Tlemcen - Mohammed Ben Yahia Ben Mouça

Biographie de Mohammed Ben Yahia Ben Mouça



Mohammed Ben Yahia Ben Mouça (1)
Il était originaire des Meghraouas, et habita successivement Tlemcen et les Beni-Rachid. Il vint à Tlemcen avec Yahia ben Mohammed El-Mediouny et Omar El-Attafy. Tous trois étudièrent auprès du cheikh Es-Senoùsi et ce sont eux qui introduisirent dans la tribu des Beni-Rachid la science de l'unitarisme.
Mohammed ben Yahia fut un jurisconsulte, un contemplatif, un dévot accompli, un soufi scrupuleux, un grand thaumaturge et un homme d'une conduite irréprochable. Quant aux sciences non-mystiques, on peut dire qu'il en avait acquis la part la plus considérable, et qu'il avait obtenu dans le partage des principes fondamentaux et secondaires de ces sciences non seulement sa propre part, mais encore toutes les autres. Lorsqu'il enseignait une science, ses auditeurs étaient tentés de croire qu'il n'en connaissait pas d'autres, tellement il en parlait savamment.. C'était surtout en unitarisme et en métaphysique qu'il était remarquable ; mais il connaissait d'autres sciences non -mystiques que ces deux dernières et n'avait point de rivaux en sciences mystiques. Il savait mieux que les autres jurisconsultes résoudre les questions difficiles, principalement celles qui concernent l'unitarisme. Quand il enseignait les sciences non mystiques, il était aussitôt entraîné à parler de celles relatives à la vie future; cela lui arrivait surtout lorsqu'il, expliquait le Coran ou les traditions. On eût dit, en effet, qu'il avait l'autre monde sous les yeux tant il contemplait et craignait le Très-Haut. Voici les paroles que je lui ai entendu prononcer : « Parmi les sciences non mystiques, disait notre professeur, l'imam Es-Senoûsi, il n'y en a qu'une seule, celle de l'unitarisme, qui puisse donner à l'homme la connaissance de l'essence de Dieu et l'amener à la contemplation du Très-haut; c'est grâce à cette science que l'homme pourra comprendre toutes les autres; mieux il la possédera, plus il craindra le Seigneur et s'en approchera. »
Il étudia l'unitarisme, la jurisprudence, les principes fondamentaux du droit, la rhétorique, la logique, le calcul, le partage des successions et la grammaire sous le cheikh et imam Abou Abdallah Mohammed ben Youçof EsSenoûsi.
On lui doit un excellent commentaire sur le poème didactique d'Abou Zeïd Abderrahman qui était originaire des Beni-Senous et habitait le territoire des Beni-Refa'a.
Voici ce qu'on met dans la bouche d’Ibn Abou Djemra (disait encore notre maître Es-Senoûsi) : « Si le Prophôte n'avait pas prononcé les paroles suivantes: « Une portion de mon peuple restera fidèle au commandement de Dieu, sans avoir rien â craindre de la part de ses adversaires jusqu'au jugement dernier », il faudrait désespérer de trouver à notre époque un musulman fidèle aux divins commandements ; mais le hadith que nous venons de citer n'admet pas que nous professions une opinion aussi pessimiste, et il faut croire que ceux dont parle le Prophôte sont en très petit nombre. » A. cela, voici ce que j'ajoute (c'est Es-Senoûsî qui parle) : Le Prophôte a voulu désigner, par cette portion du peuple, les hommes de science. Il se.peut aussi qu'il ait voulu faire allusion à cet autre de ses discours : « Dieu, dit-il à ses compagnons, a, dans chaque siècle, cinq cents Hommes de bien (Kheir) et quarante Remplaçants (Badil) (2) ; ce nombre se maintiendra, sans aucune diminution, jusqu'au jour de la résurrection générale, si bien que, lorsqu'un Remplaçant vient à mourir, Dieu lui en substitue un autre qu'il choisit parmi les cinq cents Hommes de bien. C'est grâce à ces Remplaçants que Dieu fait cesser les fléaux qu'il inflige au monde ; c'est encore grâce à eux qu'il répand sa miséricorde sur les hommes et qu'il leur envoie la pluie. » Ses compagnons lui dirent : « Fais-nous connaître leurs oeuvres, ô Apôtre de Dieu. ! — Ils pardonnent, leur répondit-il, à ceux qui les ont offensés; ils font du bien à ceux qui les maltraitent, et ils s'entraident en se partageant les biens que Dieu leur envoie. »
« D'après une autre explication donnée par Dhou'n-Noun (3), la portion dont parle la tradition se compose des six ordres sui vants : les Coryphées (naqib) (4), les Nobles (nadjib) (5), les Remplaçants (badil), les Hommes de bien (kheïr), les Piliers (amoud) (5) et le Secours (EL-Ghauth) (7), autrement dit le Pôle (El Qotb) (8), et ces ordres subsisteront jusqu'au jour de la résurrection. Il y a cinq cents Coryphées dans le Maghrib, soixante dix Nobles en Égypte, quarante Remplaçants en Syrie ; les sept Hommes de bien n'ont point de demeure fixe: ils sont sans cesse à voyager à travers le monde.
« Voici ce qui a été raconté par sidi Mohammed ben Yahia : « Une fois, dit-il, je fis la rencontre de l'un des Hommes de bien. « Combien êtes-vous? et quel est actuellement votre chef lui demandai-je. — Sept, répondit-il ; quant à notre chef, c'est sidi Iça El Aqra' (le chauve). » J'eus, plus tard, l'occasion de les voir tous les sept ; ils assistaient avec les fidèles à la prière solennelle de la rupture du jeûne et au sermon que l'imam prononça à cette occasion. Lorsque l'imam eut fini de prêcher, tous les sept se levèrent et sortirent de la mosquée. Je les suivis, et, après les avoir salués, je les invitai à venir déjeuner cher moi. Ils acceptèrent et mangèrent ce que Dieu leur avait départi de la nourriture que je leur offris. Lorsqu'ils furent sur le point de quitter notre village, ils prirent congé de moi, et je pris congé d'eux; puis ils firent deux ou trois pas devant moi et disparurent à mes yeux.
« Les Piliers, qui sont au nombre de quatre, se tiennent aux quatre coins de la terre, c'est-à-dire à ses quatre points cardinaux. Quant à ce qui est du Pôle, il est unique et réside à La Mecque: c'est lui qui est le Secours ou celui auquel on a recours. Quand le Secours vient à décéder, on le remplace par l'un des quatre Piliers, lequel, à son tour, est remplacé par l'un des sept hommes de bien. On substitue à celui-ci l'un des quarante Remplaçants qui se trouvent en Syrie; et à la place de ce dernier, on fait succéder un des soixante-dix Nobles qui sont en Égypte, lequel est lui-même remplacé par un des cinq cents Coryphées du Maghrih. Ce dernier est enfin remplacé par quelqu'un tiré des autres créatures humaines (9).
« On peut, aussi expliquer le hadith par ces paroles d'Ibn Meç'oud (10) : « Dieu, dit-il, a dans chaque siècle trois cents musulmans dont les coeurs reposent sur le coeur d'Adam ; quarante dont les coeurs reposent sur le coeur de Moïse ; sept dont les coeurs reposent sur le coeur d'Abraham ; cinq dont les coeurs reposent sur le coeur de Gabriel et un dont le coeur repose sur celui d'Asrafil. Ils se succèdent les uns aux autres et se perpétueront jusqu'au jour de la résurrection. Quand l'un meurt, Dieu le remplace par quelqu'un d'un rang inférieur, et quand l'un des trois cents vient à manquer,' Dieu choisit quelqu'un de la foule des musulmans pour occuper sa place. C'est grâce à eux que Dieu donne la pluie ; c'est par eux que Dieu donne la vie, c'est par eux qu'il fait mourir.
« Comment, dit-on à Ibn Meç'oud, Dieu donne-t-il la vie et fait-il mourir par eux? — Voici comment, répondit-il : quand ils prient contre les tyrans et les oppresseurs, ceux-ci périssent ; quand ils prient pour la prospérité et l'augmentation de la population, le peuple prospère et se multiplie (11). »
« La portion du peuple dont parle la tradition peut aussi s'entendre de l'ensemble des hommes désignés dans les trois versions du hadith, attendu qu'ils sont tous des savants. Au surplus, Dieu connait mieux que personne ceux dont le Prophôte a voulu
parler.
On peut enfin admettre comme explication ces paroles de sidi Abou Mohammed Abdallah ben Abou Djemra : « Ils sont en si petit nombre qu'ils ne sont connus de personne », vu que tous les hommes dont parle le hadith sont, ainsi qu'il le dit fort bien, très peu nombreux par rapport au reste des mortels. Heureux celui qui a connu un de ces privilégiés et l'a contemplé avec vénération ! Celui qui, en effet, aura été leur compagnon, n'aura pas à redouter d'être damné. Nous prions Dieu qu'en considération des bénédictions dont il les a favorisés, il veuille bien, par un effet de sa bonté et de sa générosité, nous faire miséricorde.Amen!
Notre professeur sidi Mohammed ben Youçof Es-Senousi ajoutait : « Voilà ce que ces imams remarquables disaient en parlant de leur époque, qui, cependant, fut une des plus brillantes et des plus florissantes si l'on considère qu'elle était illustrée par des princes de la science tels qu'eux et leurs pareils! Que diraient-ils donc s'ils vivaient aujourd'hui, à la fin du neuvième siècle? Par Dieu dont on implore le secours! qui pourra jamais décrire la corruption de notre temps et de notre génération ? La voir dispense d'ailleurs de la décrire. Celui qui, de nos jours, veut faire son salut, doit, de toute nécessité, après avoir acquis ce qu'il est nécessaire de savoir en fait de science, vivre à l'écart de tout le monde, rester dans sa demeure, pleurer sur lui-même et implorer Dieu avec la même ferveur qu'un naufragé. 1l se peut que le Très-Haut opère alors, par un effet de sa bonté, un miracle qui le mettra, jusqu'à sa mort, à l'abri de toutes les tentations qui assiègent en foule compacte son âme et sa piété. »
Je n'ai pu savoir la date de la mort de sidi Mohammed ben Yahia. It fut l'un des plus grands savants et des plus grands saints. Il enseignait le Coran aux djinn (génies), et fut favorisé de célestes révélations. On raconte que s'étant arrêté dans un village appelé Nebch ed-dhib (Trou fait par le chacal en grattant avec ses pattes), il dit à ses habitants : « Les chrétiens s'empareront de ce village ; c'est ici qu'ils arrêteront les musulmans. »

Notes

1 « Nous signalerons aussi (parmi les savants personnages issus de la tribu des Maghraoua) l'ami de Dieu, Mohammed ben Yahia, que l'on a surnommé Mokri el-Djinn (lecteur des génies) parce que des esprits lui soufflaient par derrière les réponses qu'il avait à faire. Il était disciple du cheikh Es-Senoucy. II est auteur d'un traité sur le Tauhid ou monothéisme. Son tombeau est sur l'Oued Froha (commune mixte de Mascara). J'ai lu dans un ouvrage attribué au savant et pieux Sidi Abou Zeïd le Toudjnanite, que le cheikh Mohammed ben Yahia était Chérif. El-Djouzy, commentateur de cet ouvrage, reconnaît la vérité de cette origine. Dès l'instant que ces deux érudits s'accordent à faire remonter la filiation de ce saint au prince des Musulmans, Ali ben Abou Taleb et à son épouse, notre maîtresse, Fathima, fille du Prophète, il n'y a plus de doute à concevoir sur l'exactitude de ce fait. » (Revue africaine, année 1879: Voyages extraordinaires et nouvelles agréables, par Bou Ras, traduction de M. Arnaud, interprète militaire, p. 293).
2 Voici la définition qu'Ibn Araby donne de ce mot : « Les Bodala (pluriel de badil) sont au nombre de sept. Est badil, le soufi qui, partant en voyage, laisse au milieu des siens un fantôme qui lui ressemble, si bien que ceux-ci ne s'aperçoivent pas de son absence ».
3 Abou Feïd Thouban ben Ibrahim Dhou'n-Noun El-Misry, disciple de l'imam Malik, l'un des premiers chefs de la secte des soufis, florissait en Egypte dans la première moitié du 111e siècle de l'hégire. Il mourut dans ce pays en 245 (inc. 8 avril 859), d'après El-Qochéïry, dans son traité intitulé Er-Riçala. Yafi'y, dans son histoire des saints de l'Islam, qui porte le nom de Raudh er-raïahin, a décrit longuement la vie de ce soufi.
4 Voici comment Ibn Araby définit ce mot :
« Les Noqaba (pluriel de naqib) sont les soufis qui devinent les pensées les plus secrètes; ils sont au nombre de 300 ».
5 Ibn Araby dit : « Les Nodjaba (pluriel de nadjib) sont au nombre de 10; ce sont ceux qui se chargent du fardeau des affaires humaines; ils ne s'occupent que des besoins d'autrui ».
6 Ibn Araby définit ainsi ce mot :
« Les Piliers sont au nombre de quatre; ils représentent les quatre points cardinaux. »
7 « Le Ghauth, dit Ibn Araby, est unique en tout temps; quand l'heure est venue, c'est lui qui sert d'asile aux humains. »
8 D'après Ibn Araby, c'est le Ghauth, c'est-à-dire l'homme unique qui, à chaque époque, remplace Dieu dans l'administration du monde. Son coeur repose sur celui d'Israfil.
9 « Si l'on en croit certains docteurs soufis, dans le mois de safar Dieu envoie sur la terre trois cent quatre-vingt mille fléaux pour chàtier les iniquités des hommes. Le soufi qui est parvenu à la suprême dignité de Ghauth est chargé, eu sa qualité d'aide et de refuge, du poids des trois-quarts de ces fléaux; la moitié de ce qui reste est répartie entre les Nakib ou Gardiens, qui se trouvent disséminés dans l'empire musulman, et l'autre moitié ou le dernier huitième des fléaux se répand sur le genre humain. Le Ghauth, victime expiatoire des péchés du monde et sorte de bouc émissaire, est soumis aux épreuves les plus dures, à l'attaque des mauvaises langues, à la calomnie, à la persécution; il finit par tomber malade, et meurt bientôt sous le poids des maux qui lui ont été dévolus. . . » (Abbé Barges, Vie de Cidi Abou Medien, p. III de l'Introduction, note 1).
10 Ibn Meç'oud est le même qu'Abou Abderrahman Abdallah - EI-Hazily, qui fut un des plus illustres entre ceux qui sont nommés Es-Sahaba, c'est-à dire Compagnons ou Contemporains de Mahomet. Celui-ci fut un des confidents et amis du Prophète, et on dit de lui qu'il se trouva dans les deux fuites ou retraites, à savoir, celle d'Ethiopie et celle de Médine, et qu'il pria la face tournée vers les deux qibla, qui sont Jérusalem et la Mecque. » (D'Herbelot, Bibliothèque orientale, article Ibn Meç'oud).
« 11 L'Ouali est l'ami, l'élu de Dieu, le saint. Suivant l'explication donnée par Djami, Dieu a voulu rendre permanente la preuve de la mission donnée au prophôte Mahomet, et a destiné les Ouali à servir d'instruments à la manifestation de cette preuve. Il a mis aux mains des Ouali le véritable gouvernement du monde, parce qu'ils se sont consacrés exclusivement à l'observation des traditions laissées par le Prophète, et qu'ils ont renoncé entièrement à suivre leur propre inclinaison. C'est par la bénédiction de leurs pieds que la pluie tombe du Ciel (1), et c'est par un effet de la pureté de leur état extatique que les plantes germent au sein de la terre. C'est enfin par leur intercession que les Musulmans remportent la victoire sur les infidèles. Ils sont au nombre de quatre mille, tous cachés et ne se connaissant ni les uns ni les autres. Ils ne connaissent pas davantage l'excellence de leur état ; ils sont cachés pour eux-mêmes. Il y a des traditions sûres qu'établissent ces faits, que confirment d'ailleurs les assertions des Oualis. Parmi eux, ceux qui jouissent des plus grands pouvoirs, et qui sont comme les premiers officiers de la cour de Dieu, sont au nombre de trois cents, appelés Akhiar ; ce sont des Oualis de choix, les élus de premier ordre.
Le Kotb signifie littéralement le pôle. Dans le langage mystique du soufisme, l'être privilégié auquel ce titre est décerné, est le saint par excellence, celui qui occupe le sommet de l'axe autour duquel le genre humain avec toutes ses créatures, toutes ses grandeurs, toutes ses vertus, toutes ses sciences, et tous ses vices, toutes ses petitesses, accomplit son éternelle et immuable évolution. C'est le pôle qui répand l'esprit de vie sur la nature supérieure et inférieure. Dans ses mains est la balance de l'émanation générale.
« Le R'outs est également unique, et occupe un degré plus élevé encore dans l'échelle mystique. Ainsi que l'indique son nom significatif, il est le secours suprême des affligés, le sauveur, si l'on aime mieux traduire par un seul mot, qui rend peut-être plus exactement la pensée de la racine opem . Dieu lui a fait don du grand talisman. Il se répand dans toute la nature, dans toutes ses substances, et donne la vie, de même que l'esprit anime le corps (1).
« C'est sans contredit un grand et puissant personnage, celui que la commune croyance investit d'aussi hautes attributions.
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Contemplation, mysticisme s'allient volontiers avec le caractère des sectateurs du Coran. Dans ce livre, le dogme de la fatalité est en germe, dogme qui tue le libre arbitre, et asservit la volonté humaine aux immuables décrets de l'être suprême De ce dogme est né le Soufisme, qui l'a développé, agrandi, étendu jusqu'à ses plus extrêmes limites, et en a tiré d'effroyables conséquences. Puisque tout est réglé, disposé et ordonné, de toute éternité, dans le sein de Dieu même, puisque rien ne se fait et rien n'arrive qui n'ait été prévu et arrêté par sa volonté infinie, laquelle ne peut ni varier, ni changer, ni se modifier, l'homme n'est plus qu'un être passif. La pensée, la réflexion, l'activité, les lumières de l'intelligence, les efforts de la raison, ne sont qu'un édifice bâti par l'orgueil humain sur le sable. A quoi tout cela est-il bon ? Dieu tient entre ses mains le livre immense de nos destinées. Mais qui pourra lire dans ce livre. C'est là le monde invisible. Qui pourra en sonder les mystères impénétrables? Impénétrables, oui par les esprits vulgaires et que Dieu n'a pas touchés de sa grâce. Mais pour l'Ouali, c'est autre chose. Les secrets de la vraie science qui s'appelle Hakika dans le langage mystique, lui ont été révélés ; il y voit clair, il ne tient qu'à vous de le suivre dans les espaces du spiritualisme. Vous qui marchez à la connaissance de la hakika, elle vous enseignera à faire abnégation de vous-même, do vos facultés, de votre intelligence, de vos aspirations, de tout ce qui vous faisait homme jusque-là. Pour être Soufi, il faut se renoncer, s'abdiquer, destituer son propre être, pour ainsi dire ; il faut abêtir son âme : le mot n'est pas trop fort. Ce n'est pas tout. Le soufi se réfugiera dans l'intuition ; il s'absorbera dans la contemplation d'un idéal, qui n'est autre que Dieu lui-même, Dieu pénétrant tout de son essence, Dieu étant, voulant et agissant partout, pour tout et en tout, Dieu réglant les phénomènes de la conscience et du for intérieur, aussi bien que les faits visibles et palpables du monde extérieur. Comment caractériser une pareille doctrine ? c'est le panthéisme ou peu s'en faut. Spinosa n'inventa rien de plus absolu. Qu'on ne s'y méprenne pas : le Soufisme n'est pas seulement un système, c'est à lui seul une religion. A vrai dire, dans l'islamisme, c'est une hérésie, bien que l'islamisme en ait singulièrement favorisé l'essor. Hérésie marquée du sceau de l'antique Orient ! N'est-ce pas, en effet, la résurrection de ces vieilles rêveries ? Qui ne reconnaîtrait à des marques certaines, dans l'ensemble de ces doctrines, l'alliance du mysticisme néo-platonicien et du gnosticisme égyptien? Quelle analogie frappante entre le Gnosis (la vraie science) et la Hakika ; entre le Kotb et le Demiourgos ; entre le Soter et le R'outs ! Le soufisme est un plagiat flagrant. Mais jl n'en a pas moins fait son chemin dans le monde islamique qui est comme l'antipode de la vie active, et qui semble créé tout exprès pour la contemplation, le quiétisme et l'extase ! Un Sidi Bou Médine, un Sidi Abdelkader El-Djilany et d'autres chefs de secte leurs émules ressemblent, à s'y méprendre, à un Simon le Magicien ou à un Philon le Juif, .à ces hérésiarques mystiques qui apparurent, effrayants météores, dans les premiers âges du Christianisme. Illuminés, hérétiques! L'orthodoxie musulmane les anathémisa et les proscrit de son sein. Oui, mais il vous a manqué, ô musulmans, un Origène, ou un Tertullien, ou un saint Augustin, pour combattre ces doctrines et les réduire en poussière ! Le Soufisme, d'ailleurs, a été habile et rusé, il a été politique. Il n'a jamais lutté ouvertement contre les canons orthodoxes ; il a fait ses prosélytes dans l'ombre, avec une apparence de respect pour les idées reçues et les principes établis. Il s'est constitué, dès son origine, en sociétés, ayant pour but avouable et avoué, qui est la pratique exclusive et assidue des pures doctrines de l'Islam, dans les retraites de la vie monastique. Mais en même temps, il créait pour les initiés, une règle, des préceptes et des formules, dont l'observation implique le dévouement et le secret le plus absolus. Grâce à ce secret même, et à la puissante initiative des hommes qui dirigeaient l'institution, le Soufisme gagnait du terrain, et s'étendait de proche en proche. De l'Orient, son berceau, il se ramifia successivement dans tous les pays de croyance islamique. II jeta partout de profondes racines. Des associations, ou ordres religieux soufiques, ont fini par couvrir toutes les régions de l'Asie et de l'Afrique mahométanes. Il n'est pas téméraire d'affirmer qu'ils y constituent aujourd'hui la religion dominante. En Orient, sous le nom de fakirs (EI-Fokra), en Algérie et dans les États barbaresques, sous le nom de khouan, les sectateurs du soufisme règnent en maîtres, et nul ne songe à les troubler dans la jouissance de leurs prérogatives prétendues religieuses, j'entends ceux mêmes à qui elles devraient porter le plus d'ombrage. » (Revue africaine, 4° année, n° 19, octobre 1859. Extrait de l'article de M. Brosselard, intitulé Mausolée du Cheikh El-Ouali Sidi Boumedin).





Salam, je suis originaire de Msirda (oulad sidi Mhamed ben Yahia) Notre généalogie est établie de la façon suivante : Sidi Mohamed ben Yahia ben Ali ben Yahia ben Abdul Razzak ben Abdul Kader Al Jilani ben Salah ben Mussa ben Yahia Zaïd ben Mohamed ben Daoud ben Mussa ben Abd Allah ben Mussa el Jûn ben Abd Allah ben Hassan el Mouthana ben Hassan ben Ali ben Abu Talib Selon notre tradition Sidi Mohamed aurait eu trois enfants, l'un qui s'installa au Msirda, l'autre à Froha (Mascara) et l'autre à Taza (Maroc). Quelqu'un posséderait-il la lignée des sidi Mohamed ben Yahia de la commune de Froha (Mascara) Ceci afin d'établir des correspondances entre nos deux branches. Merci de me contacter sur amlouh@yahoo.fr Barak allah ou fikoum.
Louh - Enseignant - Msirda, Algérie

13/04/2018 - 375395

Commentaires

Mon intervention fait suite à l’article paru sur le site http://wwwmsirda.com et relatif à l'arbre généalogique de Sidi Mohamed Benyahia de M'Sirda. Il est précisé que le Saint était père de Sidi M’Hamed Benyahia de Froha (Mascara). Or, en se réfèrant à la documentation afférente aux deux Awliya-essalihines, il s'est avèré que la position hiérarchique aurait été inversée. En effet de part les dates de naissance des deux Wali-Allah et les différentes publications, Sidi M’Hamed de Froha serait le père de Sidi Mohamed Benyahia de M’Sirda. Ils sont les descendants de Sidi Yacoub. Sidi M’Hamed Benyahia de Froha a eu trois enfants: Sidi Mohamed El Kébir, Sidi Mohamed Es Ghir et Sidi Slimane. Par ailleurs, il est à indiquer également que Sidi Mohamed El Kébir a quitté la région de Mascara pour s’installer chez la tribu des Béni Kelal sur l’Oued Za au Maroc et d’ailleurs l’agglomération porte son nom. Sidi Mohamed Es Sghir est parti vers les côtes proches de Médiouna et M’Sirda. La hiérarchie dans l'arbre généalogique séparant Sidi M’Hamed Benyahia de son Aïeul l’Iman Ali كرم الله وجهه est de 24 ancêtres dont Sidi Abdelkader El Djilani. Il est à noter que Sidi M'Hamed Benyahia de Froha a vécu de 838 à 920 (Hégire)
- Retraité - MasCARA, Algérie

18/12/2012 - 51504

Commentaires

Dans un document portant arbre généalogique des Ouleds ben Yahia paru sur le site http://www.msirda.com/, il est mentionné ce qui suit : " Sidi Mohamed ben Yahia ben Ali, descendant de Sidi Abdel Kader Djilani laissa trois enfants, Brahim, Yahia et Moussa. L'un d'eux vint habiter à Froha (Commune de Mascara). Je souhaiterai savoir dans la mesure du possible si le dernier cité, Moussa, est le grand-père de Sidi Mohammed ben Yahia ben Moussa objet de votre article du 13/09/2008 sur la biographie de ce Saint dont le Mausolée se trouve à une dizaine de kilomètres de la Daira de Ghriss, non loin de Froha et appelé plus communément "Sidi M'hamed Benyahia " (qaraî el djounouns). " قري الجنون " Tout en vous remerciant par avance, permettez-moi de vous présenter mes meilleurs voeux à l'occasion des deux Nouvelles Années, l'Hégirienne 1430 et la Grégorienne 2009.
Djillali - Retraité - Mascara
31/12/2008 - 2441

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