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Benflis: «L'impasse politique est totale»



«Nous sommes encore loin de la République démocratique et sociale que la Révolution de Novembre s'est fixée comme objectif», a déclaré hier Ali Benflis à l'occasion d'une conférence de presse organisée au siège de son parti à Dely Brahim, sur les hauteurs d'Alger. Le président de Talai El Houriat n'a pas, encore une fois, été tendre avec les pouvoirs publics en affirmant que la situation dans laquelle «patauge» le pays actuellement est encore pire que celle des années 1990.« L'Algérie indépendante a connu des périodes difficiles, des crises politiques, des crises économiques et sociales, les crises sécuritaires des années 90, qui ont mis à rude épreuve la stabilité et la sécurité nationales. Mais je n'exagèrerai pas en affirmant que jamais notre pays ne s'est trouvé dans une situation aussi délicate, porteuse d'un aussi grand risque de rupture de la paix civile, de la stabilité et de la sécurité nationale, comme aujourd'hui », a déclaré M Benflis qui tonne que « l'impasse politique est totale ». « Le pouvoir autiste ignore les partis politiques et la société civile et fait la sourde oreille aux lanceurs d'alerte. Il s'est enfermé dans ses fausses certitudes et ses illusions », souligne l'ancien chef du gouvernement en ajoutant que les cercles du pouvoir s'entre-déchirent pour se positionner en vue de l'échéance présidentielle par médias et clientèles interposés. « Profitant du vide au sommet de l'Etat, les forces extraconstitutionnelles se font plus arrogantes. Les lobbies n'ont jamais été aussi actifs pour influencer la décision gouvernementale », dira encore M. Benflis qui assure que le pays n'est pas gouverné et que le pouvoir gagne du temps sur la trajectoire qui mène à 2019.
La situation économique est désastreuse, de l'avis de M. Benflis qui affirme également que tous les indicateurs sont au rouge. « Les réserves de change fondent. L'hyperinflation se profile à l'horizon. Les prix des produits et des services flambent. La monnaie nationale se dévalue à une allure vertigineuse. Le pouvoir d'achat s'érode à un rythme effréné. Le chômage est en hausse. Et le pire est à venir », dira le conférencier qui enchaîne en soutenant que près de quatre ans après le début de la crise, le gouvernement continue à naviguer à vue. «Les gouvernements qui se sont succédé ont échoué parce qu'ils ont été incapables d'engager les réformes aussi urgentes que nécessaires pour faire face à la crise, par manque de courage politique et de légitimité », analyse encore M. Benflis qui affirme que la prédation et la corruption ont appauvri le pays et enrichi les prédateurs.
Toujours dans le chapitre économique, l'ancien candidat à la présidentielle de 2014 assure que la fuite des capitaux s'accélère et la fraude au commerce extérieur, sous toutes ses formes, annihile tout effort d'assainissement de ce secteur. « L'évasion fiscale continue à priver le Trésor public de ressources importantes. Et les fortunes amassées de manière douteuse continuent à s'exhiber sans pudeur et sans crainte. L'instabilité du cadre juridique décourage toute velléité d'investissement. Notre pays s'isole du reste du monde », dira Ali Benflis qui met en garde en soulignant que le front social est en ébullition et que les mesures d'austérité et les décisions irréfléchies des gouvernements qui se sont succédé ces quatre dernières années ont accéléré la dégradation des conditions de vie de la population. « Plutôt que de s'engager sur une voie apaisée pour baisser les tensions sociales, le pouvoir a recours à la stratégie de la division en tentant de monter les familles des malades contre les médecins, les parent d'élèves contre les enseignants, les usagers de la route contre les marcheurs, les voyageurs contre les syndicats des compagnies aériennes nationales et les cheminots », a ajouté Ali Benflis qui met également en garde contre une telle démarche qui pourrait, selon lui, provoquer la radicalisation et l'élargissement du mouvement de contestation à d'autres secteurs de la société et accroître, par là même, le risque d'un dérapage aux conséquences incalculables pour notre pays.
Le président de Talai El Houriat affirme que l'opposition ne doit pas baisser les bras. Elle doit, estime-t-il, demeurer une force de proposition pour amener le pouvoir en place à ouvrir un dialogue inclusif pour une sortie de crise, à condition de laisser de côté ses différences secondaires et se regrouper autour d'une démarche collective dont la finalité première est de sortir le pays de la crise dans laquelle il s'enfonce chaque jour davantage. « Si nous insistons sur le dialogue, c'est par conviction que la situation, aussi grave soit-elle, n'est pas désespérée.
Notre pays a encore assez de ressources et de ressorts pour rebondir pour peu que le pouvoir abandonne ses prétentions illégitimes à la pérennité et engage le dialogue pour remettre notre pays sur les rails. Un dialogue rassembleur susceptible, en même temps, de renforcer le front intérieur pour soutenir les efforts louables de l'ANP dans sa mission permanente de sauvegarde de l'indépendance nationale et la défense de la souveraineté nationale, de la défense de l'unité et de l'intégrité territoriale de notre pays », conclut Ali Benflis.
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