maroc, vers l'an 710 (inc. 31_ mai 1310), et s'installa chez l'imam Ibn El-Benna, professeur de sciences rationnelles et traditionnelles, et soufi éminemment remarquable par ses connaissances mystiques et ses états surnaturels. II fréquenta ce professeur qui lui fit faire d'immenses progrès en métaphysique, en mathématiques et en philosophie. Puis il se transporta auprès du cheikh de la tribu des Hasakra (les Haskoura), le nommé Ali ben Mohammed, à qui il donna des leçons pendant quelque temps. Il fut bientôt entouré d'une foule d'étudiants qui retirèrent les plus grands avantages de son précieux enseignement. Cet Ali ben Mohammed l'aimait beaucoup. ElAboly s'établit ensuite à Fez où les étudiants de tous les pays accoururent pour l'entendre ; et c'est à partir de ce moment que sa science se répandit et que son nom devint célèbre. Lorsqu'Abou Mouça Ibn El-Imam se rencontra avec le sultan mérinide Abou'l-Hacén, lors de la prise de Tlemcen par celui-ci (1er mai 1337) (7), il lui parla d'El-Aboly dans les termes les plus élogieux et lui dit que c'était un savant de premier ordre. Ce prince, qui aimait à s'entourer de savants dans ses conseils, lit venir El-Aboly de Fez et l'admit au nombre des ulémas. Le cheikh s'adonna, dés lors, entièrement à l'enseignement et ne quitta plus le sultan avec qui il assista à la catastrophe de Tarifa (30 août 1340) et à celle de Kairouan (10 avril 1348)1 J'ai fréquenté les leçons du cheikh et j'ai acquis auprès de lui diverses sciences. Abou Inan, après la mort de son père (Abou'l-Hacén), demanda au sultan de Tunis de lui envoyer El-Aboly. Le prince bafside ayant accueilli cette demande, le cheikh partit pour Bougie où il séjourna un mois pendant lequel il expliqua aux étudiants de cette ville l'Abrégé des principes fondamentaux du_droit par Ibn El-Hadjib. De là, il se rendit à Tlemcen, auprès d'Abou Inan qui l'admit au nombre des savants qu'il avait choisis pour être ses professeurs. Il s'occupait de l’instruction de son royal élève quand la mort vint le surprendre à Fez, en l'année 757 (inc. 5 janvier 1356). Je tiens de sa bouche qu'il naquit en 681 (inc. 11 avril 1282). » LL
El-Maqqary nous fournit les renseignements suivants : « El-Aboly, dit-il, suivit à Tlemcen les cours d'Abou'l-Hacén Et Tenessy et ceux d'Abou Mouça Ibn El-Imam. Il se rendit en Orient vers la fin du viie siècle et visita successivement l'Égypte, la Syrie, le Hidjaz et l'Iraq. Puis il revint en Occident et s'établit à Tlemcen. En arrivant dans le Maghrib, il y trouva Ibn El- Benna qui lui communiqua une grande partie de son savoir. Voici ce que lui-même m'a raconté : « Ayant demandé, me dit-il, à Abou'l Acén Es-Sogheïyr (8), ce qu'il pensait d'El-Mahdy, j'en obtins la réponse suivante : Cet homme était un prince de la science ; c'est après la prise de Tlemcen que je fis sa connaissance et que je m'attachai à son enseignement. » , . .
Renseignement utile. — El-Maqqary dit ceci: « A l'époque où El-Aboly se rendait (de Tunis) à Tlemcen, notre professeur Mohammed ben Yabia, plus connu sous le nom d'El-Mosaffir , était envoyé (par le sultan de Tunis) en mission auprès du roi de Bougie. Les étudiants de cette ville vinrent lui faire visite, et lui dirent, entre autres choses, que, du temps du cheikh Nacir-ed-Din, ils n'avaient pas compris un passage de l'explication de la Fatiha (1" chapitre du Coran) qui se trouve dans le livre .de Fakhr-ed-Din. Voici ce passage qu’lbn El-Mosaffir non plus ne comprit pas: Il est établi dans certaines sciences de pur raisonnement que le composé est semblable au simple dans le genre; que le simple est semblable au composé dans l'espèce, et que le genre l'emporte sur L'espèce. Les étudiants firent ensuite connaitre la chose au cheikh El-Aboly (qui se trouvait de passage à Bougie). Celui-ci ne saisit pas tout d'abord le sens du passage en question, mais après avoir mûrement, réfléchi: « J'ai compris, dit-il ; ce sont des paroles qui ont été défigurées par les copistes et qu'il faut rétablir ainsi: « ... que les sens perçoivent mieux le composé que le simple; que la raison conçoit plutôt le simple que le composé, et que les sens sont plus forts que la raison. » El-Mosaffir, informé par les étudiants de la leçon proposée par El-Aboly, s'obstina à ne pas vouloir l'admettre. « Apportez-moi divers exemplaires de ce livre, dit alors El-Aboly aux étudiants. » Ceux-ci ayant obéi, ou trouva, en effet, que certaines copies reproduisaient le passage dont il s'agit dans des termes conformes à ceux propo-sés par le cheikh El-Aboly. »
Ce qui précède est extrait de l'Histoire de Grenade, par Ibn El-Khatib.
El-Maqqary dit aussi : « Le cheikh El-Aboly m'a raconté qu'Abdallah ben Ibrahim Ez-Zemmoury lui avait dit avoir entendu Ibn Taïrniya déclamer les vers suivants dont il était l'auteur :
« Les connaissances qu'acquiert celui qui se livre à l'étude des fondements de la religion demeurent, une fois acquises, des connaissances sans piété.
« Elles sont l'origine de l'erreur et du mensonge évident, car les données de cette science sont pour la plupart des suggestions des démons. »
« En me racontant cela, ajoute El-Maqqary, El-Aboly tenait à la main une baguette: « Par Dieu ! s'écria-t-il, si j'avais connu 1bn Taïmiya, je l'aurais frappé ainsi avec cette verge » ; et, joignant le geste à la parole, il leva et abaissa sa baguette. »
El-Maqqary dit encore: « J'ai entendu El-Aboly prononcer les paroles suivantes: « La multiplicité des livres a gâté la science, mais c'est la construction des collèges qui a consommé sa ruine. Et comment voulez-vous que la Science puisse se faire rendre justice par les écrivains et les architectes ! » Il en est ainsi qu'il l'a dit; mais comme il serait trop long d'exposer sa thèse en détail, je vais la résumer: Le livre a aboli le voyage qui est l'origine de l'acquisition de la science. L'étudiant dépensait autrefois beaucoup d'argent pour ses voyages d'études et n'acquérait, malgré cela, qu'une somme minime de connaissances, car sa part de savoir était toujours en proportion de la peine qu'il se donnait pour l'aller quérir. Il achetait un très gros recueil à vil prix, et ce recueil avait à-ses yeux une importance aussi minime que le prix qu'il lui avait coûté. Cela dura jusqu'au jour où, renonçant à l'ancienne coutume pour adopter la nouvelle, on finit par tomber dans le ridicule. Quant aux collèges,, ils nuisent à la science parce qu'ils attirent à eux les étudiants par l'appât des pensions alimentaires qu'ils leur fournissent ; parce qu'ils les portent à faire leurs études soit sous la direction de personnes que les hauts fonctionnaires du gouvernement tiennent en leurs mains — car ceux-ci disposent des pensions et des places de professeur, — soit sous celle de gens qui consentent à se mettre sous la dépendance de ces hauts fonctionnaires; et parce qu'enfin ils les détournent des véritables hommes de science, qui, eux, ne sont pas appelés par les agents du gouvernement à exercer dans ces établissements officiels, car, si on les y appelait, ils n'accepteraient pas ces fonctions, et, s'ils les acceptaient, ils ne donneraient pas à ceux qui les y auraient nominés les mar¬ques de servilité que ceux-ci exigent des autres. »
Voici ce qu'El-Maqqary dit encore : « Il est de fait qu'on considère comme faisant autorité des abrégés dont les auteurs sont peu connus et qu'on attribue aux questions qui y sont superficiellement traitées, une valeur égale à celle des questions qu'un trouve dans les grands ouvrages que ces précis résument. (S'il y avait des personnes disposées à écouter les raisons qui défendent d'agir ainsi, elles pourraient les lire tout au long dans l'ouvrage d'Abd-el-Haqq, intitulé: Retouche du Tehdhib, auquel j'ai ajouté un appendice comprenant un nombre de questions égal à celui des questions renfermées dans l'original). On va même jusqu'à ne plus respecter les textes primitifs des livres, en sorte qu'ils fourmillent de fautes de copie et que la suite naturelle de la narration y est interrompue. On tire aujourd'hui les fetouas de livres dont on ne sait ce qui y a été ajouté ou retranché, car ils n'ont pas été vérifiés, vu qu'il est rare qu'on puisse découvrir ces additions ou ces retranchements. Les hommes du vie siècle et ceux du commencement du vii° défendaient de tirer des fetouas de la Tebsira d'El-Lakhmy, parce que cet ouvrage n'a pas été vérifié auprès de son auteur, ni enseigné par lui. Ce sont cependant des livres de ce genre qui font autorité de nos jours. Ajoutez à cela que les personnes qui tirent leurs décisions de ces ouvrages, se souciant peu de savoir si leurs auteurs ont joui ou non de la grâce de Dieu, s'appuient indifféremment sur les uns ou sur les autres de ces derniers, car il est rare de trouver quelqu'un qui soit capable de distinguer ces deux sortes d'auteurs. Ce n’est pas ainsi que procédaient nos devanciers: ils laissaient de côté les oeuvres d'El-bradhi'y, bien qu'elles fussent très correctes, et ne se servaient, malgré qu'un grand nombre d'entre eux le défendissent, que de son Tehdhib qui remplace aujourd'hui la Modawana, tant à cause de la notoriété des ques¬tions qu'il traite que de son exactitude dans la plupart des cas où la Modawana est fautive. Les hommes de notre siècle en sont ensuite venus à abandonner la coutume ancienne pour apprendre par coeur les Précis et à noyer dans des commentaires les textes des grands ouvrages. Ils se bornent maintenant à retenir de mémoire ceux de ces Précis qui sont les plus concis et les plus courts, et usent leur vie à en déchiffrer les énigmes et en pénétrer les mystères sans pouvoir jamais arriver, par des rectifica tions, à en rétablir le texte primitif et, à plus forte raison, à y distinguer ce qui est exact de ce qui ne l'est pas. Je le répète, ils passent leur existence à lire des notes auxquelles ils attribuent le mérite d'inciter et d'encourager les esprits à l'étude. El alors que nous considérons comme une faute grave le fait d'abandonner les livres des docteurs de la loi pour adopter ceux des simples professeurs, la fatalité nous impose de lire des notes écrites par des ignorants, voire même des brouillons de copie ! Nous appartenons à Dieu et c'est à lui que nous devons retourner. Tout ceci, cher lecteur, n'a d'autre but que de vous indiquer la voie qui conduit, aux sources de la science et vous montrer la négligence dont les gens se rendent coupables. »
Voici, dit El-Maqqary, les paroles que j'ai entendu prononcer par le très docte Abou Abdallah El-Aboly « Si Dieu n'avait pas résolu de ne plus rien révéler aux hommes, il nous serait arrivé plus de mal qu'aux enfants d'Israèl, car nous avons commis plus de fautes que ceux-ci. » Par ces mots, El-Aboly faisait allusion à la dispersion des musulmans qui fut plus grande que celle des Juifs, à la célébrité éternelle de leurs luttes fratricides qui les affaiblirent au point de les placer sous le joug de leurs ennemis, à la multiplicité de leurs rois qu'avaient rendue nécessaire leurs vastes possessions, à la diversité de leurs origines et de leurs coutumes qui fut cause du renversement du khalifat.
« Le khalifat, en effet, fut retiré aux musulmans qui se conduisirent sous la royauté comme s'étaient conduits leurs devanciers ; ils se laissèrent dominer par leurs passions, en sorte que toute trace de piété disparut chez eux. N'oublions pas cependant, musulmans, que nous sommes la dernière venue des nations, et que Dieu nous a fait connaitre sur l'histoire des autres peuples moins de choses qu'il ne nous en a caché. Espérons qu'il complétera la grâce qu'il nous a faite et qu'il ne nous ôtera pas le voile de bonté dont il nous recouvre. Mais ce qui a été la plus grande cause de la perte des musulmans, c'est d'avoir voulu altérer les saintes Ecritures en y intervertissant l'ordre des mots (9). Non pas que cette altération ait été faite par substitution de mots, car, si pour les livres célèbres dont on fait usage, et qui sont dus à la plume des savants, il n'est permis en aucun cas d'y substituer une expression à une autre, comment le serait-il pour les livres divins ? Ainsi que le disent Ibn Abbés (10) et autres, c'est par l'interprétation des textes qu'on finit par en arriver à ce funeste résultat. Vous voyez, d'ailleurs, comme les livres qui expliquent le Coran se contredisent, et comme les versets sacrés et les traditions sont susceptibles d'interprétations plus ou moins fausses. Pourquoi, demanda-t-on à Malik, tout le monde n'a pas donné du Coran la même explication ? — C'est, répondit- il, parce que chacun a exprimé ses propres opinions qu'on ne s'est point accordé. » Il y a loin de ces paroles à celles d'Es-Siddiq (11): « Quel ciel, disait celui-ci, voudrait me protéger, et quelle terre voudrait me porter, si je m'avisais d'interpréter à ma guise le livre de Dieu Puissant et Grand?» Hélas! je me demande comment il se fait qu'après que celui-ci eut prononcé ces mots, il y ait eu des exégètes qui se soient un peu écartés de la juste interprétation du Livre sacré. Voici la cause la plus simple à laquelle on attribue la plus grande part du désaccord des interprètes du Coran : Parmi ces derniers, les uns arrivèrent à avoir une idée presque adéquate de la cause, de la portée, etc., de chaque verset du Livre saint, tandis que les autres ne surent pas ces mêmes choses avec précision. Lorsqu'après avoir longtemps discuté ces questions, ils finirent par s'apercevoir qu'ils étaient impuissants à les résoudre, ils voulurent, afin de sortir des limites du vague absolu qui entoure le sens des versets du Coran, donner de ceux-ci une explication qui permit aux esprits de les comprendre au moins sommairement. Ils interprétèrent alors les paroles divines de la manière que l'on sait, mais cette interprétation n'est qu'approximative et n'a aucun caractère de certitude et de précision absolues. Il y a, en effet, dans le Livre sacré, certains versets dont on ne connaît ni le sens général, ni le sens particulier; il se peut cependant que l'explication qu'on en a donnée soit la véritable ou, si elle ne l'est pas, qu'elle s'en rap¬proche. Il y en a aussi, il est vrai, dont le sens est connu, mais -il est associé à d'autres, de sorte qu'on ignore le sens particulier de ces versets; on peut tout de même admettre que la signification qu'on leur a attribuée soit réellement celle qui leur est propre. Puis on finit par confondre les deux sens (le sens particulier et le sens général). A vrai dire, l'explication du Coran est la chose la plus difficile qu'il soit : entreprendre cette tache est un acte d'audace et de témérité (12). «Tu expliques les songes comme si tu appartenais à la famille de Jacob (13), dit El-Hacén (14) à lbn Sirin (15). — Et toi, lui répondit celui-ci, tu inter¬prètes le Coran comme si tu avais assisté à sa révélation. Il est avéré que l'Apôtre de Dieu n'expliquait que quelques versets du Coran, et que ses compagnons, et après eux les tabi'oun (musulmans de la deuxième génération) agissaient de même. Les auteurs ont discuté sur l'exactitude de l'explication du Coran attribué à Ibn Abbés, ainsi que sur d'autres points de cet ouvrage. Il n'est pas permis d'indiquer les causes de la révélation des divers passages du Coran, non plus que de faire connaître les versets qui en abrogent d'autres et ceux qui sont abrogés, à moins de fournir à ce sujet des explications exactes ou d'avoir des preuves certaines et évidentes de ce qu'on avance. Mais on est autorisé à expliquer ce que le génie des Arabes leur permet de comprendre, en recourant à la lexicographie, à l'analyse grammaticale, à l'éloquence, à la rhétorique, à la force du raisonnement et à d'autres sciences. »
La première partie des deux derniers discours que l'on vient de lire doit être, selon toute apparence, attribuée à El-Aboly, et le reste à El-Maqqary. Réfléchissez-y bien ! Au surplus, Dieu sait le mieux ce qu'il en est.
Ahmed Baba ajoute ceci : Celui qui est l'objet de cette notice eut un grand nombre de disciples, tels que : Ibn Es-Sabbagh El-Miknacy (16), Ech Chérif Et-Tlemcény, le très docte Er-Rahouny, Ibn Merzouq l'Aïeul, l'incomparable Saïd El-Oqbany, Ibn Arafa, Ibn Khaldoun, le pieux ami de Dieu Abou Abdallah ben Abbad et une foule d'autres savants illustres » (17).

Notes

1 Voyez sa biographie dans Complément de l'histoire des Beni-Zeïyan, p. 25 et suiv.
2 Abderrahman Ibn Khaldoun, dans son histoire des Berbères et dans son autobiographie; Yahia Ibn Khaldoun, dans son Histoire des sultans abdelouadites; Ibn EI-Qadi, dans Djedhouat el¬iqtibas, et Ez-Zerkéchy, dans sa Chronique des Almohades et des Hafcides, nomment le personnage qui fait l'objet de cette notice: El-Aboly
3 Le Neïl el-ibtihadj porte : Abola
4 Le Neïl el-iblihadj porte : Mohammed ben Ghalioun.
5 Abou Hammou Ier régna d'avril 1308 à fin juillet 1318.
6 Le Neïlel-ibtihadj porte : El-Yahoudy (le Juif).
7 On lit ce qui suit dans Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères, tome III, p. 142 de la traduction de M. de Slane:
« Après la prise de Tlemcen par Aboul'I-Hacen (27 Hamadhan 737 = 1' mai 1337), la soldatesque, libre de tout frein, se mit à saccager les maisons. Le sultan traversa la ville jusqu'à la grande mosquée et fit venir les deux muftis conseillers d'État, Abou Zeïd Abderrahman et Abou Mouça Iça, surnommés les Fils de l'Imam. Il les avait déjà appelés du fond de la province, tant il estimait les hommes de savoir.. Ces docteurs lui firent un tableau affligeant de la situation de la ville, et par leurs vives remontrances, ils le décidèrent à mettre un terme aux maux des habitants 'et à faire proclamer la cessation du pillage. »
Ce récit se lit aussi dans le tome IV, p. 223.
8 Abou'l-Hacen Ali ben Mohammed ben Abd-el-Haqq Ez, Zeroualy (ou ez-Zerouily), plus connu sous le nom d'Es-Sogheïyr, est l'auteur d'un commentaire sur la Illodawana. Il mourut à Fez l'an 719 de l'hégire (inc. 22 février 1319). Voyez sa biogra¬phie dans le Dibadj, p. 204, et dans Djedhouat el-iqtibas, p. 299.
9 C'est une accusation que les musulmans portent aussi contre les Juifs. Voyez Coran, sur, Il, v. 39, et sur. IV, v. 48.
10 Abdallah ben El-Abbès ben Abd-el-Motallib ben Hachim El-Qorèchy El-Hachirny, cousin germain de Mahomet, naquit trois ans avant l'hégire (619 de J.-C.). C'était l'un des principaux compagnons du Prophète. On lui donnait les titres de Docteur du peuple musulman et d'Océan de science, à cause de son immense savoir. Omar ben El-Khattab l'honorait beaucoup malgré son jeune âge. Ce docteur vécut encore 47 ans après la mort d'Omar. On venait le consulter sur toutes les questions de droit. Il fut l'un des six compagnons du Prophète qui ont reçu le plus de traditions ; les cinq autres sont : Ibn Omar, Djabir, Ibn Abbés (son frère), Anes et Aïcha, femme de Mahomet. Les traditions qu'il a transmises s'élèvent au nombre de mille.
Ibn Abbès mourut à Thaïf, l'an 68 de l'égire (inc. 18 juillet 687). Son frère Obéfdallait Ibn Abbès, qui avait un an de moins que lui, est célèbre parmi les compagnons du Prophète. Il transmit les traditions à un certain nombre de docteurs et mourut à Médine l'an 55 de l'hégire (inc. 6 décembre 674).
11 Surnom du khalife Omar ben El-Khattab.
12 « ...Le respect d'El-Asma'ï pour le livre sacré et les traditions du Prophète était tel, qu'il refusait d'en interpréter les difficultés et les obscurités au moyen de son érudition; il répondait toujours: « Les Arabes du désert disent que telle et telle « expression signifient telle chose, mais je ne sais pas ce qu'elle « peut signifier dans le Koran. » (Cl. Huart, Littérature arabe, p. 143).
13 Allusion à Joseph, fils de Jacob, et ministre de Pharaon.
14 C'est El-Hacèn El-Basry
15 Abou Bekr Mohammed ben Sirin El-Basry était le fils d'un esclave d'Anes ben Malik. Il reçut les traditions d'Abou Horeïra et d'autres docteurs, et fut l'un des jurisconsultes de Bassora. Très versé dans l'interprétation des songes, il composa sur cet art, un livre intitulé Ichara fi ilm el 'ibara (Traité d'onirocritie), divisé en cinquante chapitres. Ibn Sirin naquit à Bassora l'an 32 de l'hégire (inc. 12 août 652) et mourut dans cette ville en 110 (inc. 16 avril 728). Voyez sa biographie dans Ibn Khallikan, tome II, p. 225.
16 Mohammed ben Es-Sebbagh El-Khazradjy El-Miknacy trouva la mort dans le naufrage de la flotte d'Abou'l-Hacèn le mérinide, vers la fin de l'année 750 (inc. 22 mars 1349).
Voyez sa biographie dans Neïl el-ibtihadj, p. 243, et dans Djedhouat el-iqtibas, p. 189.
17 Cette notice biographique est extraite du Neï/ el-ibtihadj, p. 244. La biographie d'El-Aboly se trouve aussi dans Djedhouat el-iqtibas, p. 191.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)