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Bientôt les routes dans les villes ne serviront plus à rien


Bientôt les routes dans les villes ne serviront plus à rien
Vécu, il y a quelques jours. Dans une navette transportant des passagers vers Kouba-Ben Omar, à Alger, le conducteur laisse en permanence les portières ouvertes «pour donner un plus d'aération» au véhicule, en sus de toutes les fenêtres cinglant à la brise de la première heure chaude du matin. L'agent de la circulation dans l'intersection, du côté des Sources, menace d'enlever les papiers en réitérant l'explication qu'il faut que les portières soient soigneusement closes lorsque le bus est en mouvement. Le chauffeur s'excuse en déclarant que son système qui commande les portes «coince de temps à autre» et le brave policier lui fait rappeler que le moindre inconvénient dans le fonctionnement du véhicule nécessite son arrêt immédiat et qu'il ne doit être remis en circulation qu'une fois les fonctions en panne réparées selon les normes du meilleur service et de totalesécurité. Le conducteur renouvelle les excuses en actionnant la fermeture des portières ? qui ferment sans difficulté aucune ? et redémarre.La loi du nombrilQuelques dizaines de mètres plus loin, il appuie sur le bouton et rouvre les portières, l'agent toujours visible dans le rétroviseur. Un des passagers debout, très près de laportière avant ? la Direction des transports autorise 14 places debout mais ce Tata,26 places assises, en rajoute 6 autres ? s'en prend au chauffeur qui lui reproche de reprendre les risques dans la sécurité desusagers une fois que le flic n'est plus là et qui plus est n'a pas sévi. D'autres passagers se mettent de la partie, certains quittent même leur siège pour aller derrière le conducteur le tançant des mots les plus crus. Mais en vain, jusqu'au terminus les portières sont restées ouvertes. L'initiateur de la révolte contre le chauffeur prend le nécessaire pour noter le numéro d'immatriculation du Tata avant de jurer par le bon Dieu et tous les prophètes d'aller dare-dare raconter l'aventure aux autorités des transports de la daïra. Voilà pour l'anecdote.Qu'est-ce qui s'est passé en fait ' Sur le plan général, ce véhicule de transport interurbain de personnes travaille en «solitaire», c'est-à-dire qu'il n'est pas intégré dans quelque parc véhicules d'une entreprise de service public ayant une responsabilité physique et morale à la tête, rendant des comptes devant le public sous couvert de l'autorité dans le domained'activité qui la concerne, en l'occurrence l'administration des services du transport de la localité dans laquelle l'entreprise a inscrit son registre de commerce. Qui permet au transporteur d'obtenir un contrat sur la base d'un cahier de charges stipulant toutes les conditions obligées nécessaires pourl'accomplissement légal de la fonction. Autrement dit, en dehors des conditionsinextricables à la pratique ? le véhicule en bon état de marche, les personnels y exerçant en bonne santé, physique et mentale (et morale aussi), dotés des qualifications, au moins le permis du transport en commun pour le conducteur, la qualité de savoir au moins compter la monnaie pour le receveur ? les contractants avec les autorités du transport public son tenus de respecter à la lettre la façon de prendre en charge les citoyens se déplaçant dans les véhicules.Sous le poids du nombreMais elles sont des milliers, ces navettes, qui agissent chacune pour son propre compte, dans toutes les acceptations du terme. Avec la conséquence de tous les petits passe-droits, qui, cumulés un peu partout dans la vie courante, font l'enfer dans la circulation à l'intérieur de la cité, avec tous les corolaires en nuisances multiples autour des infractions à l'ordre de la discipline dans le comportement communautaire. Et le brave usager, qui prend la défense de l'agent de police qui a été gentil de ne pas enlever les papiers, va être demain confronté, peut-être avec un autre chauffeur, dans un autre bus bondé aussi, qui va se garer devant une pizzéria et commander une bonne capricciosa, ou alors pénétrer sans avertir dans une station essence pour faire le plein. Enfin, maintes fois reprise cette observation du «chacun pour soi» dans le grave service du transport en commun pour dire qu'il n'existe pas une politique du transport dans le cas de la vie de tous les jours, où les citoyens vont à leurs activités sociales, qui font généralement leur raison d'être. Mais dans lesquelles les temps intermédiaires, un jour après l'autre, sont en voie d'atteindre la durée des temps ouvrables, ne laissantpratiquement aucun espace de durée pour les gratifications intimes, pour les besoins de la famille, de la détente ou de l'apprentissage en continu. Les citoyens ont, depuis les dix dernières années, accès plus facilement à la voiture ; il y a quelques décennies, dans un quartier donné de la cité, le nombre de voitures se comptait sur les doigts d'une seule main, aujourd'hui une famille peut posséder des véhicules au nombre de ses membres. C'est une marque de progrès, d'essor, en soi, et cela donne de l'espérance pour le confort global de la nation. Chaque citoyen a le droit d'être à l'aise dans lesattributs de la richesse de son pays, dès lors qu'il travaille honnêtement, n'enfreint pas la loi et ne nuit pas à son prochain pour posséder les biens et au moment d'avoir ces biens.Pour des assises du transportToutefois les gouvernements qui se sont succédés n'ont pas fait accompagner cette embellie dans le pouvoir d'achat d'une bonne partie de la population par une méthode intelligente et efficace de la gestion dutransport de masse. Beaucoup de citoyens ont dans la tête l'idée de mettre la main sur une voiture pour le seul défi de ne plus devoir prendre le bus pour aller au travail et les plus riches en font de même pour leurs enfants qui vont à la fac. Une situation paradoxale de la pensée individuelle du transport, qui fait que la rue, aujourd'hui, offre un spectacle dramatique, où, dès la sortie du chez-soi, le citoyen est confronté à un embouteillage. Les bus et les véhicules particuliers, les uns serrés derrière les autres, souffrent le martyr pour le moindre tronçon conquis. C'est comme le serpent qui se mord la queue dans cette ambiance incohérente et punitive, qui laisse incapables les responsables du transport et perplexes les propriétaires des véhicules particuliers et les usagers des transports en commun : il y a un manque à transporter dans les navettes et un trop plein de circulation dans la route. En d'autres termes, qui veulent dire, qu'une bonne organisation dans le ramassage par bus ferait économiser un grand nombre de véhicules individuels circulant dans la cité, durant les moments ouvrables.Bref, au train où va cette inconséquence citadine, où pour un tronçon de quelques kilomètres à vol d'oiseau on sacrifie deux heures de temps, dans très peu de temps, les rues urbaines ne serviront plus à rien. Une intelligence citoyenne parle de débat national sur le transport, voire d'assises même.Au-delà de la petite voyoucratie dans une navette, qui agit depuis la volontéindividuelle motivée par le seul intérêt nombrilique de gagner une journée de travail en faisant tourner en bourrique les usagers, il est question du bon sens à mettre en place pour le bien être communautaire. Et il faut faire vite, presque le quart de la population aujourd'hui a pris les chemins de l'école, la plupart, parmi les élèves qui vont au lycée, peuvent s'arranger pour y aller à pieds, mais demain ils auront à prendre la voiture ou la navette pour aller travailler.N. B.




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