Algérie

Bien ardu d'inventer ce qui n'existe pas Aridité culturelle à Constantine




De notre correspondant à Constantine A. Lemili
Constantine reste une ville atypique sur le plan culturel. Officiellement, tous les satellites fonctionnant au titre de l'action publique distillent régulièrement des programmes, lesquels, en réalité, ont peu ou prou d'audience, exception faite des manifestations événementielles que constituent les festivals du malouf, aïssaouas, poésie féminine, théâtre pour enfants et le jazz pour les habitués. Il n'est donc pas exagéré de faire le constat qui consiste en une triste réalité : dans leur stricte majorité les Constantinois ne vont pas à la culture. C'est plutôt l'inverse qui a cours. Parce qu'il n'existe plus de salles de cinéma autant dire que le 7e art n'a plus pignon sur rue dans la ville des Ponts. La lecture n'intéresse que les quinquas, ce qui d'emblée réduit à peau de chagrin les espaces à même de satisfaire la demande à peau de chagrin. A dire vrai, il n'existe qu'un seul prestataire de nature à combler, et le vide, et la demande des quelques irréductibles passionnés de lecture. Ce qui confine la prestation de ce dernier à un véritable sacerdoce malgré le fait qu'il s'évertue plus qu'il ne le faut à anticiper sur les choix de la potentielle clientèle en demeurant à tous les instants au diapason de l'actualité extérieure notamment, la production intérieure n'intéressant qu'une catégorie déterminée de lecteurs notamment celle qui s'intéresse à l'histoire nationale et plus particulièrement celle née des nombreuses controverses balancées tel un pavé dans la mare dans le paysage. Dans ce vide abyssal, les différentes structures publiques vont très certainement mettre à profit la proximité, voire la concomitance du mois de Ramadhan avec l'été pour «fourguer» du deux en un à une population peu regardante sur le fond et la forme des spectacles qui lui seront proposés dans la mesure où l'essentiel resteront les instants de convivialité partagés entre des groupes de personnes en permanence frustrés l'année durant. Dans un univers où les bibliothèques communales sont vides de toutes substances, des librairies poussiéreuses débordantes d'ouvrages religieux et/ou romans d'auteurs arabes rébarbatifs et au contenu sirupeux pour ne pas dire intellectuellement régressifs, des foires (rarement le qualificatif n'a eu autant de consistance) du livre assimilables à celle d'empoigne, n'essaient de fonctionner autant que faire se peut des vidéothèques dont certains gérants ont choisi de mettre la clé sous le paillasson depuis quelques mois. Tout ce qui est dit officiellement n'est en réalité qu'un assemblage de non-dits et mensonges par omission au moment où l'initiative privée fait cruellement défaut et où la notion d'investissement culturel n'est qu'une vue de l'esprit. Bien entendu, les promesses de relance des activités de salle de cinéma émanant aussi bien de l'exécutif wilayal que des communes sont régulièrement claironnées mais sans plus. Paradoxalement, depuis quelques semaines un homme de culture essaie de prendre langue avec les instances exécutives locales dans le but de faire avancer l'idée de l'implantation d'un multiplexe culturel entièrement financé par des apports extérieurs. Nous passerons sur les engagements pris pourtant en ce sens par des responsables, passés depuis au rayon des abonnés absents.
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